Homélie de la Fête du Cœur Immaculé de Marie

21 janvier 2019

« Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie ton épouse. L’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit-Saint. Elle mettra au monde un fils auquel tu donnera le nom de Jésus, c’est à dire, " Le Seigneur sauve ". Car, c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés »

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Texte de l’homélie

En célébrant le Cœur Immaculé de Marie, Refuge des Pécheurs, nous voulons rendre grâce à Dieu d’avoir inspiré à notre fondateur de placer notre famille religieuse sous la protection de la Mère de Dieu, de la Mère de Jésus, qui est aussi notre Mère puisqu’elle s’est totalement consacrée, offerte, à l’œuvre de la rédemption réalisée par son Fils, Notre Seigneur Jésus-Christ.

Le Père Lamy, comme beaucoup de prêtres de sa génération, a voulu s’inscrire dans ce grand mouvement spirituel et missionnaire qui devait reconstruire la France chrétienne après les persécutions révolutionnaires et la guerre civile qui devait de nouveau déchirer notre pays, si prompt à se diviser, comme le soulignait déjà Jules César dans la Guerre des Gaules !
Suite aux apparitions de Notre-Dame à Ste Catherine Labouré, l’archevêque de Paris, Mgr de Quelen, autorise la frappe et la diffusion d’une médaille représentant la Vierge Marie et portant l’inscription :

Cette médaille connut une diffusion universelle et produit de nombreuses conversions.
Ainsi un jeune pasteur anglican, John-Henry Newman, professeur à l’université d’Oxford, la porta durant plusieurs années avant d’entrer dans l’Eglise catholique et devenir sans doute le plus grand théologien de sa génération.

Cette médaille fut donc autorisée en 1832, l’année même où l’abbé Charles Desgenettes devint curé de la paroisse Notre-Dame des Victoires à Paris. Située dans un quartier de financiers et de commerçants, elle était fort peu fréquentée.
Pendant quatre ans, ce prêtre de caractère - et même de mauvais caractère - déploya une grande énergie pour la conversion de sa paroisse, mais ses efforts demeurèrent sans résultats apparents. Tenté par le découragement, envisageant de donner sa démission, il eut l’intuition de consacrer sa paroisse au cœur immaculé de Marie, refuge des pécheurs, ce qu’il fit le 8 décembre 1846.
A partir de cette date, les conversions se multiplièrent et sa paroisse devint l’une des plus fréquentées de Paris. Se consacrant entièrement à sa mission de pasteur et de prédicateur l’abbé Desgenette mourut d’épuisement le 25 avril 1860, laissant l’exemple d’un grand évangélisateur qui devait susciter de nombreux disciples dont notre Père Lamy.

Le message spirituel de Notre-Dame des Victoires est plus que jamais d’actualité. Il doit éclairer l’Eglise et d’une manière particulière, notre famille religieuse. Il nous rappelle aussi l’actualité permanente de l’Evangile et de l’appel à la conversion qu’il nous adresse.

Le Cœur de la Très Sainte Vierge Marie fait un avec le Cœur de son divin Fils. Il ne désire qu’une chose : le triomphe de ce Cœur d’où jaillissent l’eau du baptême et le sang de l’eucharistie, le pardon de nos péchés et le don du Saint-Esprit.
Et la miséricorde de ce cœur est le grand remède au péché de l’homme, à son infidélité, à son impureté, à sa dureté, à son égoïsme, à sa violence, à sa soif de biens matériels, à son désir de domination.

Le mal est dans le cœur de l’homme comme nous le rappelle Saint Paul. Par le péché d’Adam, la mort a fait son apparition dans notre condition et nous soumet à un régime de désespoir et de terreur.
Mais ce n’est pas cela que Dieu veut pour ses enfants. Il nous a créés pour une existence immortelle et il n’a de répulsion pour aucune de ses œuvres, nous dit le livre de la sagesse. Un vrai Père ne peut se résoudre à la maladie ou, pire encore, à la perte éternelle de ses enfants. Il met tout en œuvre pour le guérir, pour le sauver, pour le réhabiliter et il révèle ainsi son cœur de miséricorde.

En Jésus et en Marie, nous apprenons à aimer comme Dieu nous aime puisque Dieu nous aime et qu’Il nous fait participer à Sa propre vie. Jésus nous sonne son Esprit qui est notre maître spirituel, notre éducateur, et c’est encore le Saint-Esprit qui a façonné le cœur de notre Mère du Ciel. A la source de notre engagement apostolique, il y a le cœur de Jésus et de Marie qui brûle de ferveur pour le salut de tous les hommes.
Il n’y a pas de vie spirituelle authentique qui ne se traduise par un désir ardent de servir et de se dévouer pour le bien des âmes, à l’exemple du Père Lamy, de saint Bernard ou de saint François de Sales.

C’est ainsi que nous voulons travailler au bien des âmes et au service de l’Eglise et de son unité. Notre célébration intervient dans la semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Les divisions et les querelles du passé marquent encore douloureusement notre actualité et représentent un obstacle objectif à l’évangélisation.
La réconciliation et le dialogue trouvent en la Vierge Marie un exemple et un grand signe d’espérance. Une mère de famille, même si tous ses enfants l’aiment d’un cœur sincère, souffre profondément des divisions et des ruptures entre ses fils et ses filles. Le désir le plus cher de son cœur est bien de voir tous ses enfants unis dans un même amour, une même affection, une même confiance.
Voilà pourquoi nous Lui demandons humblement de nous obtenir toutes les grâces d’unité et de réconciliation dont nous avons besoin. Et à Son exemple, nous devons aussi prendre la ferme résolution d’être nous-mêmes des artisans de paix pour qu’il soit donné à tout homme de reconnaître la vérité de l’Evangile et de voir naître en son cœur le désir de faire partie par le baptême et la profession de l’unique peuple de Dieu.

En ces temps difficiles pour l’Eglise et pour notre pays, ayons recours au cœur maternel et miséricordieux de la Vierge Marie et apprenons d’Elle l’énergie, le courage, l’audace, la persévérance, en un mot la grâce d’une authentique conversion, d’une intensification de notre vie spirituelle et d’un accroissement de notre zèle pour le salut des âmes.

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre de la Sagesse 11, 23 - 12, 2.
  • Psaume 1 Sam 2.
  • Première lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 5,12. 17 à 19.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 1, 18-25 :

Voici quelle fut l’origine de Jésus-Christ : Marie, la mère de Jésus, avait été accordée en mariage à Joseph.
Or, avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit-Saint. Joseph, son époux, qui était un homme juste, ne voulait pas la dénoncer publiquement. Il décida de la répudier en secret.
Il avait formé ce projet lorsque l’Ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit :
« Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie ton épouse. L’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit-Saint. Elle mettra au monde un fils auquel tu donnera le nom de Jésus, c’est à dire, " Le Seigneur sauve ". Car, c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés ».
Tout cela arriva pour que s’accomplit la parole du Seigneur prononcée par le prophète :
« Voici que la vierge concevra et elle mettra au monde un fils auquel on donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : " Dieu avec nous." »

Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’Ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse