Homélie de la solennité de l’Immaculée Conception de la Sainte Vierge Marie

8 décembre 2020

L’ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. »

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Texte de l’homélie :

Toutes les grandes choses commencent dans le secret. On le voit avec récit de l’Annonciation, avec le Salut qui vient à notre rencontre, mais aussi cette fête de l’Immaculée Conception. Toutes les grandes choses commencent avec un début, qui est souvent fragile. C’est le cas avec le début de la vie humaine, et ce n’est pas pour rien que l’Église défend à temps et à contre temps la dignité de la vie humaine de la conception jusqu’à la mort naturelle, précisément, car c’est en Marie Immaculée Conception que le Salut nous est arrivé, par Elle.

C’est donc pour nous une manière de nous rappeler que ce qui est premier dans l’intention est dernier dans la réalisation. Dans l’intention de Dieu, il y avait déjà la Vierge Marie. Et cette réalisation s’est faite, aboutissant à une nouveauté. Et c’est ce qu’il fallait car, comme le dit très justement le récit du péché originel, il y a eu une cassure avec Dieu. Mais comment rétablir le lien avec le Seigneur ?

« Je suis nu et je me suis caché »

Comment rétablir cette confiance si ce n’est par une nouveauté, une femme qui à son tour donnera au monde un sauveur ? Mais il fallait qu’Elle-même soit préservé du péché originel, puisque cette cassure se transmet par génération : c’est par la naissance qu’il se transmet. Par l’acte intime des époux se transmet non seulement la vie, mais avec elle quelque chose de cassé dans la personne humaine. Avec Marie, il y a eu une sorte de « stop ». Cette longue lignée de personnes transmet qui ont porté cette faute s’est interrompue grâce à Marie. En Jésus nous avons été libérés du péché originel, mais nous en avons les conséquences, nous le savons.

Et c’est important de redire qu’en Marie, il y a une manière de voir différemment la personne, car c’est une manière de la voir en Dieu. Quand le Pape Jean-Paul II parle de la théologie du corps, il dit que le corps humain a perdu sa vocation sponsale, c’est à dire sa vocation de pouvoir rentrer en communion.
Par le péché originel, nous sommes tous des handicapés de la communion. Et, puisqu’il y a eu un stop au péché originel à sa conception car elle est immaculée, en Marie la personne humaine est capable d’une communion avec Dieu.

Et plus encore :

« Bienheureuse faute qui nous valut un tel sauveur !…

Nous sommes alors plus qu’en communion. Nous sommes fils dans le fils, comme on le dit.

Ainsi, c’est très beau de célébrer ces commencements et ces débuts, parce que c’est important d’avoir un regard différent, de voir la vie sous l’œil de la fécondité.

Tout en Marie est ordonné à la fécondité : à travers le Christ, certes, mais aussi à la fécondité spirituelle. Le Christ qui nous sauve, c’est la grande fécondité spirituelle de Marie. Et la plupart du temps que l’on parle de la Vierge Marie, on fait mémoire de l’Annonciation où là aussi il y a eu une conception. Et il fallait que la Vierge soit immaculée pour ne pas transmettre à son tour le péché originel. La semence n’est pas humaine mais bien divine. C’est par la grâce du Saint Esprit, dans le secret – Et l’ange entra chez elle - cela s’est fait sans que personne ne le sache.
Et il a fallu aussi une annonciation à Joseph pour qu’il puisse adhérer au plan de Dieu. Et je trouve que c’est beau de voir que les commencements disent déjà la fécondité de nos vies.

On voit combien Marie est un mystère de fécondité. Cela a été dit dans l’introduction de cette messe par la lecture du missel romain : cette grâce d’être préservée du péché originel, de ne pas rentrer dans cette série de fractures d’avec Dieu depuis des générations. Cette grâce là est venue en Marie de façon à ce qu’Elle puisse porter du fruit. On dit qu’elle vient de la maternité divine. Tout en Marie est ordonné à la maternité divine, et cela a été dit dans l’introduction, tant dans le commencement avec l’Immaculée Conception, que dans l’Assomption : Marie est d’abord un mystère de fécondité, et un mystère de fécondité est un mystère caché, dans le cœur de chacun, accessible simplement à Dieu.
C’est donc un mystère qu’il faut protéger. Dieu est le dieu des commencements, le dieu des réalité à peine encore visibles à l’œil nu, comme c’est le cas de la conception de la vie…

Et c’est si beau : nous-mêmes, nous sommes invités, à travers cette fête de l’Immaculée Conception, à rendre grâce pour notre propre conception, pour notre propre vie. Pour certains, choisir la vie n’est pas chose si évidente, on le voit chez nombre de nos contemporains qui mettent fin à leur vie ou qui sont tentés par des pensées très sombres.

Rendons grâce au Seigneur pour tout ce qu’Il a pu semer en nous et qui était invisible aux yeux des hommes mais que Dieu seul a vu : ces débuts, ces commencements, ces intentions de Dieu qui ensuite se réalisent progressivement, arrivent en plein jour tel un accouchement, telle une naissance.

Demandons au Seigneur, à travers cette fête de l’Immaculée, d’avoir un regard différent sur la réalité humaine, de retrouver notre communion avec Dieu, cette valeur du corps humain, cette valeur de la vie humaine dès ses commencements. C’est là que Dieu a agi lorsqu’Il a voulu sauver l’humanité par Marie, dès les premiers instants de Sa vie humaine, à Sa conception.

Nous le voyons bien, le Salut ne peut pas venir d’un homme, parce que l’on était dans cet enchaînement de souffrance et de mort depuis la fracture originelle. Pour ce que soit le Salut du genre humain qui se manifeste, il ne suffit pas d’une personne qui descende du Ciel – Deus ex machina – pour prendre contact avec l’humanité : non, Il a pris notre nature humaine. Jésus n’est pas seulement personne divine, Il est aussi personne humaine.
S’il était seulement personne humaine, Il ne se sauverait même pas Lui-même. C’est parce qu’Il a pris notre nature que le Salut s’étend à l’ensemble de ceux qui ont la nature humaine.

C’est intéressant de voir comment Dieu procède : à la fois de l’intérieur et à la fois de l’extérieur. Mais c’est toujours de l’intérieur que commence le Salut, que commence l’œuvre de Dieu. C’est toujours dans le secret.

« Et Marie gardait ces choses dans son cœur. »

L’Évangile le dira à plusieurs reprises. Alors, on va demander au Seigneur qu’Il puisse nous donner cette manière de voir et de célébrer la pédagogie divine. C’est bien cela que l’on célèbre avec la fête de l’Immaculée Conception : comment Dieu s’y prend-Il ? Et voici ce qu’Il fait.
Confions nos intentions à la Vierge-Marie, confions-Lui toutes les vies qui sont menacées dans le sein de leur mère. Confions-Lui tous ces débuts, nous qui allons de commencements en commencements, jusqu’au grand commencement qui est le face à face et qui durera toujours. L’Éternité n’est pas un seul commencement, on dit qu’elle n’est qu’un instant. Voici une belle invitation à nous laisser approcher par le Seigneur pour pouvoir être des témoins d’un dieu qui nous appelle des ténèbres à Son admirable lumière,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre de la Genèse 3,9-15.20
  • Psaume 98(97),1.2-3ab.3cd-4
  • Lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens 1,3-6.11-12
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 1,26-38 :

En ce temps-là, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie.
L’ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. »
À cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation.
L’ange lui dit alors :
— « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus.
Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. »
Marie dit à l’ange :
— « Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? »
L’ange lui répondit :
— « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu.
Or voici que, dans sa vieillesse, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils et en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait la femme stérile.
Car rien n’est impossible à Dieu. »
Marie dit alors :
— « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. »
Alors l’ange la quitta.