Homélie du dimanche des Rameaux et de la Passion

15 avril 2014

À la vue du tremblement de terre et de tous ces événements, le centurion et ceux qui, avec lui, gardaient Jésus, furent saisis d’une grande crainte et dirent : « Vraiment, celui-ci était le Fils de Dieu ! »

(Veuillez noter que les 40 premières secondes sont très peu audibles.)

Écouter l’homélie

Texte de l’homélie :

Frères et sœurs bien-aimés,

Tout à l’heure, au cœur de la proclamation de l’Évangile, vous avez fait un beau geste : vous avez plié le genou.
Mais, que signifie ce geste ? Est-ce seulement une marque de respect ? Quel contenu mettez-vous dans ce geste ?

Ce geste de plier les genou, Saint Paul en parle explicitement dans la deuxième lecture, la lettre aux Philippiens :

« Dieu l’a élevé au-dessus de tout ; Il Lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms, afin qu’au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l’abîme, tout être vivant tombe à genoux, et que toute langue proclame :"Jésus Christ est le Seigneur", pour la gloire de Dieu le Père ! »

Que tout être vivant tombe à genou !

En lisant ce récit de la Passion que nous offre Saint Matthieu, nous voyons monter une formidable tension entre Jésus, d’une part, et les autres personnages qui jalonnent le récit.
Saint Matthieu ne nous parle pas, par exemple, de la présence réconfortante de Marie au pied de la Croix.

  • D’un côté, nous voyons Jésus avec une certaine majesté : Il suit son chemin en affirmant avec douceur qu’Il est bien le Messie, le Fils de Dieu. Jésus est déterminé à accomplir la volonté de son Père même s’Il ne trouve plus le réconfort de sa présence, dans sa sensibilité.
  • D’un autre côté, nous voyons les autres personnages :
    • Judas qui livre Jésus,
    • Pierre qui Le renie,
    • Les apôtres qui l’abandonnent quand cela devient trop dur
    • Nous voyons aussi les foules qui l’ont acclamé le jour des rameaux mais qui, à ce moment-là, se laissant emporter par l’opinion publique du moment, semblent incapables d’une vraie réflexion rationnelle.
      Pourtant, Jésus essaye de les faire réfléchir :

      « Suis-je donc un bandit, pour que vous soyez venus m’arrêter avec des épées et des bâtons ? »

      Et même quand Pilate demande quel mal Il a fait, ils ne veulent rien savoir : « Qu’on le crucifie ! »

    • Nous voyons aussi les grands-prêtres dont l’objectif est de faire mourir Jésus, Pilate qui se lave les mains.
    • Nous voyons les soldats qui se déchaînent avec une grande violence sur Jésus, une violence gratuite…
      Derrière l’attitude de ces différents personnages, nous pouvons hélas reconnaître notre attitude à tel ou tel moment de notre vie.

Par notre attitude, nous sommes tous d’une façon ou d’une autre derrière chacun ces personnages :

  • Abandonner Jésus quand cela devient trop dur,
  • Ne pas se compromettre ou ne pas se créer des ennuis (se laver les mains)
  • Suivre l’opinion publique sans dite ce que nous pensons être vrai…

Une tension qui monte à travers le récit

Un peu comme avant un orage, on sent le moment où cela va « claquer. » Cette tension monte entre cet amour dont Jésus fait preuve, et ce manque de confiance de l’homme lorsqu’il se fait prendre dans l’engrenage du mal, jusqu’au moment inexorable :

« Jésus, poussant un grand cri, rendit l’esprit. »

Plus le contraste est grand, plus l’éclair sera puissant. C’est comme un éclair qui déchire le ciel. Les puissances du mal donnent l’impression d’avoir eu le dessus. Mais en réalité, c’est le contraire qui s’est passé car le péché et la mort ont alors signé leur défaite.

Nous avons donc fait ce geste pendant l’évangile. Dans ce contexte, frères et sœurs bien-aimés, vous comprenez bien que « plier le genou » est bien plus qu’une marque de respect pour Jésus qui est grand, qui est Le Fils de Dieu et nous a aimés jusqu’au bout. C’est bien une capitulation de notre raison humaine devant la sagesse de Dieu.

Devant le mal, l’injustice, devant la souffrance des innocents, n’y a-t-il pas un sentiment de colère, de révolte qui monte en nous ?
Pourtant, plier le genou est le signe extérieur de cette acceptation intérieure que l’on voit chez Marie, par exemple, lorsque Jésus est perdu et retrouvé au Temple au milieu des docteurs de la Loi (Lc 2, 50) : Elle n’a pas compris, mais Elle ne s’est pas révoltée.

Pour reprendre les mots de Saint Paul dans la première Épître aux Corinthiens :

« Le langage de la croix est folie pour ceux qui vont à leur perte, mais pour ceux qui vont vers leur salut, pour nous, il est puissance de Dieu. (…)
Nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les nations païennes. Mais pour ceux que Dieu appelle, qu’ils soient Juifs ou Grecs, ce Messie, ce Christ, est puissance de Dieu et sagesse de Dieu.
Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes. » (1Co, 18 ; 23-25)

Plier le genou autrement…

Plier le genou, c’est accepter humblement d’accueillir cette folie de l’amour Dieu, scandale pour les Juifs, folie pour les nations païennes.

Plier le genou, c’est dire à Jésus : « je te fais confiance… même si je ne comprends pas. »

Dans certaines circonstances, cela peut être héroïque. Dans sa Passion, Jésus n’est pas venu nous donner une explication rationnelle. Ce que nous faisons cette semaine, c’est de Le regarder, de Le contempler, d’abord. Il nous donne un exemple, Lui qui est allé jusqu’au bout dans ce chemin de confiance à l’égard de Son Père et c’est ce qui L’a conduit au delà de la Croix, au matin de Pâques.

Ainsi, nous pouvons faire nôtre la prière d’ouverture de cette messe qui disait :

« Accorde-nous cette grâce de retenir les enseignements de la Passion et d’avoir part à Sa résurrection. »

Nous pouvons laisser résonner cette parole que nous présente le prophète Isaïe dans la première lecture :

« La Parole me réveille chaque matin, chaque matin elle me réveille pour que j’écoute comme celui qui se laisse instruire.
Le Seigneur Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. »

Et cette semaine, cela peut-être très concret : « la Parole me réveille chaque matin ». Cela peut-être le récit de la Passion de Jésus ; j’ai du mal à comprendre pourquoi Jésus a accepté de mourir, mais je me laisse réveiller par cette parole.
Je me laisse instruire par cette parole de Dieu qui dépasse la raison humaine, qui est folie aux yeux des hommes…

Par Marie, demandons cette grâce de savoir plier le genou, pas simplement comme une marque de respect, mais beaucoup, plus : comme une capitulation de tous nos désirs de révolte, de vengeance devant la souffrance – bien entendu, lorsque nous pouvons les combattre, ne nous en privons pas – et les choses que le Seigneur nous invite à accepter telles qu’elles sont.

Demandons cette grâce de Le suivre dans ce chemin, de nous laisser réveiller et instruire par Sa Parole,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre d’Isaïe 50,4-7.
  • Psaume 22(21),8-9.17-18a.19-20.23-24.
  • Lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens 2,6-11.
  • Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 26,14-75.27,1-66 :

L’un des douze Apôtres de Jésus, nommé Judas Iscariote, alla trouver les chefs des prêtres et leur dit :
— « Que voulez-vous me donner, si je vous le livre ? »
Ils lui proposèrent trente pièces d’argent. Dès lors, Judas cherchait une occasion favorable pour le livrer.

Le premier jour de la fête des pains sans levain, les disciples vinrent dire à Jésus :
— « Où veux-tu que nous fassions les préparatifs de ton repas pascal ? »
Il leur dit :
— « Allez à la ville, chez un tel, et dites-lui : ’Le Maître te fait dire : Mon temps est proche ; c’est chez toi que je veux célébrer la Pâque avec mes disciples. ’ »
Les disciples firent ce que Jésus leur avait prescrit et ils préparèrent la Pâque.
Le soir venu, Jésus se trouvait à table avec les Douze. Pendant le repas, il leur déclara :
— « Amen, je vous le dis : l’un de vous va me livrer. »
Profondément attristés, ils se mirent à lui demander, l’un après l’autre :
— « Serait-ce moi, Seigneur ? »
Il leur répondit :
— « Celui qui vient de se servir en même temps que moi, celui-là va me livrer.
Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet ; mais malheureux l’homme par qui le Fils de l’homme est livré ! Il vaudrait mieux que cet homme-là ne soit pas né ! »
Judas, celui qui le livrait, prit la parole :
— « Rabbi, serait-ce moi ? »
Jésus lui répond :
— « C’est toi qui l’as dit ! »
Pendant le repas, Jésus prit du pain, prononça la bénédiction, le rompit et le donna à ses disciples, en disant :
— « Prenez, mangez : ceci est mon corps. »
Puis, prenant une coupe et rendant grâce, il la leur donna, en disant :
« Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, répandu pour la multitude en rémission des péchés.
Je vous le dis : désormais je ne boirai plus de ce fruit de la vigne, jusqu’au jour où je boirai un vin nouveau avec vous dans le royaume de mon Père. »

Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers. Alors Jésus leur dit :
— « Cette nuit, je serai pour vous tous une occasion de chute ; car il est écrit : Je frapperai le berger, et les brebis du troupeau seront dispersées. Mais après que je serai ressuscité, je vous précéderai en Galilée. »
Pierre lui dit :
— « Si tous viennent à tomber à cause de toi, moi, je ne tomberai jamais. »
Jésus reprit :
— « Amen, je te le dis : cette nuit même, avant que le coq chante, tu m’auras renié trois fois. »
Pierre lui dit :
— « Même si je dois mourir avec toi, je ne te renierai pas. »
Et tous les disciples en dirent autant.
Alors Jésus parvient avec eux à un domaine appelé Gethsémani et leur dit :
— « Restez ici, pendant que je m’en vais là-bas pour prier. »
Il emmena Pierre, ainsi que Jacques et Jean, les deux fils de Zébédée, et il commença à ressentir tristesse et angoisse.
Il leur dit alors :
— « Mon âme est triste à en mourir. Demeurez ici et veillez avec moi. »
Il s’écarta un peu et tomba la face contre terre, en faisant cette prière :
— « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme je veux, mais comme tu veux. »
Puis il revient vers ses disciples et les trouve endormis ; il dit à Pierre :
— « Ainsi, vous n’avez pas eu la force de veiller une heure avec moi ? Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation ; l’esprit est ardent, mais la chair est faible. »
Il retourna prier une deuxième fois :
— « Mon Père, si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite ! »
Revenu près des disciples, il les trouva endormis, car leurs yeux étaient lourds de sommeil. Il les laissa et retourna prier pour la troisième fois, répétant les mêmes paroles.
Alors il revient vers les disciples et leur dit :
— « Désormais, vous pouvez dormir et vous reposer ! La voici toute proche, l’heure où le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs ! Levez-vous ! Allons ! Le voici tout proche, celui qui me livre. »
Jésus parlait encore, lorsque Judas, l’un des Douze, arriva, avec une grande foule armée d’épées et de bâtons, envoyée par les chefs des prêtres et les anciens du peuple.
Le traître leur avait donné un signe :
— « Celui que j’embrasserai, c’est lui : arrêtez-le. »
Aussitôt, s’approchant de Jésus, il lui dit :
— « Salut, Rabbi ! », et il l’embrassa.
Jésus lui dit :
— « Mon ami, fais ta besogne. »
Alors ils s’avancèrent, mirent la main sur Jésus et l’arrêtèrent.

Un de ceux qui étaient avec Jésus, portant la main à son épée, la tira, frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l’oreille.
Jésus lui dit :
— « Rentre ton épée, car tous ceux qui prennent l’épée périront par l’épée.
Crois-tu que je ne puisse pas faire appel à mon Père, qui mettrait aussitôt à ma disposition plus de douze légions d’anges ?
Mais alors, comment s’accompliraient les Écritures ? D’après elles, c’est ainsi que tout doit se passer. »
A ce moment-là, Jésus dit aux foules :
— « Suis-je donc un bandit, pour que vous soyez venus m’arrêter avec des épées et des bâtons ? Chaque jour, j’étais assis dans le Temple où j’enseignais, et vous ne m’avez pas arrêté.
Mais tout cela est arrivé pour que s’accomplissent les écrits des prophètes. »
Alors les disciples l’abandonnèrent tous et s’enfuirent.

Ceux qui avaient arrêté Jésus l’amenèrent devant Caïphe, le grand prêtre, chez qui s’étaient réunis les scribes et les anciens.
Quant à Pierre, il le suivait de loin, jusqu’au palais du grand prêtre ; il entra dans la cour et s’assit avec les serviteurs pour voir comment cela finirait.

Les chefs des prêtres et tout le grand conseil cherchaient un faux témoignage contre Jésus pour le faire condamner à mort. Ils n’en trouvèrent pas ; pourtant beaucoup de faux témoins s’étaient présentés.
Finalement il s’en présenta deux, qui déclarèrent :
« Cet homme a dit : ’Je peux détruire le Temple de Dieu et, en trois jours, le rebâtir. ’ »
Alors le grand prêtre se leva et lui dit :
« Tu ne réponds rien à tous ces témoignages portés contre toi ? »
Mais Jésus gardait le silence. Le grand prêtre lui dit :
« Je t’adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si tu es le Messie, le Fils de Dieu. »
Jésus lui répond :
« C’est toi qui l’as dit ; mais en tout cas, je vous le déclare : désormais vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout-Puissant et venir sur les nuées du ciel. »
Alors le grand prêtre déchira ses vêtements, en disant :
« Il a blasphémé ! Pourquoi nous faut-il encore des témoins ? Vous venez d’entendre le blasphème ! Quel est votre avis ? »
Ils répondirent :
« Il mérite la mort. »
Alors ils lui crachèrent au visage et le rouèrent de coups ; d’autres le giflèrent en disant :
« Fais-nous le prophète, Messie ! qui est-ce qui t’a frappé ? »
Quant à Pierre, il était assis dehors dans la cour. Une servante s’approcha de lui :
« Toi aussi, tu étais avec Jésus le Galiléen ! »
Mais il nia devant tout le monde :
— « Je ne sais pas ce que tu veux dire. »
Comme il se retirait vers le portail, une autre le vit et dit aux gens qui étaient là :
— « Celui-ci était avec Jésus de Nazareth. »
De nouveau, Pierre le nia :
— « Je jure que je ne connais pas cet homme. »
Peu après, ceux qui se tenaient là s’approchèrent de Pierre :
— « Sûrement, toi aussi, tu fais partie de ces gens-là ; d’ailleurs ton accent te trahit. »
Alors, il se mit à protester violemment et à jurer :
— « Je ne connais pas cet homme. »
Aussitôt un coq chanta.
Et Pierre se rappela ce que Jésus lui avait dit :
— « Avant que le coq chante, tu m’auras renié trois fois. »
Il sortit et pleura amèrement.

Le matin venu, tous les chefs des prêtres et les anciens du peuple tinrent conseil contre Jésus pour le faire condamner à mort.
Après l’avoir ligoté, ils l’emmenèrent pour le livrer à Pilate, le gouverneur.
Alors Judas, le traître, fut pris de remords en le voyant condamné ; il rapporta les trente pièces d’argent aux chefs des prêtres et aux anciens.
Il leur dit :
— « J’ai péché en livrant à la mort un innocent. »
Ils répliquèrent :
— « Qu’est-ce que cela nous fait ? Cela te regarde ! »
Jetant alors les pièces d’argent dans le Temple, il se retira et alla se pendre.

Les chefs des prêtres ramassèrent l’argent et se dirent :
— « Il n’est pas permis de le verser dans le trésor, puisque c’est le prix du sang. »
Après avoir tenu conseil, ils achetèrent avec cette somme le Champ-du-Potier pour y enterrer les étrangers. Voilà pourquoi ce champ a été appelé jusqu’à ce jour le Champ-du-Sang.
Alors s’est accomplie la parole transmise par le prophète Jérémie : Ils prirent les trente pièces d’argent, le prix de celui qui fut mis à prix par les enfants d’Israël, et ils les donnèrent pour le champ du potier, comme le Seigneur me l’avait ordonné.

On fit comparaître Jésus devant Pilate, le gouverneur, qui l’interrogea :
— « Es-tu le roi des Juifs ? »
Jésus déclara :
— « C’est toi qui le dis. »
Mais, tandis que les chefs des prêtres et les anciens l’accusaient, il ne répondit rien.
Alors Pilate lui dit :
— « Tu n’entends pas tous les témoignages portés contre toi ? »
Mais Jésus ne lui répondit plus un mot, si bien que le gouverneur était très étonné.
Or, à chaque fête, celui-ci avait coutume de relâcher un prisonnier, celui que la foule demandait. Il y avait alors un prisonnier bien connu, nommé Barabbas.
La foule s’étant donc rassemblée, Pilate leur dit :
— « Qui voulez-vous que je vous relâche : Barabbas ? ou Jésus qu’on appelle le Messie ? »
Il savait en effet que c’était par jalousie qu’on l’avait livré.
Tandis qu’il siégeait au tribunal, sa femme lui fit dire :
— « Ne te mêle pas de l’affaire de ce juste, car aujourd’hui j’ai beaucoup souffert en songe à cause de lui. »
Les chefs des prêtres et les anciens poussèrent les foules à réclamer Barabbas et à faire périr Jésus.
Le gouverneur reprit :
— « Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche ? »
Ils répondirent :
— « Barabbas ! »
Il reprit :
— « Que ferai-je donc de Jésus, celui qu’on appelle le Messie ? »
Ils répondirent tous :
— « Qu’on le crucifie ! »
Il poursuivit :
— « Quel mal a-t-il donc fait ? »
Ils criaient encore plus fort :
— « Qu’on le crucifie ! »
Pilate vit que ses efforts ne servaient à rien, sinon à augmenter le désordre ; alors il prit de l’eau et se lava les mains devant la foule, en disant :
— « Je ne suis pas responsable du sang de cet homme : cela vous regarde ! »
Tout le peuple répondit :
— « Son sang, qu’il soit sur nous et sur nos enfants ! »
Il leur relâcha donc Barabbas ; quant à Jésus, il le fit flageller, et le leur livra pour qu’il soit crucifié.

Alors les soldats du gouverneur emmenèrent Jésus dans le prétoire et rassemblèrent autour de lui toute la garde.
Ils lui enlevèrent ses vêtements et le couvrirent d’un manteau rouge.
Puis, avec des épines, ils tressèrent une couronne, et la posèrent sur sa tête ; ils lui mirent un roseau dans la main droite et, pour se moquer de lui, ils s’agenouillaient en lui disant :
— « Salut, roi des Juifs ! »
Et, crachant sur lui, ils prirent le roseau, et ils le frappaient à la tête.

Quand ils se furent bien moqués de lui, ils lui enlevèrent le manteau, lui remirent ses vêtements, et l’emmenèrent pour le crucifier.
En sortant, ils trouvèrent un nommé Simon, originaire de Cyrène, et ils le réquisitionnèrent pour porter la croix.
Arrivés à l’endroit appelé Golgotha, c’est-à-dire : Lieu-du-Crâne, ou Calvaire, ils donnèrent à boire à Jésus du vin mêlé de fiel ; il en goûta, mais ne voulut pas boire.

Après l’avoir crucifié, ils se partagèrent ses vêtements en tirant au sort ; et ils restaient là, assis, à le garder.
Au-dessus de sa tête on inscrivit le motif de sa condamnation : « Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs. »
En même temps, on crucifie avec lui deux bandits, l’un à droite et l’autre à gauche.

Les passants l’injuriaient en hochant la tête :
— Toi qui détruis le Temple et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, si tu es Fils de Dieu, et descends de la croix ! »
De même, les chefs des prêtres se moquaient de lui avec les scribes et les anciens, en disant :
— « Il en a sauvé d’autres, et il ne peut pas se sauver lui-même ! C’est le roi d’Israël : qu’il descende maintenant de la croix et nous croirons en lui ! Il a mis sa confiance en Dieu ; que Dieu le délivre maintenant s’il l’aime ! Car il a dit : ’Je suis Fils de Dieu. ’ »
Les bandits crucifiés avec lui l’insultaient de la même manière.

A partir de midi, l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à trois heures.
Vers trois heures, Jésus cria d’une voix forte :
— « Éli, Éli, lama sabactani ? », ce qui veut dire : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
Quelques-uns de ceux qui étaient là disaient en l’entendant :
— « Le voilà qui appelle le prophète Élie ! »
Aussitôt l’un d’eux courut prendre une éponge qu’il trempa dans une boisson vinaigrée ; il la mit au bout d’un roseau, et il lui donnait à boire.
Les autres dirent :
— « Attends ! nous verrons bien si Élie va venir le sauver. »
Mais Jésus, poussant de nouveau un grand cri, rendit l’esprit.

Et voici que le rideau du Temple se déchira en deux, du haut en bas ; la terre trembla et les rochers se fendirent.
Les tombeaux s’ouvrirent ; les corps de nombreux saints qui étaient morts ressuscitèrent, et, sortant des tombeaux après la résurrection de Jésus, ils entrèrent dans la ville sainte, et se montrèrent à un grand nombre de gens.
À la vue du tremblement de terre et de tous ces événements, le centurion et ceux qui, avec lui, gardaient Jésus, furent saisis d’une grande crainte et dirent :
— « Vraiment, celui-ci était le Fils de Dieu ! »

Il y avait là plusieurs femmes qui regardaient à distance : elles avaient suivi Jésus depuis la Galilée pour le servir. Parmi elles se trouvaient Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques et de Joseph, et la mère des fils de Zébédée.
Le soir venu, arriva un homme riche, originaire d’Arimathie, qui s’appelait Joseph, et qui était devenu lui aussi disciple de Jésus. Il alla trouver Pilate pour demander le corps de Jésus. Alors Pilate ordonna de le lui remettre.
Prenant le corps, Joseph l’enveloppa dans un linceul neuf, et le déposa dans le tombeau qu’il venait de se faire tailler dans le roc. Puis il roula une grande pierre à l’entrée du tombeau et s’en alla.
Cependant Marie Madeleine et l’autre Marie étaient là, assises en face du tombeau.
Quand la journée des préparatifs de la fête fut achevée, les chefs des prêtres et les pharisiens s’assemblèrent chez Pilate, en disant :
— « Seigneur, nous nous sommes rappelé que cet imposteur a dit, de son vivant : ’Trois jours après, je ressusciterai. ’
Donne donc l’ordre que le tombeau soit étroitement surveillé jusqu’au troisième jour, de peur que ses disciples ne viennent voler le corps et ne disent au peuple : ’Il est ressuscité d’entre les morts. ’ Cette dernière imposture serait pire que la première. »
Pilate leur déclara :
— Je vous donne une garde ; allez, organisez la surveillance comme vous l’entendez. »
Ils partirent donc et assurèrent la surveillance du tombeau en mettant les scellés sur la pierre et en y plaçant la garde.