Bâtir sur le roc, bâtir sur le sable ?

3 avril 2015

« Dans ce sacrement de mariage, le prêtre est là comme témoin de l’Église : les ministres du mariage ce sont les époux eux-mêmes, et se donnent l’un à l’autre un sacrement supplémentaire. »

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Texte de l’homélie de mariage :

Vincent et Cécile,

Lorsque nous avons préparé cette célébration, je vous ai donné un petit critère pour le choix des lectures. C’est que les lectures que vous choisissez soient une lumière pour votre vie matrimoniale et familiale. Parce que la Parole de Dieu est une parole vivante, et non pas simplement un texte de sagesse humaine, aussi beau soit-il. C’est une parole qui nous accompagne et qui éclaire notre vie de façon différente selon les étapes de notre existence.

Bâtir sur le roc, bâtir sur le sable.
Est-ce que, au fond, les deux maisons ne sont pas en nous ? On a la tentation de penser qu’il y a les bons qui construisent sur le roc, et les moins bons qui construisent sur le sable…
Mais est-ce que le bon et le moins bon n’est pas aussi en nous ? Et à travers cette célébration des noces, vous vous engagez, Cécile et Vincent, sur un chemin spirituel de conversion, de conversion intérieure, et c’est heureux que nous méditions sur la conversion au cœur même du Carême.
Dans notre vie, il y a parfois cette profonde confiance dans le Seigneur, c’est vrai, cette application de ses commandements, et cette prise au sérieux de la Parole de Dieu. Mais aussi, dans notre vie, et chacun peut le constater personnellement, il y a parfois ce côté un peu insouciant où j’écoute la Parole de Dieu, mais je ne la mets pas en pratique parce qu’il y a l’orgueil, parce qu’il y a une forme d’insouciance, d’indifférence par rapport à l’autre.
Et c’est pour ça que vous venez devant l’autel du Seigneur. C’est pour demander que vous fondiez votre maison sur le roc, pour demander la grâce d’une conversion intérieure, d’un choix profond du Christ dans votre vie. Déjà Il est là dans votre vie, au cœur de votre vie, et vous désirez qu’Il soit là vraiment tout au long de votre vie au cœur de votre couple et de votre famille.

Dans ce sacrement de mariage, le prêtre est là bien sûr comme témoin de l’Église, mais les ministres du mariage ce sont les époux eux-mêmes. Et vous vous donnez l’un à l’autre un sacrement supplémentaire. Vous avez déjà reçu le sacrement du Baptême, de l’Eucharistie, de la Confirmation, de la Confession. Le mariage est un lieu de grâces particulier, parce que justement, vous prenez conscience que sans le Seigneur, on ne peut pas grand-chose. Le mariage, c’est l’union de deux pauvres, qui viennent là dire au Seigneur : oui, en moi aussi il y a le désir d’aimer, il y a le désir de T’aimer Seigneur, il y a un vrai désir d’aimer mon conjoint, mais en même temps, je vois en moi-même des obstacles à l’amour.
Alors vous voulez confier votre amour au Seigneur, et vous voulez être signes d’un amour qui est de toujours à toujours. C’est ça le sacrement : je veux être signe, dans la fragilité de mon humanité, dans la fragilité de ce que je suis, avec mes pauvretés, avec mes égoïsmes, avec parfois mes duretés de cœur, mais avec ma grande générosité et mon grand amour de Dieu et de l’autre… je veux être signe, Seigneur, tel que je suis, de cet amour que Tu nous manifestes en Jésus-Christ et que nous célébrons dans chaque Eucharistie.

C’est extraordinaire. Quand on s’arrête quelques instants à méditer ceci : qui sommes-nous pour que le Seigneur nous choisisse, choisisse les époux pour être signe de son amour ? Qui sommes-nous comme prêtres dans nos humanités aussi blessées ? Eh bien c’est la grâce de Dieu qui agit de façon suréminente.

Oui, à travers le choix de cette lecture, vous dites à tous ceux qui se sont engagés dans la voie du mariage : ne baissez pas les bras, ne perdez pas confiance, ne perdez pas courage. C’est vrai que la vie commune n’est pas simple, mais justement, dans la vie commune, comme dans la vie communautaire, nous voulons témoigner d’un amour qui est plus grand, d’un amour qui nous vient du Seigneur.

Alors, c’est vrai que parfois c’est exigent, parfois c’est difficile, parfois c’est aride, raide, pour nos humanités, nos caractères. Il nous faut nous polir, nous transformer, transformer notre manière de penser. Et c’est ce que vous dites au Seigneur aujourd’hui :

Et dans la première lettre de Saint Jean que vous avez choisie, c’est ça aussi :

« Nous gardons ses commandements, nous faisons ce qui est agréable à ses yeux. »

Le commandement, c’est mettre notre foi en Jésus et nous aimer. Garder les commandements du Seigneur, c’est une grâce. En effet, ce n’est pas le fruit simplement de nos forces humaines, ou d’une bonne volonté. C’est le fruit d’une grâce. Et cette grâce-là, vous êtes deux à la porter, et c’est cela qui est beau.

Et c’est aussi le sens de la première lecture, de la création de la femme : « Façonnons-lui une aide qui lui soit semblable. » Une aide. Adam a été seul nous dit la méditation biblique, Eve n’a jamais été seule. Vous êtes l’un pour l’autre une aide pour cheminer vers le Seigneur, un soutien, une grâce, une force pour cheminer ensemble.

Vous nous redites des choses toutes simples, à travers votre engagement, mais des choses vraies, qu’on a besoin d’entendre pour nous relancer, pour nous fortifier, pour aller plus loin dans le chemin que nous avons parcouru chacun selon notre vocation. Vous nous dites d’avoir cette confiance totale dans un Dieu qui nous appelle des ténèbres à son admirable lumière.
Amen.


Évangile de Jésus-Christ selon Saint Matthieu (Mt 7,21.24-29)

« Comme les disciples étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait :
"Il ne suffit pas de me dire :
"Seigneur, Seigneur !" pour entrer dans le Royaume des cieux ; mais il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux.
Tout homme qui écoute ce que je vous dis là et le met en pratique, est comparable à un homme prévoyant qui a bâti sa maison sur le roc.
La pluie est tombée, les torrents ont dévalé,
la tempête à soufflé et s’est abattue sur cette maison ;
la maison ne s’est pas écroulée,
car elle était fondée sur le roc.
Et tout homme qui écoute ce que je vous dis là sans le mettre en pratique, est comparable à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable.
La pluie est tombée, les torrents ont dévalé,
la tempête a soufflé, elle a secoué cette maison ;
la maison s’est écroulée,
et son écroulement a été complet. " »