Homélie du 22e dimanche du Temps Ordinaire

1er septembre 2015

« Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. »

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Texte de l’homélie :

Frères et sœurs bien-aimés,

Après avoir, pendant plus d’un mois, au long des dimanches, écouté le discours de Jésus sur le Pain de Vie, apprenant que nous ne pouvions pas vivre que d’une nourriture matérielle, mais que nous avions à vivre de la Parole de Dieu, en cette rentrée scolaire, nous avons ce 22e dimanche, qui nous aide à écouter, à apprendre à écouter, et à marcher concrètement avec la Parole de Dieu, sans se faire illusion.

Dans sa lettre, Saint Jacques nous apprend à recevoir pleinement la Parole du Seigneur dans nos vies qui sont tellement quelques fois bouleversées, encombrées, pleines de choses inattendues. Il nous arrive de penser, comme Voltaire, que Dieu est un grand architecte, que tout doit être bien, et que si tout n’est pas bien, s’il y a un petit grain de sable c’est de Sa faute, et on va Lui faire un procès, et nous voilà embarqués dans la colère.
Et c’est très étonnant, parce que St Jacques commence à peu près ainsi sa lettre :

« Attention, ne vous étonnez pas d’être dans l’épreuve mais tenez bon. Les difficultés de notre vie, ne pensez pas qu’elles ne devraient pas être là, n’inventez pas un monde, nous sommes là. »


Mais Dieu, par sa Parole, va venir nous rejoindre, nous arracher aux ténèbres, et c’est là, comme le peuple d’Israël, que nous allons rencontrer le Seigneur.

Il faut alors oser, oser la prière, et une prière de foi. Si vous voulez grandir dans la sagesse, découvrir ce chemin, il faut demander avec simplicité au Seigneur, nous dit le disciple, et ne pas douter. Ne pas être un homme partagé : un petit peu pour le Seigneur, un petit peu aussi pour le monde, pour les choses qui m’arrangent…

Saint Jacques nous parle aussi d’une autre chose au début de sa lettre : ce sont les différences entre les hommes : le pauvre, s’il est élevé, qu’il soit plein de fierté. Et celui qui est riche, s’il est déclassé, qu’il ne se trouble pas. Parce que quels que soient nos chemins, nous sommes dans la main de Dieu, Il nous accompagne.
Alors st Jacques nous dit : faites attention ! nous risquons d’être pris par une certaine colère envers Dieu, une certaine « râlerie » envers Dieu, parce que ce devrait être autrement, etc.

Et donc, et c’est là que commence notre lecture, « ne vous y trompez pas » : Dieu ne peut pas nous poser de piège, il n’y a pas en lui ni d’éclipse ni de saute d’humeur, non. Il est là, Il est celui qui donne, qui est le Bien et qui nous le donne sans cesse. C’est Lui qui nous a engendrés par sa parole de vérité, parole fiable, afin que nous soyons, et ça c’est notre vocation : écouter la Parole, la laisser entrer, nous laisser transformer par cette Parole, nous laisser engendrer et devenir les prémices de ses créatures. Jésus dira : devenir du sel, ceux qui vont avoir du goût, ou être la lumières, ceux qui vont apporter une lumière, ou comme le dit le texte du Deutéronome aujourd’hui : tout le monde pourra s’émerveiller en disant :
« Waouw ! ça alors, quel Dieu c’est ! quelle beauté de ce message de l’Évangile… » Et voilà notre responsabilité.

Alors en ce début d’année, nous sommes poussés à réfléchir : comment est-ce possible ? Ce n’est pas pour dire « oui, moi, je suis le sel, je donne du goût à tout ! » Non. Mais comme Marie le dit : le Seigneur fit pour nous de grandes choses, le Seigneur nous a visités, le Seigneur a semé, Il a planté dans notre cœur. Il y a cette parole très belle : accueillez, débarrassez-vous de toute souillure, de toute méchanceté, et accueillez avec douceur ; la Parole plantée en vous est capable de donner le Salut aux âmes.

Nous avons un risque : écouter la Parole de st Jacques de manière distraite, ça rentre et puis ça sort, ou la regarder avec illusion, et ne pas la mettre en route, ne pas la mettre en dialogue. Notre prière n’est pas simplement celle d’adresser des monologues au Seigneur ! Notre prière, c’est rentrer en dialogue avec Lui, et ce n’est pas envoyer des faxes ou des sms ou des appels téléphoniques. C’est y mettre notre vie, nous laisser transformer, nous laisser être informés par le Seigneur, c’est oser appliquer telle ou telle Parole de l’Évangile, oser la mettre en œuvre personnellement, en groupe. Et petit à petit, cette plante va grandir et va devenir ce que le Seigneur rêve pour chacun de nous, que nous soyons le sel de la terre, la lumière, les prémices de sa Création, que nous puissions entrainer la Création dans le Salut.
Et voyez, l’illusion première serait de ne pas agir. La deuxième serait de considérer simplement la Parole comme un miroir dans lequel on se regarde, et avoir une prière où on est simplement tourné vers soi-même pour grandir soi-même mais qui n’est pas dans ce dialogue, un peu telle une prière pour mon développement personnel, pour être bien, parce que je recherche la paix, etc.

Non. Le Seigneur nous emmène plus loin ! Il nous invite ici à vivre cette religion pure, sans tache, devant Dieu. Et d’une manière très concrète, Il nous envoie visiter les orphelins, les veuves dans leur détresse. Allez, allez devant, sortez de chez vous ! La prière nous pousse à sortir, à essayer de rencontrer l’autre, à apprendre à trouver notre joie avec l’autre, donner de son temps, donner de son regard, donner cette écoute.

Et Jésus nous invite aussi dans l’Évangile à purifier notre relation au Seigneur, notre manière d’écouter. On a les Pharisiens et les Scribes ici qui sont descendus de Jérusalem pour discuter avec Jésus et trouver « la petite bête ». Ils appliquent toutes les traditions, le lavage des mains, etc. ces règles de pureté qui sont données. Et Jésus vient leur dire « Faites attention, vous risquez de détourner la Parole de Dieu » comme ce miroir qu’on utilise pour se regarder soi, ou bien pour se protéger du monde, pour se construire une forteresse et se protéger de l’extérieur, alors que Jésus nous invite à cette révolution : ce n’est pas le monde qui va nous contaminer, rien ne sert de se protéger et faire notre petit monde à nous, non.
Nous avons à accueillir la Parole de Dieu qui est puissance dans notre cœur. Exactement comme dans l’épisode de la femme hémorroïsse qui touche le pan du manteau de Jésus et qui a la peur de sa vie lorsque Jésus demande qui l’a touché, parce qu’elle se dit « je suis impure et je l’ai contaminé » et on découvre que Jésus sort cette force. La Parole de Dieu est cette force qui sort dans le monde et qui est capable de purifier, de nous purifier, et qui est capable par nous, dans la grâce de Dieu, de purifier tous ceux que nous approchons.

Demandons cette grâce de ce mouvement dynamique de la Parole de Dieu, de la recevoir, de la chérir, d’en prendre soin. Elle est souvent bien cachée au fond de notre cœur, au moins pour celle qu’on connaît, elle est fragile, et il nous revient tout au long de notre vie de la laisser grandir comme pour cette plante dont on prend soin.

Eh bien que notre prière se fasse avec ce soin, que nous devenions des membres du Royaume comme le dit Jésus dans sa parabole, c’est-à-dire ces grands arbres où même les oiseaux du ciel et les plus petites créatures peuvent venir se réfugier et peuvent vivre.

Amen.


Références des lectures du jour :

  • Livre du Deutéronome 4,1-2.6-8.
  • Psaume 15(14),2-3a.3bc-4ab.4d-5.
  • Lettre de saint Jacques 1,17-18.21b-22.27.
  • Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 7,1-8.14-15.21-23 :

En ce temps-là, les pharisiens et quelques scribes, venus de Jérusalem, se réunissent auprès de Jésus, et voient quelques-uns de ses disciples prendre leur repas avec des mains impures, c’est-à-dire non lavées.
Les pharisiens en effet, comme tous les Juifs, se lavent toujours soigneusement les mains avant de manger, par attachement à la tradition des anciens ; et au retour du marché, ils ne mangent pas avant de s’être aspergés d’eau, et ils sont attachés encore par tradition à beaucoup d’autres pratiques : lavage de coupes, de carafes et de plats.
Alors les pharisiens et les scribes demandèrent à Jésus :
— « Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens ? Ils prennent leurs repas avec des mains impures. »
Jésus leur répondit :
— « Isaïe a bien prophétisé à votre sujet, hypocrites, ainsi qu’il est écrit : Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi.
C’est en vain qu’ils me rendent un culte ; les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains.
Vous aussi, vous laissez de côté le commandement de Dieu, pour vous attacher à la tradition des hommes. »
Appelant de nouveau la foule, il lui disait
—  : « Écoutez-moi tous, et comprenez bien.
Rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui entre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur.
Car c’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses : inconduites, vols, meurtres,
adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure.
Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur. »