Homélie du 7e dimanche de Pâques

15 mai 2013

Homélie du septième dimanche de Pâques - Année C

Écouter l’homélie de Père Stéphane-Marie :

Écouter l’homélie

Texte de l’homélie :

« L’Esprit et l’Épouse disent « Viens ! »

L’Esprit et l’Église : c’est l’appel du Seigneur. Et comme si nous n’avions pas bien compris, Jean rajoute pour nous, maintenant :

« Celui qui entend, qu’il dise : « Viens ! » »

Et ensuite, il développe en insistant sur ce désir de la présence du Seigneur, ce désir de la vie avec le Seigneur qui doit augmenter en nous. Dans cette semaine, dans cette neuvaine plus exactement – de l’Ascension jusqu’à la Pentecôte - c’est vraiment notre prière, notre prière instante : que nous en restions pas en dehors du Cénacle !

L’Ascension doit nous laisser dans la joie !

Que nous ne restions pas en dehors de la prière de Marie qui nous regroupe, et qui nous fait rentrer dans l’intelligence, dans la douceur, dans la force de cette présence nouvelle de Jésus que nous avons contemplée le jour de l’Ascension, puisque, encore et encore, il faut le dire, cette séparation n’est pas une séparation humaine, une séparation remplie de tristesse, ce n’est pas une absence qui nous est donnée après le Résurrection de Jésus, mais au contraire, cette présence tous les jours, jusqu’à la fin, à chaque instant, pas simplement dans les instants de célébration, dans les instants de prière, dans les instants saints que nous pouvons passer, mais dans le quotidien, tous les jours, chaque minute, chaque seconde.

Le Seigneur est présent d’une manière nouvelle. Bien sur, dans notre expérience spirituelle nous pouvons aussi ressentir cette absence du Seigneur. Mais en même temps nous savons, avec toute notre Foi qu’Il est là, et nous nous appuyons sur Lui.

L’unité est au cœur de la prière de Jésus

Et Jésus insiste très fortement dans sa prière sacerdotale, que les exégètes ont appelé ainsi parce qu’elle ressemble à s’y méprendre à la prière du grand prêtre le jour du Yom Kippour dans sa structure, au moins : dans la première partie, Il prie pour lui-même (Année A), dans le deuxième partie, Il prie pour ses Apôtres ses ministres (Année B), puis il prie pour chacun d’entre nous (dernière partie lue l’Année C).

Et là encore, comme si nous n’avions pas compris, comme si nous voulions rester en dehors du mystère, Il insiste :

« Que tous ils soient uns, comme Toi, Père, Tu es en moi, et moi en Toi. »

Qu’Ils soient un en nous, Eux aussi, pour nous qui avons cru suivant la parole des Apôtres, nous soyons concernés. Nous sommes concernés pour vivre de cette présence du Seigneur. La messe en est un exercice assez étonnant. Et il faut faire attention de ne pas la vivre de manière extérieure : on va à une action liturgique qui se fait, comme si l’on allait à un spectacle, où on essaye de voir si le célébrant célèbre bien, si le chanteur chante bien, si l’ambiance est « sympa » suivant nos critères…

Non. C’est dans notre cœur, c’est dans notre vie qu’il faut laisser rentrer le Christ, et vivre de l’intérieur. Laisser grandir ce désir, et laisser le Seigneur remplir notre vie.

Ici, dans cette prière sacerdotale, le Seigneur vient donner ce qui est le centre de la vie chrétienne, pour Saint Jean : qu’ils soient uns de la même unité que celle du Père et du Fils. On le voit bien ici, dans les synoptiques, c’est Jésus qui nous donne Sa prière, c’est à dire Sa relation à Dieu. Et c’est Lui qui nous fait rentrer à l’intérieur de cette vie. Que notre désir puisse grandir. Que l’appel de notre cœur, comme le relaie encore une fois l’Apocalypse, que nous puissions crier et entendre le Seigneur répondre : « Oui, je suis là, sans tarder, je viens ».

« Amen, viens Seigneur Jésus : Maranatha ! »

C’est ce grand cri de l’Église que la liturgie reprend dans l’acclamation de l’Anamnèse, après la Consécration, là où nous sommes invités à accueillir le mystère propre de Dieu, de « Celui qui vient » à chaque instant à notre rencontre.

Et le Verbe incarné nous le montre bien, Il vient à la rencontre, Il est sorti du Père pour venir nous rencontrer, nous ramener à Lui, pour demeurer avec nous, pour nous relever par Sa présence et Son amour, et que nous puissions demeurer avec Lui, et retourner à Lui.

Cette vie chrétienne, elle est aussi ouverte pour qu’elle soit annoncée ; il n’y a pas de vie chrétienne pour nous, personnellement. Cette vie chrétienne nous est donnée pour être transmise, pour qu’elle soit annoncée, pour qu’elle soit communiquée. Comment ? en vivant, justement, de cet amour du Père pour le Fils.

Puisque, dans le mystère de notre baptême, nous tenons la place du Fils. Dans cet évangile, c’est un peu comme si nous voyions que Jésus nous transmet le témoin de Sa mission pour que nous puissions, nous aussi, révéler, annoncer qui est le Père, et apprendre à faire demeurer cette unité de notre cœur, dans le cœur de ceux que nous rencontrons.

Soyons à notre tour les témoins de la Résurrection

Mais voilà, c’est le drame. Car, si nous rentrons dans ce projet de Jésus, et comme Étienne dans sa très belle profession de Foi qu’il fait en regardant le Ciel, nous pourrons dire que nous voyons la gloire de Dieu, et que nous voyons le Fils debout à la droite du Père – Il n’est plus couché, Il n’est pas mort, mais Il est debout. Malgré cette belle profession de Foi de la Résurrection de Jésus, Lui, le Fils de l’Homme, le Fils de Dieu qui nous est donné, le Monde, pourtant, ne l’a pas connu. Jésus en a fait l’expérience dans Sa Passion, ainsi qu’Étienne, comme premier martyr, comme premier disciple qui donne sa vie pour Jésus. Et ici, Jésus insiste encore :

« Le Monde ne t’a pas connu »

Dans le langage biblique, cela signifie : « Le Monde ne t’a pas aimé ». Comme dit Saint Paul, ils ont bien connu qu’il y a Dieu, mais ils n’ont pas retenu bon, ils ne sont pas rentrés dans cette relation avec le Seigneur. Et c’est cette opposition, c’est cette lutte qui nous a accompagnés pendant toute la lecture de l’Apocalypse – nous arrivons à la fin - mais qui ouvre sur cet appel du Seigneur : faire de nous ces hommes et ces femmes qui appellent le Seigneur.

Mais, Jésus continue : « Mais, je leur fais connaître Ton Nom ». Parce que, s’il y a de l’opposition, la mission du Christ qui révèle le Nom de Dieu, qui révèle l’Amour du Père, le dessein bienveillant du Père qui nous rachète, qui nous choisit, qui nous libère, qui nous fait demeurer avec Lui, qui répand Son Esprit-Saint, ce mystère continue…

Demandons cette grâce, pendant toute cette semaine, avec instance, de pouvoir vivre intérieurement ce mystère pour nous préparer à la Pentecôte.

La Pentecôte, c’est Le jour par excellence qui est souvent réservé dans les diocèses pour célébrer la confirmation des adultes. Mais, que nous nous souvenions que cette Confirmation n’est pas simplement un petit rite « en passant » (on connaît un peu le Baptême, on connaît un peu l’Eucharistie, mais on est souvent démuni pour parler de la Confirmation : il ne s’agit pas de confirmer la grâce de notre Baptême, car c’est le rôle de la profession de Foi que l’on fait chaque dimanche). Il s’agit de l’envoi en mission par l’Esprit-Saint, mais plus encore, c’est pour nous constituer dans l’onction que Jésus a reçue de Son Père, dans cette mission, par Son être, de révéler le Seigneur en vivant profondément cette unité du Père et du Fils qui nous est donnée,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre des Actes des Apôtres 7,55-60.
  • Psaume 97(96),1-2b.6.7c.9.
  • Livre de l’Apocalypse 22,12-14.16-17.20.
  • Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 17,20-26 :

En ce temps-là, les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi : « Père saint, je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi.
Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé.
Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes UN : moi en eux, et toi en moi.
Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé.

Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde.
Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu, et ceux-ci ont reconnu que tu m’as envoyé.
Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux. »