Homélie du 3e dimanche après l’Epiphanie

27 janvier 2015

Il étendit la main, le toucha et dit : « Je le veux, sois guéri. »

Dimanche 25 janvier 2015 - Forme extraordinaire du rite romain.

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Texte de l’homélie :

Mes bien chers frères,

Les lectures bibliques de ce dimanche, alors que nous sommes encore tout éblouis par la lumière de la Nativité, nous donnent d’approfondir l’essentiel de l’activité du chrétien au cours de ses journées et tout au long de sa vie, à savoir l’exercice concret et répété de la foi et de la charité.

La foi, tout d’abord. C’est le désir d’être guéri, d’être purifié et donc de pouvoir réintégrer la communauté des hommes qui pousse le lépreux à s’approcher avec confiance de Jésus. C’est un premier élément très important de la foi : nous nous approchons de Notre Seigneur parce que nous avons confiance en sa puissance, en sa bonté, en son pardon. Nous savons qu’Il peut nous guérir, qu’il a la puissance de nous purifier, de nous remettre debout et de nous introduire dans la communauté des vivants.

La foi du centurion romain est encore plus explicite. Certes, lui aussi, il fait totalement confiance au Christ mais surtout il reconnaît qui est Jésus. Il affirme que la puissance du Sauveur, celle qui lui donne de pratiquer des miracles, de parler avec autorité et de pardonner les péchés ne vient pas de lui-même, mais de Celui qui l’a envoyé. La petite parabole qu’il emploie montre bien qu’il a conscience que Jésus est envoyé par un autre, qu’il accomplit une mission venue d’En-Haut. Autrement dit, il a foi en la messianité de Jésus, en proclamant que c’est Lui le Sauveur envoyé par Dieu pour sauver son peuple, et en sa filiation divine : le Père éternel n’a pas fait qu’envoyer un libérateur, un grand roi, un chef, un pasteur, un prophète, selon ce qui a été annoncé par les prophètes. Non, Il a envoyé son propre Fils, celui qui partage éternellement sa gloire et qui est Un avec lui. Dieu tout à la fois accomplit et surpasse sa promesse, il réalise ce qui a été annoncé d’une manière à la fois parfaite et au-delà de tout ce que l’homme pouvait bien espérer voire simplement imaginer. Autrement dit, Dieu va au-delà de nos désirs, de nos attentes, de nos besoins. Il accomplit tout cela et Il le porte à une dimension proprement insoupçonnable à notre nature humaine, à notre intelligence laissée à ses propres forces.

Il faut vraiment avoir un cœur de pauvre pour accueillir, et donc pour bénéficier d’une pareille merveille. C’est le cas du centurion. Il a la foi, c’est-à-dire qu’il ne met aucune limite à la puissance de Dieu et à l’œuvre du Christ dans sa propre vie et dans celle de son serviteur qu’il aime. Pour tout ce qui regarde notre salut et notre bonheur, il ne faut compter que sur Dieu seul. Tout le reste, y compris les biens spirituels parce qu’ils sont créés, ne peuvent que nous décevoir. Seul Dieu mérite l’hommage de notre volonté et de notre intelligence, de notre liberté et de notre amour. Et nous sommes sur terre pour nous consacrer totalement et sans retour à sa gloire, gloire qui est seule capable de contenter les désirs infinis de notre cœur, désir qu’il a lui-même créé en nous par sa grâce et ce dès le premier instant de notre apparition sur cette terre.

La foi, mes bien chers frères, est donc tout à la fois notre trésor, le plus grand Don que Dieu nous ait fait, et notre mission : nous avons à accueillir sans cesse Celui qui vient au devant de nous pour nous offrir sa présence, sa grâce, sa vie et son pardon. Il nous est alors demandé de reconnaître qui Il est vrai vraiment et surtout de ne point mettre de limites ou d’obstacles à son action divine en nous. En effet il ne sert à rien de l’accueillir dans la communion eucharistique, si nous ne cherchons pas ensuite à être fidèles à toutes ses inspirations et à prendre du temps pour être plus attentifs à sa présence, source de paix et de joie dans nos existences par ailleurs bien agitées et dispersées.

Et c’est justement pour être fidèles à cette présence et pour coopérer à son action en nous que nous devons pratiquer sans nous lasser la charité, cette charité qui ne vient pas de nous mais qui nous est inspirée par le Sauveur lui-même. C’est ainsi que nous pourrons vraiment suivre les consignes de saint Paul. Notre propre sagesse est limitée et bien souvent nous sommes plutôt inspirés par notre désir de n’être point dérangé et de mener une petite vie bien tranquille à l’abri des angoisses et des souffrances. Mais nous avons reçu en nous, depuis le jour de notre baptême et de notre Confirmation, la sagesse même de Dieu qui nous pousse à n’avoir le souci que du bien, quelles qu’en soient les conséquences pour nous ou pour ceux qui nous entourent. C’est encore la foi qui nous fera garder la mesure lorsqu’on manquera de justice à notre égard. Le jugement en effet appartient à Dieu et tout l’évangile nous invite à pratiquer la mesure et la miséricorde, la patience et la bonté. C’est ainsi que nous nous laissons mener par l’esprit même de Notre Seigneur Jésus-Christ sur le difficile mais vivifiant chemin du pardon et de la réconciliation.
Au soir de notre vie, en effet, que restera-t-il de nos vieilles querelles ? Combien futiles nous paraîtront nos luttes et nos combats pour un peu plus de pouvoir, pour la reconnaissance de nos droits, pour quelques biens matériels qui de toute façon ne nous suivront pas dans la tombe et qui au mieux permettront à L’État de combler une part infime de ses colossaux déficits ? En revanche, nous serons heureux de nous êtres montrés miséricordieux à l’école du Christ qui nous a laissés comme seul trésor sur terre sa parole, son exemple et sa grâce, c’est-à-dire la capacité qu’il nous offre, qu’il nous communique, d’agir comme lui.

Alors, en étant des hommes de foi, d’amour et de réconciliation, nous inspirant du modèle de la Très Sainte Vierge Marie, nous serons de ceux dont le Christ pourra dire : Va, qu’il te soit fait selon ta foi !

Ainsi soit-il.


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Références des lectures du jour :

  • Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 12,16-21.
  • Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 8,1-13 :

En ce temps-là, Jésus descendit de la montagne, et de grandes foules le suivirent.
Et voici qu’un lépreux s’approcha, se prosterna devant lui et dit :
— « Seigneur, si vous voulez, vous pouvez me guérir. »
Il étendit la main, le toucha et dit :
— « Je le veux, sois guéri. »
Et à l’instant sa lèpre fut guérie.
Alors Jésus lui dit :
— « Garde-toi d’en parler à personne ; mais va te montrer au prêtre, et offre le don prescrit par Moïse, en attestation pour eux. »

Comme Jésus était entré à Capharnaüm, un centurion l’aborda et lui fit cette prière :
— « Seigneur, mon serviteur est couché dans ma maison, paralysé, et il souffre cruellement. »
Il lui dit :
— « Je vais aller le guérir. »
Le centurion reprit :
— « Seigneur, je ne suis pas digne que vous entriez sous mon toit ; mais dites seulement un mot, et mon serviteur sera guéri.
Car moi qui suis sous des chefs, j’ai des soldats sous mes ordres, et je dis à l’un : » Va « et il va ; et à un autre : » Viens « et il vient ; et à mon serviteur : » Fais ceci « et il le fait. »
Ce qu’entendant, Jésus fut dans l’admiration, et il dit à ceux qui le suivaient : « Je vous le dis en vérité : dans Israël, chez personne je n’ai trouvé une si grande foi.
Or je vous le dis : beaucoup viendront de l’Orient et de l’Occident, et prendront place au festin avec Abraham, Isaac et Jacob, dans le royaume des cieux, tandis que les fils du royaume seront jetés dans les ténèbres extérieures : là seront les pleurs et le grincement de dents. »
Et Jésus dit au centurion :
— « Va, et qu’il te soit fait selon ta foi ! » Et à l’heure même le serviteur se trouva guéri.