le Baptême du Seigneur : des rives du Jourdain au Gave de Pau …
… : " Au pied des saules frêles qui processionnent le long du Gave , laissons-nous
gagner par cette lenteur , cet abandon humble , libre et heureux , qui nous sont
transmis par le fil de l’eau. A la surface irisée , notre regard flotte comme la ligne du pêcheur . Nos pensées
ainsi dénouées , en fermant les yeux par moments , nous sentirons en nous un
autre fleuve s’écouler, large , sans rives , bien plus puissant et plus clair que le
Gave, qui n’offre encore qu’un reflet trop discret de ce courant invisible
qui passe en profondeur , nous lave et nous régénère comme dans la vision
d’Ezéquiel , emportant toutes les impuretés , les lourdeurs retenues dans nos replis les mieux cachés.
Il n’y a pas de meilleure introduction à la prière que la fluidité de l’eau.
Si notre coeur peut déverser aussi ses boues d’orage , ses colères assourdissantes , ses crues dévastatrices , nous sentons bien que le bonheur coïncide avec la paix , et , à travers le fil ininterrompu du flot tranquille ,
c’est l’harmonie originelle que nous reconnaissons , son mouvement ample
à travers nous , sa souplesse , ses scintillements secrets , la transparence de nos pensées les plus claires , toute la vie de l’âme qui nous baigne et nous irrigue.
Marie n’est jamais très loin quand la paix nous fait signe , comme l’onde , vierge et mère tout à la fois , comme s’il ne pouvait y avoir de fécondité que par cette pureté
qui nous enfante aux réalités les plus essentielles , c’est elle , en vraie sourcière
par sa clarté , par sa lumière tout intérieure , qui ravive les eaux de notre
Baptême.
Nous le savons , nous ne prions pas assez, pas assez longtemps pour que le coeur puisse suffisamment s’ouvrir et recevoir cette pluie silencieuse de la grâce qui se déverse à profusion.
Nous savons aussi que c’est de l’intérieur que la prière nous transforme et qu’il faut y plonger tout l’homme, comme la chair souffrante dans l’eau des piscines ,
bain de lumière qui régénère , une immersion dont on renaît plus vrai et
plus léger , guéri et purifié.
Mais pour cela il faut accepter de descendre davantage dans notre âme , avec
persévérance , pour atteindre cette nappe d’eau pure, fraîche , vivifiante ,
qui nous rendra foire , clarté , vérité.
Car il n’y a qu’un pas de l’eau à la lumière.
Purifiée par les sables qui l’ont filtrée , allégée par un long et patient cheminement à travers la nuit noire de la roche , la source qui jaillit porte au jour
le signe de l’Esprit qui travaille et se cherche en nous.
N’étouffons pas ce flux qui nous vient du dedans , qui grandit à mesure que le coeur s’ouvre et s’élargit.
Il y a au fond de chacun de nous , dans l’obscurité de notre chair , une puissance
de régénération que la paix de la grotte nous aide à rejoindre.
Le silence en est le chemin , le silence du recueillement qui nous rassemble et nous recentre. C’est à partir de cette profondeur , si nous savons nous y établir ,
que nous pourrons vraiment renaître et devenir à notre tour fontaine pour le monde.
le Baptême du Seigneur : des rives du Jourdain au Gave de Pau …
… : " Au pied des saules frêles qui processionnent le long du Gave , laissons-nous gagner par cette lenteur , cet abandon humble , libre et heureux , qui nous sont transmis par le fil de l’eau.
A la surface irisée , notre regard flotte comme la ligne du pêcheur . Nos pensées ainsi dénouées , en fermant les yeux par moments , nous sentirons en nous un autre fleuve s’écouler, large , sans rives , bien plus puissant et plus clair que le Gave, qui n’offre encore qu’un reflet trop discret de ce courant invisible qui passe en profondeur , nous lave et nous régénère comme dans la vision d’Ezéquiel , emportant toutes les impuretés , les lourdeurs retenues dans nos replis les mieux cachés.
Il n’y a pas de meilleure introduction à la prière que la fluidité de l’eau. Si notre coeur peut déverser aussi ses boues d’orage , ses colères assourdissantes , ses crues dévastatrices , nous sentons bien que le bonheur coïncide avec la paix , et , à travers le fil ininterrompu du flot tranquille , c’est l’harmonie originelle que nous reconnaissons , son mouvement ample à travers nous , sa souplesse , ses scintillements secrets , la transparence de nos pensées les plus claires , toute la vie de l’âme qui nous baigne et nous irrigue.
Marie n’est jamais très loin quand la paix nous fait signe , comme l’onde , vierge et mère tout à la fois , comme s’il ne pouvait y avoir de fécondité que par cette pureté qui nous enfante aux réalités les plus essentielles , c’est elle , en vraie sourcière par sa clarté , par sa lumière tout intérieure , qui ravive les eaux de notre Baptême.
Nous le savons , nous ne prions pas assez, pas assez longtemps pour que le coeur puisse suffisamment s’ouvrir et recevoir cette pluie silencieuse de la grâce qui se déverse à profusion. Nous savons aussi que c’est de l’intérieur que la prière nous transforme et qu’il faut y plonger tout l’homme, comme la chair souffrante dans l’eau des piscines , bain de lumière qui régénère , une immersion dont on renaît plus vrai et plus léger , guéri et purifié. Mais pour cela il faut accepter de descendre davantage dans notre âme , avec persévérance , pour atteindre cette nappe d’eau pure, fraîche , vivifiante , qui nous rendra foire , clarté , vérité. Car il n’y a qu’un pas de l’eau à la lumière.
Purifiée par les sables qui l’ont filtrée , allégée par un long et patient cheminement à travers la nuit noire de la roche , la source qui jaillit porte au jour le signe de l’Esprit qui travaille et se cherche en nous. N’étouffons pas ce flux qui nous vient du dedans , qui grandit à mesure que le coeur s’ouvre et s’élargit. Il y a au fond de chacun de nous , dans l’obscurité de notre chair , une puissance de régénération que la paix de la grotte nous aide à rejoindre. Le silence en est le chemin , le silence du recueillement qui nous rassemble et nous recentre.
C’est à partir de cette profondeur , si nous savons nous y établir , que nous pourrons vraiment renaître et devenir à notre tour fontaine pour le monde.
( d’eau et de lumière : Philippe Mac Leod )