Homélie du 9e dimanche du Temps Ordinaire

9 mars 2011

« Il ne suffit pas de me dire : ’Seigneur, Seigneur !’, pour entrer dans le Royaume des cieux ; mais il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux. »

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Texte de l’homélie :

« Il ne suffit pas de me dire : ’Seigneur, Seigneur !’, pour entrer dans le Royaume des Cieux. »

Je n’aimerais pas m’entendre dire une fois au Ciel : ’Je ne vous ai jamais connus. Écartez-vous de moi, vous qui faites le mal !’
Pour cela, il nous faut prendre les devants et savoir par où commencer.

La solution que semble donner Jésus finalement, c’est de faire la volonté de son Père qui est aux Cieux. Faire sa volonté parce qu’Il se penche sur nous aussi attentif qu’une mère sur son nouveau-né.
Deux solutions : soit nous sommes un malade qui recherche un médecin, LE médecin, le meilleur. Soit c’est le médecin qui se met à la recherche du malade, soit on se met à badigeonner notre vie de ’Seigneur, Seigneur !’, soit on laisse le Bon Dieu nous appeler ’Homme, homme, mon fils !’

Alors peut-être qu’il nous suffira de prendre la voix des simples, la voix des petits et de répondre ’Oui, oui, j’arrive, je vais là où tu veux, je fais ce que tu veux, je t’écoute et je laisse pénétrer en moi ta parole jusqu’au plus profond de mon quotidien’.

Alors, peut-être, l’homme pourra dire ’Dieu, je le connais,’ et Dieu pourra dire : ’voilà, l’homme existe, je l’ai rencontré.’

La tradition de l’Église affirme que l’homme cherche Dieu par tous les moyens parce qu’il vient de Lui et ne peut faire autre chose que d’y retourner. Notre cœur crie à la suite de Saint Augustin, « Seigneur, merveilleuses sont tes œuvres, Tu nous a fais pour Toi, et mon cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en Toi ! »
Mais il faut avouer que le chemin de celui qui veut demeurer en Dieu n’est pas facile.

Laissons Dieu nous appeler, laissons-nous séduire par Dieu, là Il se fera alors connaître à nous, Il aura tous les privilèges, Il partira à notre recherche parce qu’il sait que nous cherchons la vérité. Et cela nous rendra libre.

« Père, que Ta volonté soit faite ! »

Dieu nous appelle. Il a pris la peine de se pencher sur nous. « Adam, où es-tu ? »….

Le livre du Deutéronome nous décrit cette recherche de Dieu, cette recherche inlassable qui va se traduire par le désir d’alliance entre Dieu et l’homme.

« C’est moi le Seigneur ton Dieu qui t’a fait sortir d’Égypte, de la maison de servitude.
Je suis un Dieu Jaloux, tu n’auras pas d’autre Dieu que moi car je te propose une alliance : je serai ton Dieu, et toi, tu seras mon peuple. »

Dans le livre d’Osée :

« Toi, mon Bien Aimé, je te séduirai, je te conduirai au désert, et là je parlerai à ton cœur. Là, je te rendrai toutes tes espérances.
Alors, si tu me connais, si tu sais que je parle à ton cœur, cesse d’adorer les autres, cesse d’adorer des idoles, Celui que tu cherches à travers toutes ces créatures, Il vient à toi. Voilà qu’Il veut te fiancer à Lui. Tu ne lui dira plus ’mes idoles’, mais tu l’appelleras ’mon ami, mon mari, mon époux’. Tu connaitras enfin Celui que ton cœur aime.
Alors je te fiancerai à moi pour toujours, je te fiancerai dans la justice, dans le droit, dans la tendresse et la miséricorde. Je te fiancerai dans la fidélité, et tu connaitras le Seigneur. »

Chers frères et sœurs, ce mystère d’attraction divine est le lieu de l’alliance que le Très-Haut veut absolument sceller avec chacune de ses créatures, mais Il nous laisse le temps d’y répondre. Dieu nous aime d’un amour jaloux, un amour préférentiel. Il nous veut pour Lui seul, parce qu’Il désire d’un grand désir nous partager son royaume.

Dieu ne peut supporter de voir que l’homme s’égare.
Dieu connaît la valeur de l’homme, il ne peut le laisser se prosterner devant des idoles.

C’est la méconnaissance de Dieu qui conduit l’homme à l’infidélité. C’est aussi la méconnaissance de l’homme qui conduit l’homme à être infidèle à lui-même, et spécialement à sa vocation à être avec Dieu.

Dieu veut rentrer dans un face à face avec l’homme, le jour de notre mort, mais aussi déjà aujourd’hui. Dieu veut que absolument tout homme soit sauvé, qu’il parvienne à la connaissance de la vérité.
Telle est la miséricorde de Notre-Seigneur.

On pourrait voir l’Ancien Testament comme le temps des fiançailles. Mais les fiançailles doivent se finir, il faut que les noces consument tout, il faut un don total, un amour sponsal. Une communion qui va transformer les époux en un cœur, un corps, une âme, un esprit.

Dieu va assumer l’homme, parce que notre Père sait ce dont nous avons besoin. Il va jusqu’à engendrer sa créature par la Rédemption du Christ, Il va ajuster l’homme à la mesure de son cœur. Saint Paul : « Il leur donne d’être juste par sa seule et unique grâce. »
C’est par la grâce du Christ, par sa mort et sa résurrection.
Ce ne sont pas les hommes qui sont capables de mériter la gloire de Dieu. C’est Dieu qui fait cadeau, gratuitement, de sa propre bonté, jusqu’à faire mourir son Fils sur la croix pour donner la vie.

Alors voilà, notre bénédiction : se laisser saisir par la bonté de Dieu.
La malédiction, c’est de refuser de se laisser embrasser par Dieu quand Il me cherche.

Demandons à la Vierge Marie de disposer nos cœurs à la recherche de Dieu, de savoir écouter les appels de Dieu.
Que Marie nous partage son humilité, sa docilité à l’Esprit du Seigneur, pour que nous puissions jouir un jour de la joie totale de faire sa volonté.
Que cette Eucharistie nous donne de choisir le Christ comme unique et seul fondateur de notre édifice spirituel, ainsi nous jouirons de la paix du royaume dès ici-bas,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre du Deutéronome 11,18.26-28.32.
  • Psaume 31(30),2-3.4.17.25.
  • Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 3,21-25.28.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 7,21-27 :

Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait : « Il ne suffit pas de me dire : ’Seigneur, Seigneur !’, pour entrer dans le Royaume des cieux ; mais il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux.
Ce jour-là, beaucoup me diront : ’Seigneur, Seigneur, n’est-ce pas en ton nom que nous avons été prophètes, en ton nom que nous avons chassé les démons, en ton nom que nous avons fait beaucoup de miracles ? ’
Alors je leur déclarerai : ’Je ne vous ai jamais connus. Écartez-vous de moi, vous qui faites le mal ! ’
Tout homme qui écoute ce que je vous dis là et le met en pratique est comparable à un homme prévoyant qui a bâti sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, la tempête a soufflé et s’est abattue sur cette maison ; la maison ne s’est pas écroulée, car elle était fondée sur le roc.
Et tout homme qui écoute ce que je vous dis là sans le mettre en pratique est comparable à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable.
La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, la tempête a soufflé, elle a secoué cette maison ; la maison s’est écroulée, et son écroulement a été complet. »