Homélie du 4e dimanche de Pâques

27 avril 2013

« Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent.
Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main. »

Écouter l’homélie

Texte de l’homélie :

Bucolique… peut nous sembler l’image que Jésus prend pour nous parler de Lui :

« Je suis le bon pasteur. »

Et peut-être que nous ne sommes pas très bien placés aujourd’hui – alors que nous sommes dans une civilisation de ville et que la plupart des brebis sont élevées dans des grands hangars et ne bougent pas beaucoup - pour comprendre cette relation que Jésus est en train de tisser et dont Il est en train de parler pour nous dire qui Il est, et là où Il nous appelle ; et donc, qui nous sommes aussi.

Ne nous y trompons pas : l’image du Bon Pasteur cache une idée très forte

Cela peut nous paraître comme une habitude d’entendre ça : oui, c’est une image de Jésus, Le Bon Pasteur, c’est gentil… Mais en fait, dans ce que Jésus est en train de dire, l’heure est très grave. Sans pour autant que ses propos paraissent scandaleux, à la fin du passage, les gens ramassent des pierres pour les jeter et le lapider. Il a donc dit quelque chose d’incroyable, quelque chose d’inacceptable, quelque part.

Et d’ailleurs, ce n’est pas Lui qui s’est mis à dire cela de Lui-même, mais Il a répondu parce que les gens piaffaient d’impatience devant les gestes que Jésus posait avant la prédication et la présence qu’Il avait auprès d’eux. Ils lui demandaient alors : « Enfin, dis-le nous ! es-tu le Messie, oui ou non ? ».

Et Jésus répond avec cette image, mais Il répond en fait très clairement. En premier, Le Pasteur, comme le disent les psaumes, particulièrement celui du jour :

« Nous sommes son peuple, le troupeau qu’Il conduit. »

Et maintes fois dans la Bible, ceux qui sont les pasteurs sont ceux qui sont appelés par vocation à guider le peuple : le roi, les prêtres, etc… Mais, c’est avant tout le Seigneur. Et les expressions ici sont très fortes aussi :

« Je leur donne la Vie Éternelle, jamais elles en périront, et nul ne les arrachera de ma main. »

Et dans les expressions de l’Ancien Testament, cela revient très fort, et c’est Dieu qui dit cela, avec un syllogisme : « Nul ne les arrachera de ma main, et nul ne peut rien arracher de la main du Père. ». Et comme pour signer, Jésus dit :

« Le Père et moi nous sommes un. »

C’est donc le Seigneur qui vient nous visiter. Le Créateur du Ciel et de la Terre, Celui qui nous a faits, Celui qui nous conduit, qui nous appelle. Et ce Bon Pasteur est justement donné dans la personne de Jésus, pour nous mener, comme il est dit : « l’Agneau sera leur pasteur pour les conduire vers les eaux de la source de la vie. »

Mais, quelle est cette vie que le Seigneur vient nous donner ?

C’est cette grande promesse forgée dans l’histoire du peuple d’Israël, la Terre Promise. Cette vie dans l’abondance qui nous est promise et à laquelle nous aspirons et laquelle nous partageons sous deux modes : le premier mode, avec l’accueil du Seigneur dans la Foi, où déjà nous vivons de la Résurrection, et le deuxième mode pour la Vie Eternelle, dans le sens de notre vie après ce « stage » que nous faisons sur la Terre avec le Seigneur pour partager ce bonheur avec Lui en plénitude.

C’est notre ferme espérance. C’est l’espérance que nous avons : Son amour se répand dans nos cœurs, jusqu’au plus profond de notre être, par l’Esprit-Saint, comme le dit Saint Paul. Jésus nous manifeste cet amour, mais nous sommes appelés à reconnaître Sa parole.

Revisitons l’image du Bon Pasteur à la manière dont Jésus l’évoque

Voyez, nous sommes habitués à cette image des brebis : nous sommes dans des gras pâturages et il y a presque toujours de l’herbe, donc c’est facile, et, de nos jours, on élève plutôt les brebis pour la viande.

Or, il n’en est pas de même dans la comparaison que Jésus prend : en Israël, ce n’est pas pour la viande que l’on fait les brebis, mais pour la laine, pour le lait. Et ainsi, le pasteur passe sa vie avec la brebis. Et il n’y a pas de gras pâturage. Il faut avancer, il faut toujours bouger, et c’est de ce fait que le berger connaît ses brebis, il connaît le caractère de chacune. Il les appelle par leur nom, elles connaissent sa voix et, rassurées, elles obéissent, elles avancent, et il les mène.

C’est cette certitude, c’est cet amour auquel le Seigneur nous invite. Ecoutez, écoutez la voix du Seigneur. C’est notre quotidien. Et justement, notre espérance se nourrit de cette promesse du Seigneur. Mais cela est exigeant. Cela nous demande une exigence forte pour dépasser la superficialité, pour nous donner courage, et nous faire espérer dans le chemin de la vie dans l’avenir, ouvrir des voies.

Le Seigneur nous ouvre des voies et, avec Son amour, avec cette promesse qu’Il nous fait des sources de la vie, nous sommes nous aussi appelés à ouvrir des voies, des voies nouvelles pour chaque homme, dans les profondeurs du cœur, dans la totalité de ce que nous sommes.

Suivre le Bon Pasteur avec Foi

Dans le discours de ce dimanche, Benoît XVI nous invite à nous enraciner - en cette année de la Foi – en cette foi, en cette espérance, en cet appui sur le Seigneur. Voilà ce qu’il dit ensuite :

« Comme il advint dans le cours de son existence terrestre, aujourd’hui encore, Jésus ressuscité marche au long des routes de notre vie et nous voit plongés dans nos activités, dans nos désirs, dans nos besoins. C’est justement dans le quotidien qu’Il nous adresse Sa parole.
Il nous appelle à réaliser avec Lui notre vie, Lui, le seul qui soit capable d’étancher cette soif de vie, cette soif d’espérance. Vivant dans la communauté des disciples - qui est l’Église – Il appelle à le suivre, et cet appel nous rejoint. »

Il dit encore : « Viens, suis-moi » ; et nous avons à apprendre à écouter Sa parole, à Le suivre, pour vivre dans ce quotidien avec le Seigneur. Que nous n’ayons pas de repos avant que le Seigneur soit dans notre quotidien. Qu’Il soit notre lumière.

Connaître la voix du Bon Pasteur

L’écoute du Seigneur, ce n’est pas simplement une activité de temps en temps, dans nos temps de prière. Bien sur, nous prenons des temps de lecture de l’écriture, pour que notre vie soit illuminée à chaque instant, soit nourrie par cette source qu’est le Seigneur. Benoît XVI dit encore :

« Le suivre signifie immerger sa propre volonté dans la volonté de Jésus. Lui donner la priorité, Lui donner la première place dans tout ce qui fait partie de notre vie : la première place dans la famille, la première place dans le travail, la première place dans les intérêts personnels, la première place en soi-même, pour que nous vivions comme Lui, Jésus, vit dans cette communion avec le Père, enraciné dans cet amour.
Et, cette communion de vie avec Jésus, ce lieu privilégié de cette vie où nous faisons cette expérience, rend notre vie libre et remplie. »

C’est pourquoi le Seigneur nous appelle tous à cette vie avec Lui. C’est pourquoi aussi le Seigneur aime appeler des hommes et des femmes dans la vie religieuse et dans le sacerdoce pour accompagner, pour rentrer dans ce projet de Jésus, pour être au service de cette vie pleine et libre, pour aider les uns et les autres à avancer dans ce chemin. Car, nous le savons bien, nous l’entendons bien, dans le livre de l’Apocalypse qui retrace les conditions de notre histoire, avec ses grandes luttes, nous le voyons bien dans notre société aujourd’hui, ces luttes qui dépassent les hommes et qui s’opèrent entre le bien et le mal, entre le Seigneur et les forces du mal. C’est un combat spirituel avant tout.

Et ici dans le livre, c’est qualifié de la « grande épreuve ». Et nous avons besoin de veilleurs, de vigilants, de pasteurs, d’hommes qui vont être pris complètement par ce désir d’emmener dans les sources vives pour accompagner pour aller relever et rechercher les brebis perdues, témoins de la miséricorde.

Car ce chemin n’est pas facile, il est exigeant. Bien sur, il nous appelle à nous dépasser, mais pour vivre pleinement et pour être ces hommes et ces femmes de la miséricorde et qui vont accompagne chacun.

Demandons au Seigneur de nous laisser ré-interroger :

  • Comment écoutons-nous la voix du Seigneur ?
  • Comment nous laissons-nous connaître par le Seigneur ?
  • Comment apprenons-nous à le connaître ?
  • Comment Le suivons-nous ? Comment mettons-nous nos pas dans Ses pas ? »

Osons-nous avancer avec la folie de cette espérance ? Oui, je le crois, Il m’invite à une vie libre et pleine. Et Il nous invite tous, mais de aussi manière spéciale certains, à servir le peuple, pour que nous puissions, pour que tous puissent boire à la source de la vie, et encore une fois, vivre cette vie libre et pleine.

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre des Actes des Apôtres 13,14.43-52.
  • Psaume 100(99),1-2.3.5.
  • Livre de l’Apocalypse 7,9.14b-17.
  • Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 10,27-30 :

En ce temps-là, Jésus déclara :
« Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent.
Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main.
Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut les arracher de la main du Père.

Le Père et moi, nous sommes UN. »