Homélie de la solennité du Sacré-Coeur de Jésus

30 juin 2014

« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos.
Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. »

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Texte de l’homélie :

Notre monde est plein de contradictions : il considère quelquefois le culte au Sacré-Cœur un peu mièvre. Mais cela n’empêche pas les gens de se promener dans la rue avec des tee-shirts où on lit : « I love Paris » ou « I love New-York » !
Peut-être pourrions-nous enfiler sur la statue de Jésus un tee-shirt avec l’inscription : « I love you » ? !…

En tout cas, ce qui est sûr, c’est que l’homme d’aujourd’hui a plus que jamais besoin de tendresse, parce qu’on ne peut pas vivre sans amour. Auriez-vous envie de vivre si vous n’étiez pas du tout aimés ?

« L’homme ne peut vivre sans amour. Il demeure pour lui-même un être incompréhensible, sa vie est privée de sens s’il ne reçoit pas la révélation de l’amour, s’il ne rencontre pas l’amour, s’il n’en fait pas l’expérience et s’il ne le fait pas sien, s’il n’y participe pas fortement. » JP II Redemptor hominis, n° 10

Et c’est vraiment Jésus qui peut donner cet amour dont nous avons besoin. Parmi toutes les qualités de cet amour, donnons-en trois qui sont mises en valeur dans les lectures de ce soir :

Comment décrire l’amour de Dieu ?

Cet amour de Jésus ne s’impose pas : dans la deuxième lecture, on voit que c’est Dieu qui a l’initiative : Il fait le premier pas, mais pas pour s’imposer mais pour proposer Son amour. C’est aussi ce que l’on trouve dans les lectures de ce jour : cet amour de Dieu qui s’adresse aux petits, cet amour qui est doux et humble de cœur. C’est sans doutes pour cela que l’on prend l’invocation suivante au sujet du Sacré-Cœur :

Quelle réaction avons-nous devant cet amour inconditionnel ?

Pour continuer sur les qualités de cœur de Jésus, on voit dans la première lecture qu’il s’agit d’un amour fort et fidèle, un amour sur lequel on peut compter. Et, devant cet amour, on peut avoir deux formes de tentation :

Première tentation : ne pas croire à cet amour

Comme le dit la première lecture, c’est Dieu qui a l’initiative dans l’amour. Et notre première tentation est de penser que ce n’est pas possible ou pas pour nous. Quand vous avez une offre publicitaire, plus l’offre est alléchante, plus vous y regardez à deux fois, étant étonné de faire une si bonne affaire…
Et l’on a un peu la même réaction devant l’amour de Dieu : on se demande comment Il peut nous aimer, comment cela est possible, d’autant plus si nous avons conscience de notre petitesse et de notre péché, nous nous jugeons alors complètement indignes…

Et pourtant, cet amour de Dieu - qui a l’initiative de faire le premier pas - nous est proposé avant même que nous fassions des efforts, il est donné gratuitement. Ainsi, nous sommes invités avant tout à nous émerveiller et à rendre grâce pour cet amour immérité, gratuit, qui est une pure grâce.

La deuxième tentation : nous habituer à cet amour

Prenons la comparaison avec des personnes mariées : au début, c’est le grand amour, tout feu tout flamme ; puis, il y a une tendance à s’habituer à l’amour de l’autre. Cet amour n’est plus vu comme une grâce, mais comme un bien acquis, ne l’appréciant pas à sa juste valeur, le sous-estimant.

Il peut arriver la même chose dans notre amour vis à vis de Dieu. J’espère que chacun d’entre nous a fait l’expérience de l’amour de Dieu, plus ou moins forte, à tel ou tel passage de notre vie : c’est un moment important. Puis, avec le temps qui passe, on peut s’y habituer et considérer que c’est normal, jusqu’à en arriver à se tenir devant Dieu avec une certaine désinvolture.

C’est ainsi que Jésus dit à Marguerite qu’il n’y a pas toujours de retour à Son amour :

« Ce cœur qui n’a reçu que des ingratitudes… »

Dieu nous aime, oui, mais nous L’oublions un peu…

Ce n’est pas parce que cet amour est offert gratuitement qu’il n’est pas exigeant à notre égard. Et nous sommes en face de ces deux tentations : ne pas croire à cet amour, s’y habituer, et être quelque peu désinvolte à son égard.
En conclusion, on pourrait dire que cette fête nous est donnée pour nous réveiller, pour que nous reprenions conscience de la beauté et de la grandeur de l’amour que Dieu nous porte.

Je me rappelle d’un couple de personnes âgées dont lui avait eu un accident, et son épouse allait le visiter à l’hôpital. Et, au travers de ce moment particulier, tous leurs proches pouvaient voir combien ils étaient amoureux après 50 ans de mariage, et c’était un beau témoignage.
Cet événement, aussi malheureux qu’il soit, avait donné l’occasion de prendre conscience plus visiblement de cet amour, et de manifester d’avantage cette flamme.

La fête du Sacré-Cœur que nous célébrons aujourd’hui n’est pas un événement tragique, loin de là, mais elle peut être l’opportunité pour nous replonger dans cet amour de Dieu et d’en reprendre conscience dans la Foi.

Dans sa lettre sur l’Évangélisation, le pape François nous montre combien il est important, que sans cet amour, ma vie ne serait pas la même. Je le cite :

« Ton cœur sait que la vie n’est pas la même sans Jésus, sans Dieu.
Ce que tu as découvert, ce qui t’aide à vivre, ce qui te donne l’Espérance, c’est cela que tu dois communiquer aux autres. » (PF n° 121)

Cette fête du Sacré-Cœur peut être l’occasion de reprendre conscience que Jésus m’aide à vivre, que parce que j’ai la Foi, je vois la vie autrement.
Parce que je crois en cet amour de Jésus, parce que j’en ai fait l’expérience, ma vie a un sens. On peut alors le communiquer aux autres.

Vous connaissez sans doutes cette phrase de Jean-Paul II dans sa première encyclique :

« L’Homme ne peut vivre sans amour : il demeure pour lui-même un être incompréhensible, sa vie est privée de sens s’il ne reçoit pas la révélation de l’amour, s’il ne rencontre pas l’amour, s’il n’en fait pas l’expérience et s’il ne le fait pas sien, s’il n’y participe pas fortement. »

Ainsi, cet Amour dont nous parle Jean-Paul II, on peut l’écrire avec un grand A. C’est cette expérience que nous sommes appelés à refaire à l’occasion de cette fête du Sacré-Cœur,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre du Deutéronome 7,6-11.
  • Psaume 103(102),1-2.3-4.6-7.8.10.
  • Première lettre de saint Jean 4,7-16.
  • Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 11,25-30 :

En ce temps-là, Jésus prit la parole :
« Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits.
Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bonté. Tout m’a été confié par mon Père ; personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler. »

« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos.
Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos.
Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. »