Homélie de la solennité de la Nativité de Saint Jean Baptiste

26 juin 2012

Tous ceux qui les apprenaient en étaient frappés et disaient : « Que sera donc cet enfant ? »
En effet, la main du Seigneur était avec lui.

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Texte de l’homélie :

« Que sera donc cet enfant ? »

On comprend la stupéfaction de ceux qui entourent Zacharie et Élizabeth le jour de la naissance et aussi le jour de la circoncision de l’enfant - Saint Jean Baptiste.
Au fond, c’est assez inhabituel de célébrer la naissance d’un saint. Il n’y a que trois cas dans toute la liturgie : Jésus, le jour de Noël, la Vierge Marie et Jean Baptiste. Pour tous les autres, nous fêtons la mort, c’est à dire la naissance au Ciel. Mais là, il s’agit d’un cas particulier. A travers la liturgie, cette solennité – qui prime même sur le dimanche car elle revêt une importance capitale – nous rappelle quelque chose de notre cheminement de Foi.

Tout d’abord, cette affirmation que, dès le sein de notre mère, nous avons été façonnés, comme le rappelle la première lecture. Nous avons été choyés, choisis par le Seigneur. On le sait bien dans la rencontre avec son cousin Jésus au moment de la Visitation, Jean Baptiste a connu une forte expérience spirituelle dès le sein de sa mère. Il a eu cette grâce d’expérimenter l’Esprit-Saint présent dans le cœur de Marie. Et il sera marqué toute sa vie par cette expérience sur laquelle il bâtira son expérience entière. En fait, Jean Baptiste, c’est le précurseur.
Toute sa vie, est définie par le Christ. Et il incarne bien cette parole de Paul aux Galates lorsqu’il dit :

« Ce n’est pas moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi »

Le dernier des prophètes

Frères et sœurs, c’est très important de voir que Jean Baptiste se définit lui-même comme la voix qui crie dans le désert. Il dira :

« Au milieu , il y a quelqu’un que vous ne connaissez pas »
Préparez le chemin du Seigneur. Rendez droits ses sentiers.
Tout ravin sera comblé, toute montagne ou colline sera abaissée,
les passages tortueux deviendront droits, et les chemins raboteux seront nivelés,
toute chair verra le salut de Dieu »

C’est pour cela aussi que Saint Jean Baptiste est le patron des maîtres des novices : il n’a pas vocation d’attirer à lui même, même si de son temps, il y a de nombreux disciples qui viennent le suivre, et les foules viennent en masse pour se faire baptiser. Un baptême qui est de repentance, pour le pardon des péchés, et non pas un baptême dans l’Esprit comme le donnera le Seigneur lui-même.

Il viennent nombreux attirés par cette figure prophétique : ce dernier des prophètes est comme la charnière entre l’ancien et le nouveau testament. Pour le devenir, il a fait cette expérience spirituelle de connaître le Messie, ce qu’aucun des autres prophètes n’a vécu. En même temps, il a cette humilité de référer tout de suite à l’Agneau de Dieu :

« Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde »

Et les premiers disciples du Seigneur ont été ses disciple à lui, qui l’ont quitté pour suivre le Christ. Au fond, c’est le modèle de tout chrétien qui n’est pas appelé à attirer pour soi-même, mais qui renvoie directement au Christ.

Il est la voix

Dans un très beau sermon, Saint Augustin médite sur la question de la voix ? quelle est la différence entre la voix et la parole. L’une pré-existe avant l’autre : si je parle, c’est que j’ai déjà façonné ce que je voulais dire. Saint Augustin dira donc :

« La Parole, c’est le Christ ; la voix, c’est Jean Baptiste »
Saint Augustin.

La Parole pré-existe avant la voix, mais une fois qu’elle a été dite, la voix n’a plus de raison d’être : la parole demeure dans le cœur des auditeurs. C’est très beau de voir que la voix de Jean Baptiste, cette voix qui crie dans le désert, nous rappelle l’importance de nous attacher au Christ seul. Le Seigneur lui-même nous fait comprendre la beauté de la mission de Jean Baptiste lorsqu’Il s’adresse à ses disciples alors qu’il est en prison :

Qu’êtes-vous allés voir au désert ? un roseau agité par le vent ?
Qui êtes-vous allés voir ? un homme aux vêtements somptueux ? ceux qui portent des habits somptueux se tiennent dans les demeures des rois…
Mais qu’êtes-vous donc allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et plus qu’un prophète : celui dont il est écrit : ‘voici que j’envoie mon messager.’
Parmi les fils de la femme, il ne s’en est levé de plus grand que Jean le baptiste. »

C’est dire aussi que Jésus lui-même se fait l’écho de cette grandeur de Jean Baptiste. Au fond, la liturgie incarne cette parole du Seigneur. Nous sommes donc invités à contempler la vie de Jean Baptiste comme celui qui est d’une humilité parfaite :

« Il faut qu’Il grandisse et que moi, je diminue »

Avec lui, cheminer dans l’humilité

Le cheminement de Jean Baptiste n’est pas simple ! et lui-même a douté et c’est pour cela que nous nous sentons proches de lui. Alors qu’il était en prison, il a envoyé ses disciples parler à Jésus :

« Es-tu Celui qui doit venir ou doit-on en attendre un autre ? »

C’est cette question que nous nous posons tous : est-ce que c’est vraiment toi Jésus, le Messie ? Et Jésus lui a répondu :

« Les aveugles voient, les boiteux marchent, les sourd entendent, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. »

Oui, Jean Baptiste suit un cheminement de Foi exemplaire pour chacun d’entre nous. Nous devons demander cette grâce et le prier en ce jour alors qu’il y a de grandes grâces accordées en ce temps de solennité dans l’Église. Demandons cette grâce de la Foi.

Alors que le Saint Père début octobre va inaugurer une année de la Foi, nous sommes tous invités à mettre nos pas dans les pas de Jean Baptiste, par ce que, nous avons tous cette invitation à suivre le Seigneur, à le laisser grandir en nous, et que notre propre ego diminue – ce qui n’est pas si simple : nous aimons bien être la Parole, et pas seulement la voix, tenir une place importante au milieu des hommes et pas seulement un doigt qui indique le Messie. Il y a un combat spirituel pour entrer dans l’humilité. C’est ce combat Jean Baptiste a mené et gagné par la grâce de Dieu.

Frères et sœurs, demandons aujourd’hui de rentrer dans cette humilité. Demandons aujourd’hui à Jean Baptiste qu’il vienne, par sa prière, intercéder pour nous, pour que notre Foi soit plus vive. Qui d’entre nous ne connaît pas de doutes par rapport à la présence de Dieu et à la mission de Jésus lui-même ? Qu’il nous montre à nous aussi le chemin. Oui, laissons-nous conduire par Jean Baptiste pour inviter les hommes et les femmes de notre temps à reconnaître dans le Christ, le Dieu qui nous appelle des ténèbres à son admirable lumière,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre d’Isaïe 49,1-6.
  • Psaume 139(138),1-3.13-14ab.14c-15.
  • Livre des Actes des Apôtres 13,22-26.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 1,57-66.80 :

Quand arriva le moment où Élisabeth devait enfanter, elle mit au monde un fils. Ses voisins et sa famille apprirent que le Seigneur lui avait prodigué sa miséricorde, et ils se réjouissaient avec elle.

Le huitième jour, ils vinrent pour la circoncision de l’enfant. Ils voulaient le nommer Zacharie comme son père. Mais sa mère déclara :
— « Non, il s’appellera Jean. »
On lui répondit :
— « Personne dans ta famille ne porte ce nom-là ! »
On demandait par signes au père comment il voulait l’appeler. Il se fit donner une tablette sur laquelle il écrivit :
— « Son nom est Jean. », et tout le monde en fut étonné.
À l’instant même, sa bouche s’ouvrit, sa langue se délia : il parlait et il bénissait Dieu. La crainte saisit alors les gens du voisinage, et dans toute la montagne de Judée on racontait tous ces événements.
Tous ceux qui les apprenaient en étaient frappés et disaient : « Que sera donc cet enfant ? »
En effet, la main du Seigneur était avec lui.

L’enfant grandit et son esprit se fortifiait. Il alla vivre au désert jusqu’au jour où il devait être manifesté à Israël.