Homélie du deuxième dimanche de Pâques

26 avril 2017

Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. »

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Texte de l’homélie :

Un jour quelque part dans un diocèse, une paroisse se retrouve sans curé. L’évêque nomme un nouveau curé après un an, il lui fait confiance. Puis, au bout de 6 mois, il est curieux, il veut venir voir comment cela se passe.
Le curé lui fait visiter son église, qui est impeccable, toute propre, il lui présente les responsable de la catéchèse, puis la chorale qui se réunit, bref, l’évêque voit que cette paroisse est redevenue tout d’un coup très vivante et il en est très heureux.
Pour préserver l’humilité du curé, l’évêque lui dit :
— « Cher Père, que faites-vous du beau travail avec l’Esprit Saint ? »,
Le curé lui répond :
— « Monseigneur, si vous aviez vu l’état de la paroisse quand l’Esprit Saint était seul à s’en occuper ! »…

Aujourd’hui, frères et sœurs, nous sommes invités à recevoir une responsabilité, mais avec l’Esprit Saint.

La responsabilité citoyenne

Aujourd’hui, 23 avril 2017, notre responsabilité c’est d’abord une responsabilité citoyenne, celle d’aller voter au premier tour des élections présidentielles.

La responsabilité de se former

De la première lecture, j’entends une autre responsabilité, c’est une responsabilité proprement chrétienne, c’est celle de se former.
Je m’adresse aux jeunes qui passent ce weekend ici à Ourscamp, si vous êtes là à passer un weekend, je pense que vous êtes en train de vous former. Vous prenez du temps pour grandir dans la foi et vous faites cela dans une abbaye, vous auriez pu faire cela dans un séminaire de coaching ou de médecine orientale pour développer votre bien-être. Vous êtes là, à Ourscamp et vous mettez en pratique la toute première phrase de la première lecture.

C’est après la Pentecôte, à Jérusalem, on nous fait une belle description sur ce que font les chrétiens au début de L’Église. Sont énumérées un certain nombre d’activités, la première étant :

« Ils sont assidus à l’enseignement des apôtres. »

Cela veut dire que quand je deviens chrétien, j’ai besoin de me former et d’entendre, d’écouter quel est l’enseignement des apôtres. Ce n’est pas seulement écouter l’enseignement des prêtres, ou des évêques, ou du pape, il y a des apôtres parmi les laïcs et je crois que pendant ce weekend vous n’avez pas écouté que des prêtres. Il y a de saints laïcs qui ont de vraies compétences et qui sont vraiment apôtres. Oui, se former c’est une vraie responsabilité. Nous qui sommes prêtres, ou religieux, nous continuons à nous former pendant toute notre vie. Et dans la vie professionnelle, quand on arrête de se former, on va stagner. N’importe quel métier demande une formation permanente. Formation citoyenne pour voter, formation chrétienne pour écouter l’enseignement des apôtres d’aujourd’hui et d’hier, il y a une troisième responsabilité, c’est dans l’Évangile.

La responsabilité du pardon

Quand même, ce Jésus, est un peu bizarre. Que fait-il dans l’évangile ?
D’abord, il vient. Deux jours après la croix, pouvez-vous vous imaginer quelle était l’ambiance le jour du vendredi saint ? L’ambiance le jour suivant entre les 11 est plutôt morose, apeurés, ils sont reclus, ils ont peur et ils ne sont pas fiers. Ils n’ont pas été à la hauteur.
L’un des douze a trahi, le chef de la bande avait dit à Jésus qu’il ne l’abandonnerait jamais et en fait il l’a abandonné, et les 10 autres ont fui au moment de l’arrestation. Pas un n’a réclamé la libération de Jésus auprès de Pilate, et quand Pilate a demandé à la foule si elle voulait Barrabas ou Jésus, aucun n’a demandé Jésus. La vox populi a fait le mauvais choix.

Et Jésus vient. Il ne vient pas devant eux, Il ne vient pas derrière, Il vient au milieu.
Jésus, à la messe, est au milieu de nous. Je ne sais pas si des ingénieurs pourraient calculer le point central de notre assemblée, on trouverait là où est Jésus.
Mais il est aussi au milieu de moi, en moi, par son Esprit, si je l’accueille il est vraiment là au milieu de ma vie.

Donc d’abord Jésus vient et il est là au milieu, il apporte la paix.
Mettez-vous à la place de Jésus, qu’auriez-vous dit à 11 de vos meilleurs amis qui vous ont laissé tomber 2 jours plus tôt dans une circonstance plutôt difficile ? Quelle est la première parole que vous leur dites ? Vous leur passez un savon ! Vous leur demandez des comptes.

Quand Jésus est là, ressuscité au milieu de ses disciples qui ne sont pas fiers, qui sont apeurés, qui sont dans leur « petits souliers », Jésus leur donne une responsabilité.
Il les envoie en mission et il commence par souffler sur eux pour leur donner l’Esprit Saint. Ceux qui ont déjà participé à une messe chrismale ont peut-être remarqué qu’à un moment l’évêque souffle sur le Saint chrême au moment de le consacrer pour invoquer l’esprit de sainteté qui va venir, à travers ces huiles et la célébration des sacrements, remplir ceux qui vont les recevoir : les malades, les catéchumènes, les baptisés, les confirmés, les ordonnés.

Jésus vient au milieu.
Jésus donne une responsabilité et au lieu de leur passer un savon, il leur demande de pardonner. C’est fou !
A ce moment-là c’est eux qui ont besoin d’être pardonnés.
D’une certaine manière Jésus leur dit qu’il ne retient pas leurs péchés, mais il leur donne une vraie responsabilité qui est d’ordre divin. Si vous vous pardonnez aux autres, Dieu vous obéira et cela leur sera pardonné, et si vous vous maintenez les péchés des autres, Dieu vous obéira et ce sera maintenu.
Jésus ne retient pas les péchés, il faudrait être gonflé pour ne pas faire comme Jésus !

Je comprends cela comme la nouveauté de la miséricorde divine, manifester dans le Ressuscité qui consiste à dire « je passe », « tu as failli, tu as manqué, je te demande à toi de pardonner aux autres ».
C’est à la fois une manière pour Jésus de donner le pardon à ses disciple, et de leur permettre, eux aussi, de pardonner aux autres.

Elle est là notre responsabilité, frères et sœurs, en ce jour où nous fêtons la miséricorde divine.
Acceptez-vous de pardonner de tout votre cœur ?
Y-a-t-il une personne de votre entourage contre laquelle vous avez encore une dent ?
Peut-être pourrions-nous aujourd’hui présenter cette personne au Seigneur et lui demander de souffler sur nous, de nous donner l’audace d’oser pardonner à cette personne.
Nous recevons cette responsabilité d’être des « pardonneurs », d’être miséricordieux comme le Père et comme le Ressuscité.

Continuons à nous former, pour notre métier, pour notre vie chrétienne. Que la Miséricorde soit au milieu de nous,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre des Actes des Apôtres 2,42-47.
  • Psaume 118(117),2-4.13-15ab.22-24.
  • Première lettre de saint Pierre Apôtre 1,3-9.
  • Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 20,19-31 :

C’était après la mort de Jésus. Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! »
Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint.
À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »
Or, l’un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), n’était pas avec eux quand Jésus était venu.
Les autres disciples lui disaient :
— « Nous avons vu le Seigneur ! »
Mais il leur déclara :
— « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »

Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! »
Puis il dit à Thomas :
— « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. »
Alors Thomas lui dit :
— « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Jésus lui dit :
— « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »

Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre.
Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.