(1) Les vertus, introduction.

Enseignement de la halte spirituelle pour femmes (Octobre 2021 - Ourscamp)

À ceux qui accuseraient les chrétiens d’avoir inventé quelque chose de rabat-joie avec la vertu, on peut rappeler que le concept de vertu n’est pas une invention chrétienne ! Pythagore (580-495 av JC) en parle déjà. On l’évoque aussi dans le livre de la sagesse : « Les labeurs de la sagesse produisent les vertus ; elle enseigne la tempérance et la prudence, la justice et la force, ce qu’il y a de plus utile aux hommes pendant la vie. » (Sagesse 8, 7)

Père Éric

Pourtant, on peut lire chez Romano Guardini :

« Chez les Grecs, la vertu, aretè, était la manière d’être de l’homme noble et cultivé ; pour les Romains, virtus désignait la fermeté dans l’État et la vie de l’homme éminent ; le Moyen Âge entendait par vertu l’attitude du chevalier. » [Morale au-delà des interdits, trad. Jeanne Ancelet-Hustache, Paris, Le Cerf, 1970, p. 11 et 12]

Sans parler du premier pas essentiel que l’Église requiert pour canoniser quelqu’un : l’héroïcité des vertus ! Les miracles qui suivront ne seront que des confirmations venant du Ciel.

Il est intéressant de voir qu’aujourd’hui la vertu est redécouverte, non seulement en philosophie ou théologie mais par les sciences humaines. Par exemple, un certain nombre de courants psychothérapeutiques actuels, notamment les thérapies cognitivistes et comportementales parlent le langage de la morale des vertus, sans même le savoir. En effet, cette approche a valorisé la liberté, contre le double déterminisme, intérieur de l’inconscient (la psychanalyse) et extérieur du milieu (behaviorisme). C’est une approche beaucoup plus pragmatique. Elles ne prétendent pas qu’on n’ait pas eu de traumatismes dans notre histoire mais elles se disent : qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
Elles ne regardent pas derrière mais devant.

Ce qui est intéressant, c’est que ces sciences ne se contentent pas de retrouver les acquis antérieurs de l’éthique des vertus mais ils s’intéressent aux moyens de développement de la vertu, c’est-à-dire ce qui l’habilite et ce qui, inversement, l’inhibe.