Homélies de la semaine sainte - Année C (2012-2013)

2 avril 2013

Homélies du jeudi saint, du vendredi saint, de la vigile pascale et dimanche de la Résurrection :

Les jours Saints sont riches en liturgie.
Nous vous proposons les homélies du Triduum Pascal réunies, pour ceux et celles qui veulent méditer à nouveau cette belle montée vers Pâques.
Triduum Pascal où le Christ nous donne tout, du soir de la Cène où Il donne son corps en nourriture pour nos âmes, au vendredi où il donne sa vie pour sauver la nôtre, et jusqu’au jour de Pâques où Il ressuscite d’entre les morts nous donnant la vie éternelle.

Cliquez pour écouter les homélies :

Écouter l’homélie

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Écouter l’homélie

Écouter l’homélie

Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas votre cœur.

Frères et sœurs bien-aimés,

Permettez-moi de commencer par une question : « Est-ce à l’homme de chercher Dieu – je vais y répondre moi-même - où n’est-ce pas finalement plutôt à Dieu de chercher l’homme ? Ainsi, en Le trouvant, l’Homme adhère de ton son cœur et de toute son intelligence à Celui qui se révèle à lui. »

La recherche si maladroite de l’Homme

Pour cela, permettez moi de méditer un instant sur notre évangile :

Marie-Madeleine, Jeanne et Marie mère de Jacques semblent poser comme deux actes justes et, si l’on peut dire, un troisième acte qui sera erroné, mauvais.

Un premier élan juste

D’une part, les femmes entrent. Elles voient la pierre roulée sur le côté du tombeau et d’une autre part, elles trouvent le tombeau vide. Ces deux constats nécessaires, comme deux éléments indispensables au témoignage qu’elles porteront par la suite aux disciples. Là, si l’on peut dire, elles sont dans la vérité. Cela aurait dû suffire car Jésus avait annoncé Sa Passion presque quinze chapitres avant, dans l’Évangile de Saint Luc :

Le Fils de l’homme, dit-il, doit souffrir beaucoup, être rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, être tué et, le troisième jour, ressusciter. (Luc 9, 22)

Finalement, il aurait suffi de constater les faits. D’autant plus qu’elles les trouvaient tel que cela avait été annoncé. Il aurait suffit d’en rester là et de croire. Jésus n’en demandait pas plus. Cela était assez pour témoigner et pour commencer à croire, croire que c’était vrai.

Puis, nous tombons dans l’erreur

Et, « là où cela se gâte », c’est quand les femmes se mettent à chercher. Là, elles empruntent un mauvais chemin. Le jour de la Résurrection, elles se mettent à chercher un cadavre, ce qui obligera finalement l’ange à les remettre à leur place :

Pourquoi cherchez vous le Vivant parmi les morts ?

Pauvre Jésus, elles n’y comprennent rien. Rassurez vous, les disciples ne feront pas tellement mieux. Simon-Pierre, dans Saint Jean, croit même que quelqu’un a volé le corps de son Seigneur. Et Marie-Madeleine, pire encore, alors qu’elle se retrouve en face de ce corps glorieux, vivant, veut s’en saisir. Là, elle est remise à sa place encore fois :

Cesse de me tenir, il faut que je retourne vers le Père.

Il semble que leurs recherches ne les conduisent pas à la Résurrection mais, bien plus à une crainte et à des idées fausses sur Jésus. Au même titre que ceux qui, en armes, vont rechercher Jésus en armes au Mont des Oliviers, pour se saisir de Lui et Le condamner.

Cherchons plutôt Jésus comme la Vierge Marie l’a fait

En somme, une seule personne a compris la juste manière de trouver le Christ. Une seule est rentrée dans la juste relation avec Dieu parce qu’Elle y a été éduquée. C’est la Vierge Marie. Avec Joseph, eux ont cherché Jésus dans la crainte, lors de la fête de la Pâques à Jérusalem.

Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ?
Vois ! ton père et moi, nous te cherchons, angoissés.

Et là, ce n’est pas l’ange mais Jésus Lui-même qui recadre son père et sa mère – chose que les enfants ne doivent pas imiter :

Pourquoi donc me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? (Luc 2, 41)

Je me demande si, finalement, la vocation de l’homme et de la femme n’est pas moins de trouver Dieu que de se laisser trouver par Lui. Car, une chose est sûre et certaine, c’est que la vocation de Dieu est de les chercher, de les chercher inlassablement, pour se pencher sur eux et se révéler à eux.

Quelle est notre propre manière de chercher Dieu ?

Quand il se met à chercher Dieu, l’homme, commet souvent des erreurs. Il parviendra, d’une manière ou d’une autre, à établir un culte, une religion, pour se relier avec Celui qu’il n’a pas réussi à trouver. Comme finalement pour raccourcir le chemin qu’il trouve trop long pour l’accueillir. Son intelligence et son orgueil lui feront répondre à sa quête de transcendance, en fabriquant un veau d’or. Et quand, par chance, il se trouve en face même de Celui qu’il cherche, c’est pour Le saisir, se saisir de Lui pour Le livrer et Le faire mourir.

Et s’il parait impossible de faire taire cette recherche, l’Homme parviendra, par tous les moyens techniques à sa portée, à se libérer de cette douleur de ne pas trouver Celui que son cœur désire. Tout sera bon pour l’Homme pour pallier à ce manque, à cette angoisse. L’Homme parviendra même aux pires horreurs de ce XXe siècle, siècle de modernité et industrialisé. Il entrera même dans le XXIe siècle dans les plus grandes des aberrations…

Non, il ne semble pas du rôle de l’Homme de chercher Dieu. Il semble que c’est plutôt le rôle de Dieu que de chercher l’homme. En tous les cas, cela paraît plus sage. L’Homme doit se laisser trouver.

Pourquoi Dieu cherche t-il l’Homme ?

Une recherche qui a commencé depuis la nuit des temps

Dès la Genèse, c’est Dieu Lui-même qui se met en quête de chercher l’Homme, lui qui est caché derrière la nudité de son péché. C’est Dieu qui cherche Abraham de derrière son troupeau. C’est Dieu qui cherche Moïse et l’attire vers le buisson. C’est Dieu qui cherche Israël pour « la séduire, l’emmener au désert pour se la fiancer à nouveau ». Dieu, cherche de tout Son cœur la misère de son peuple meurtri sous le fouet des chefs de corvée en Égypte. Dieu cherche sa brebis perdue, Dieu cherche sa drachme perdue, Dieu cherche son fils perdu…

Même si une mère pouvait oublier son enfant, moi, je te chercherais inlassablement.

Dieu cherche l’Homme pour se révéler à lui. Pour que l’Homme, ayant enfin trouvé son Dieu, puisse croire en Lui. Jésus cherche la samaritaine, et une fois qu’elle est dévoilée, qu’elle a trouvé Jésus et qu’elle est partie l’annoncer au village même dont elle se cachait, Il peut lui révéler :

L’heure vient - et c’est maintenant - où les véritables adorateurs adoreront le Père dans l’esprit et la vérité. Car tels sont les adorateurs que cherche le Père. (Jean 4, 23)

Qui sont-il ces vrais adorateurs que cherche Dieu ? Et bien, c’est l’homme nouveau, l’homme qui se laisse trouver. C’est l’homme renouvelé qui a l’humilité de reconnaître Celui qui le cherche au plus profond de Son cœur, au plus profond de Ses entrailles, dans le pardon et l’amour. Celui devant qui tout genou fléchira, comme un geste d’allégeance :

Mon Seigneur et mon Dieu.

C’est finalement le mystère d’une rencontre, lieu de notre Foi.

C’est la rencontre de Jean le Baptiste en Galilée : « Voici l’agneau de Dieu ».

C’est la rencontre d’André et de Simon-Pierre : « Nous avons trouvé le Messie ! »

C’est la rencontre du paralytique ou de la Syrophénicienne. C’est la rencontre du bon larron ou du centurion : « Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu ».

La Passion de Jésus - Sa mort et Sa Résurrection -ne peut répondre à la recherche de l’homme. Car La Croix est folie pour les puissants ; Elle est scandale pour les sages de ce monde. Nous n’avions rien mérité, nous n’avons rien gagné.

Dieu nous cherche pour nous offrir le bien le plus précieux qui soit

Notre seule grandeur, c’est d’être les bénéficiaires de la bonté de Dieu qui se penche sur notre misère. Notre seule dignité, c’est que notre difficulté à trouver la vie heureuse bouleverse le cœur de Dieu jusqu’au point où Il prend la peine de se pencher sur nous.

Notre plus grande joie c’est que Dieu se soit fait chair en habitant notre corps, pour s’offrir avec notre corps de misère sur le bois de La Croix. Car, si un homme devait réellement souffrir sur cette terre, jusqu’à la mort totale, il fallait que ce soit Le Fils, Le Fils Unique de Dieu.

Notre foi, et notre plus grand bonheur, c’est que, baptisés en Jésus-Christ, nous avons été mis au tombeau avec Lui, pour ressusciter d’entre les morts avec Lui. L’homme ancien est fixé à La Croix avec lui, pour que notre être de péché soit réduit à l’impuissance. L’homme nouveau est en communion avec lui dans sa résurrection, vivant pour Dieu.

Il n’y a rien a chercher, il y a juste à avoir l’audace et la force de se laisser trouver par Dieu pour obtenir gratuitement, mais d’une cœur sincère, la vie éternelle et la filiation divine.

Aujourd’hui, si vous entendez Sa voix, n’endurcissez pas votre cœur - car vous avez enfin trouvé Celui que votre cœur aime, et Il serait folie d’y renoncer.