Père Marie-Joseph

14 mars 2006

Venu d’Ourscamp pour assister Père Élie, Père Marie-Joseph a retrouvé l’Argentine où il avait déjà vécu au service des personnes séparées, fidèles à leur sacrement de mariage
Son parcours est une longue quête qui l’a mené de son Canada natal jusqu’à la communauté des SJM et surtout jusqu’à Dieu, Père miséricordieux

Père Marie-Joseph, vous êtes religieux depuis 1975 : qu’est-ce qui vous a fait choisir ce genre de vie ?

A partir du moment où j’ai rencontré Jésus vivant, j’ai voulu vivre pour lui. Et il m’a fait comprendre que, pour moi, ce serait dans cette communauté de frères.

Pouvez-vous nous dire comment vous avez rencontré Jésus ?

Je vous raconte quelques rencontres qui m’ont marqué : je voudrais que ceux qui les lisent aient envie aussi de rencontrer Jésus. En fait, il nous fait signe tous les jours, mais nous ne sommes pas toujours à l’écoute. Un premier signe : pendant les événements de 68, j’ai découvert que des gens mouraient de faim dans le monde ; j’étudiais alors aux Hautes Etudes Commerciales de Montréal, et j’ai pris conscience que ce qu’on m’enseignait, « maximiser les profits », ne pourrait jamais donner un sens à ma vie…

Et vous êtes parti ?

J’ai voulu du concret : j’ai été manutentionnaire dans un atelier d’électrolyse, et ensuite chauffeur de taxi. Cette année-là j’ai rencontré Lanza del Vasto, qui donnait une conférence sur « Contestation et non-violence ». Il montrait qu’il fallait plus de force intérieure pour être non-violent que pour mettre une bombe quelque part, et que c’était Jésus le modèle des non-violents. Et j’ai eu envie de relire l’Evangile et de le mettre en pratique.

En 70, j’ai repris des études d’histoire : je voulais découvrir dans quel sens va le monde. Et il m’est apparu que Jésus seul donne un sens à l’histoire.

Alors je suis reparti, cette fois chez Jesus People en Californie (pour l’anecdote, ça fait 8000 km en stop). C’étaient des jeunes qui avaient connu la drogue, la prostitution, la prison, jusqu’au jour où ils ont rencontré Jésus. Ils étaient Evangélistes et ils annonçaient l’Evangile dans les rues. Ils aimaient beaucoup Jésus et la Bible, avec un amour fraternel entre eux comme j’ai rarement vu…

Plus tard, grâce à un prêtre qui m’a imposé les mains, j’ai fait une expérience spéciale de la présence de Dieu. C’est d’ailleurs cela que le pape souhaite à tous les jeunes : « que chacun de vous fasse l’expérience que Jésus le regarde avec amour ». C’était à la Pentecôte 1972. Puis j’ai voulu entrer chez les moines Cisterciens.

Cela fait beaucoup de changements…

Oui, mais toujours dans la même direction : je savais que Jésus seul allait me satisfaire, mais j’avais surtout besoin d’un père spirituel pour me fixer. Sur le conseil de Jean Vanier, je suis venu en France en octobre 1974, et à l’Arche j’ai rencontré le Père Thomas Philippe. Il m’a fait aimer la Sainte Vierge et m’a fait comprendre le sacrement de réconciliation : il m’a appris à demander pardon à Jésus pour mes manques de confiance, et ça été une des plus grandes grâces de ma vie.

Je veux dire aussi que les enseignements du pape m’ont souvent éclairé, et aussi que certains messages du ciel, comme ceux de Don Gobbi, de Vassula, et le témoignage de la paroisse de Medjugorje, m’ont beaucoup aidé à rester dans la confiance.

Père Marie Joseph, vous avez été en Argentine…

Oui, mes supérieurs m’y ont envoyé de 1997 à 2001. Là-bas, j’ai eu la grâce d’accompagner la famille Solitude-Myriam : ce sont des personnes séparées qui choisissent de rester fidèles à leur mariage.

C’est-à-dire : qui ne se remarient pas ?

Oui, leur fidélité à Jésus, au milieu de leurs problèmes quotidiens, est pour moi un signe très fort de ce que Jésus peut faire quand on le laisse faire. Je veux aussi remercier Dieu pour mes parents, qui se sont aimés pendant 65 ans : c’est un don de Dieu.

En 2006, vous êtes reparti en Argentine ?

Le Père Élie avait besoin d’un second prêtre à Oro Verde, et voilà. Depuis, j’ai commencé un petit groupe de personnes divorcées remariées : c’est une petite formation pour les aider à mettre la prière dans leur famille, et pour que leurs enfants ne soient pas obligés de changer de papa ou de maman tous les 3 ans.

On me dit que vous faites des prières de libération ?

Oui, les gens vont voir les sorciers, les guérisseurs et tous ces gens-là, et après le diable leur colle à la peau. J’ai découvert que Jésus a donné à ses prêtres le pouvoir de bénir et de libérer les personnes du démon. Ce ne sont pas des exorcismes, mais c’est assez semblable : on chasse les « petits » démons, qui sont la majorité… C’est vraiment efficace, et c’est l’occasion d’inviter les gens à dire le chapelet, aller à la messe, et ils sont assez réceptifs, parce qu’ils ont éprouvé comme un échantillon de ce que peut être l’enfer…

Vous êtes prêtre depuis 1983 : qu’est-ce qui vous rend le plus heureux ?

C’est de voir comment Jésus agit à travers moi dans le sacrement du pardon, pour libérer ceux qui reconnaissent leurs péchés, et redonner confiance à ceux qui en ont besoin, tout comme il a fait pour moi.

Aimeriez-vous laisser un message à ceux qui vous liront ?

Jésus est venu vous montrer le chemin du bonheur éternel : appelez-le, vous verrez qu’il répondra… Il suffit de l’appeler par son nom : « Jésus », « Père », ou d’appeler « Marie ».