(5) Jésus Fils de l’homme

Enseignement de la halte spirituelle pour femmes (Février 2023 - Ourscamp)

Durant la vie terrestre de Jésus et aussi après Pâques, nul ne songea à mettre en doute la réalité de l’humanité du Christ, c’est-à-dire le fait qu’il était vraiment un homme comme les autres. Les apôtres ont mangé, bu, marché, … avec lui. Ils connaissaient sa mère, ses frères, sa patrie, son âge, son métier. Jésus a grandi « en sagesse, en stature, et en grâce, devant Dieu et devant les hommes » (Luc 2, 52). Il a ressenti la faim, la fatigue et la souffrance.

Ce que l’on contestait, ce n’était pas son humanité, mais bien sa divinité. L’accusation des juifs était : « Toi qui es un homme, tu te fais Dieu. » (Jn 10, 33)

Père Éric

C’est pour cela que, lorsqu’il parle de l’humanité de Jésus, le Nouveau Testament se montre plus intéressé par la sainteté de cette humanité, que par la vérité ou la réalité de cette dernière. Toute l’attention se concentrait sur la nouveauté de l’humanité du Christ (sur le Christ homme « nouveau » et « nouvel » Adam).
Ce n’est que dans un deuxième temps que la réflexion s’est concentrée sur la vérité, la consistance, de l’humanité du Christ. Déjà, dans les lettres de saint Jean, on apprend que certains nient que le Christ soit venu « dans la chair » (cf. 1 Jn 4, 2-3 ; 2 Jn 7). Une des préoccupations majeures de saint Ignace d’Antioche, dans ses lettres, est de démontrer la vérité de l’humanité de Jésus et des actions accomplies, par Lui, dans la chair, à savoir : qu’Il est vraiment né, qu’Il a vraiment souffert, qu’Il est vraiment mort, et pas « seulement en apparence, comme disent quelques-uns, qui n’ont ni Dieu ni foi ».

C’est l’hérésie du docétisme qui nie la réalité de l’incarnation et la réalité du corps humain du Christ. Voici comment Tertullien résume les formes diverses que revêtait cette hérésie, de son temps :

« Marcion, pour pouvoir nier la chair du Christ, nie aussi sa naissance. Apelle admet la chair, mais nie la naissance. Enfin Valentin admet l’une et l’autre chose, tant la chair que la naissance, sauf qu’il les explique, ensuite, à sa manière. En effet, il considère comme appartenant au monde de l’apparence (to dokein), et non de la réalité, non seulement la chair du Christ, mais également sa conception elle même, sa gestation, sa naissance de la Vierge et tout le reste »
« Nous devons donc nous occuper de l’humanité du Seigneur, parce que sa divinité est assurée. C’est son humanité qui est remise en question, ainsi que sa vérité et sa qualité. »

Qu’est-ce donc qui a provoqué, en si peu de temps, un tel renversement de perspectives ? Simplement le fait que la foi chrétienne a dû faire face, désormais, à un nouvel horizon culturel et affronter les défis et les problèmes de cette nouvelle culture, qu’est la culture hellénistique.
Beaucoup de facteurs, en effet, contribuaient à rendre inacceptable, pour cette nouvelle culture, l’annonce d’un Dieu venu dans la chair.

  • Un facteur théologique surtout : comment Dieu, qui est immuable et impassible, peut-il se soumettre à une naissance, à une croissance, et pire encore, à la souffrance de la croix ? Il était absolument inconcevable que le Christ ait vécu la passion et la mort. Ils affirmaient que le Christ céleste s’était uni à Jésus seulement au moment du baptême et qu’il l’avait quitté avant la Passion.
  • Un facteur cosmologique : la matière est le royaume d’un dieu inférieur (le démiurge) et elle est incapable d’obtenir le salut ; comment donc est-il possible d’attribuer à Dieu un corps matériel ?
  • Un facteur anthropologique : c’est l’âme qui constitue l’homme véritable, qui est de nature céleste et divine ; le corps (sôma) est plutôt la tombe (sema) que le compagnon de l’âme ; pourquoi le Sauveur, venu libérer l’âme prisonnière de la matière, aurait-il dû s’ensevelir lui-même dans un corps ?
  • Enfin, un facteur christologique : comment le Christ peut-il être l’homme « sans péché », s’il a eu contact avec la matière, qui est en soi mauvaise ? Comment pourrait-il appartenir au monde de Dieu, s’il appartient au monde sensible, qui est incompatible avec lui ?

Plan de l’enseignement

Introduction : Comment la question s’est-elle posée dans l’histoire ?

La foi en Jésus, vrai homme

  • Différentes étapes dans la formulation de la foi en la pleine humanité du Christ
  • Que signifie que Jésus est vrai homme ?
  • Jésus « vrai homme », dans le contexte culturel d’aujourd’hui
  • Jésus, homme « nouveau »
  • Jésus « vrai homme », précisément parce que sans péché - Lectio de Benoît XVI aux prêtres du diocèse de Rome sur l’épître aux Hébreux)
  • Obéissance et nouveauté
  • « Si le Fils vous rend libres… »

Pourquoi le Verbe s’est-il fait chair ?

Motifs de l’incarnation

  • Pour sauver l’homme du péché
  • Pour révéler l’amour de Dieu
  • Pour nous montrer le chemin et nous donner l’exemple
  • Pour révéler le Père et nous introduire dans la vie de Dieu

Jésus unique médiateur

Comment s’harmonisent en Jésus l’humanité et la divinité ?

L’unité de la personne du Verbe de Dieu

  • Vrai Dieu et vrai homme
  • Les premières hérésies nient quelque chose de son humanité puis de sa divinité
  • Juxtaposition en Jésus de l’humanité et de la divinité : pas d’unité de la personne
  • Entre les deux natures : ni confusion, ni séparation
  • Pas de personne humaine en Jésus ; une seule hypostase
  • Une application à la connaissance du Christ
  • Une autre application à la volonté du Christ
  • Un corollaire : la possibilité de représenter le Christ

L’expression « Fils de l’homme »

Conclusion