Homélie du 3e dimanche de carême

5 mars 2018

« Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. »

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Texte de l’homélie :

Puisque nous avons de nombreux couples qui sont avec nous durant cette célébration pour ce temps de retraite, si après discernement ils envisagent de se présenter devant l’autel du Seigneur pour échanger leur consentements, j’aimerais leur donner un conseil pour le choix des lectures de leur mariage.


Toute la Parole de Dieu vous est ouverte et parfois je ne suis pas très à l’aise avec ces catalogue de lecture qui sont donnés au fiancés pour qu’il choisissent, on comprend cela aide certains qui ne sont pas très familiers, mais toute la Parole de Dieu vous est ouverte. La lecture indique aussi un chemin que vous voulez suivre. La Parole de Dieu est une parole vivante.


Si un jour un couple de fiancés me demande cet évangile comme évangile de leur mariage, c’est un superbe évangile de mariage !

Cela me fait penser à un couple que j’accompagne, ils ont traversé des moments difficiles, ils se sont dit qu’ils allaient s’écrire l’un à l’autre ce qu’il voulaient pour la suite, de façon très clair : habiter à la campagne, habiter à la ville, être près de la mer, créer une entreprise… pour être sûr d’être bien d’accord.

J’ai halluciné, en leur disant que lors des crises dans le couple, ils regarderont ce qu’ils auront écrit. 

Cela m’a fait penser à cette parole de l’écriture, ce passage de l’évangile.


Il se passe ici la exactement la même chose : on a déifié la loi et on a légalisé Dieu. 

À travers ce passage un peu étonnant des marchands du temple, Jésus nous dit que nous avons oublié quelle est la source de la Loi.

Dans le choix d’un couple, ce n’est pas d’abord le choix par le menu d’un contrat qu’on ferait de ce qui va se passer après, mais c’est d’abord le choix d’une personne.
Parce qu’on est liés et ouverts aussi à la transcendance qu’est Dieu, les choses avancent et pas forcément comme on le pense.

Là il y a eu comme une déviance progressivement. Le psaume est absolument splendide :


La loi du Seigneur est parfaite qui redonne vie.


 Si nous cessons de voir le lien avec Celui qui a inspiré la loi, cette loi est mortifère, porteuse de mort. Je leur ai dit que s’ils continuaient comme cela dans leur couple, ils étaient déjà en train de semer la mort dans leur couple, de sonner le glas de leur couple.


Le commandement du Seigneur est limpide, il clarifie le regard.

La loi était là pour nous redonner cette capacité de nous tourner vers Dieu et non pas, comme le veau d’or, de faire quelque chose à notre image. Mais c’est tellement humain ! On veut tellement tout maîtriser ! Tout est tellement judiciaire aujourd’hui. Jésus a dit :


Je mettrai ma loi au fond de votre être.


 La loi, la Torah et singulièrement la loi mosaïque, c’est-à-dire la loi de Moïse, inspirée par Dieu, est justement là pour replonger à l’intérieur. On ne pouvait pas le voir face-à-face tellement il rayonnait.


Jésus vient rappeler ce qui est source de vie, ce n’est pas pour rien que l’Évangile termine justement de cette façon :


Quand il se réveilla d’entre les morts, ses disciples se rappelaient qu’il avait dit cela, ils crurent à l’Écriture.

C’est à partir de la résurrection du Christ que s’éclaire tout le reste. Parce que là on a une lumière transcendante, quelque chose qui balaye tout le reste de l’histoire humaine jusqu’au commencement et c’est pour cela aussi que Jésus rappelle en matière de mariage les commencements, pas comme une nostalgie, mais comme une source vive qui alimente en chaque endroit le fleuve. 


Mais en nous il y a une force de mort, quelque chose qui préférerait mourir plutôt que de s’abandonner. C’est ennous et c’est tout le combat spirituel que nous sommes appelés à livrer en ce temps de Carême, un dépouillement intérieur, un lâcher prise. Tout cela nous est tellement complexe, nous préférons judiciariser Dieu et tout contrôler. 


Justement le Seigneur nous remet devant ce que à quoi Dieu nous a appelé, la loi inscrite dans nos cœurs, c’est la grande nouveauté du christianisme, cette loi là n’est pas extérieure, ou si elle est extérieure, elle nous rappelle toujours l’intérieur. 


Demandons au Seigneur de nous aider, pendant ce temps de carême, de ne pas avoir ces fausse images de Dieu.


Puisse le Seigneur, par l’intercession de la Sainte Vierge, elle qui est l’Arche d’alliance qui porte la Loi au fond de son être, de nous aider dans ce cheminement intérieur. 


Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre de l’Exode 20,1-17.
  • Psaume 19(18),8.9.10.11.
  • Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 1,22-25.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 2,13-25 :

Comme la Pâque juive était proche, Jésus monta à Jérusalem.
Dans le Temple, il trouva installés les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs.
Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple, ainsi que les brebis et les bœufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs, et dit aux marchands de colombes :
« Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce. »
Ses disciples se rappelèrent qu’il est écrit : ‘L’amour de ta maison fera mon tourment.’
Des Juifs l’interpellèrent : « Quel signe peux-tu nous donner pour agir ainsi ? »
Jésus leur répondit : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. »
Les Juifs lui répliquèrent : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèverais ! »
Mais lui parlait du sanctuaire de son corps.
Aussi, quand il se réveilla d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ; ils crurent à l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite.

Pendant qu’il était à Jérusalem pour la fête de la Pâque, beaucoup crurent en son nom, à la vue des signes qu’il accomplissait.
Jésus, lui, ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous et n’avait besoin d’aucun témoignage sur l’homme ; lui-même, en effet, connaissait ce qu’il y a dans l’homme.