Texte de l’homélie
Cher frères et sœurs
Nous arrivons au terme de ce Triduum le Jeudi saint ce fut l’admirable institution de l’Eucharistie, puis Jésus marchant vers S Passion et sa mort, enfin ce fut le Grand Silence du Samedi Saint…
En y réfléchissant : pourquoi vient maintenant la Résurrection ? Qu’apporte-t-elle de nouveau, de plus ? Car finalement le meilleur du Christ semble avoir été donné dans les jours qui précèdent : Sa prédication durant Sa vie publique, Ses guérisons, puis cette admirable patience dans Sa Passion, le don de Sa vie, l’absolu de la charité
Vendredi Saint, nous avons touché un sommet, un sommet que Jésus désigne Lui-même :
« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. »
Et le centurion ne s’y trompe pas, il n’a pas besoin de la Résurrection pour s’exclamer :
« Celui-là était vraiment le Fils de Dieu »
Dieu s’est révélé tout entier, dans la plénitude de Son amour.
Alors peut-on aller plus haut que le sommet ? que peut-on attendre de plus du Christ, quel autre exemple ? Nous l’avons chanté :
Comme exemple pour nous, il est vrai que la carrière de Jésus s’arrête à Sa Passion. On ne peut par nos forces l’imiter dans Sa Résurrection. Mais nous nous trompons sur le sens de notre foi : quand on est chrétien, il ne s’agit pas simplement de bien agir ou de bien souffrir. Voilà parfois à quoi peut nous mener notre mentalité, une mentalité peut être un peu moraliste : on doit "faire des choses pour Dieu"…
Mais à la Résurrection, si je puis dire, on ne peut plus rien pour lui, on ne peut plus non plus l’imiter. Alors, on peut se sentir démunis…
Mais on oublie une grande chose : vivre le Christianisme, c’est d’abord se laisser combler de manière tout à fait imméritée ! Et la Résurrection, c’est Jésus qui Se laisse combler par le Père :
« Il a pris la forme d’esclave, Il s’est fait obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix, c’est pourquoi Dieu l’a exalté ! »
Voilà : d’une certaine façon la Résurrection c’est la grâce des grâces ! L’immense don du Père au Fils. Et chères jeunes qui allez être baptisées, ; vous vous préparez à recevoir aussi une grâce imméritée, un cadeau sans prix que Dieu veut vous faire ! cette vie nouvelle, Dieu nous l’offre. Les prophètes étaient émerveillés de sa gratuité !
« Même si vous n’avez pas d’argent, venez acheter et consommer, venez acheter du vin et du lait sans argent, sans rien payer. »
Vous le savez bien frères et sœurs, quand on est un peu fidèles dans la foi, on peut être très bon quand il faut donner. Ma vieille tante déployait des trésors de générosité, mais elle ne savait pas recevoir et se laisser combler.
Les Pharisiens étaient des gens généreux, mais ils donnaient tant à Dieu qu’ils oubliaient d’en recevoir…
Et voyez celle qui a le mieux compris la Résurrection, c’est Marie-Madeleine, puisqu’on l’appelle l’apôtre des apôtres : c’est elle qui va annoncer la nouvelle du tombeau vide à Pierre et Jean. Pourquoi ? C’est parce qu’elle s’est laissé rejoindre par le Seigneur. Elle s’est laissée pardonner, elle s’est laissée ressusciter par le Christ, elle qui par le péché était morte. Elle a appris à se faire accueil. Et voilà qu’aujourd’hui ; Jésus lui apparaît parce que par Sa Résurrection, Il se donne tout entier à elle, tout entier à chacun de nous. Rien ne Le sépare de nous, Son cœur du nôtre.
Car le Seigneur, c’est l’Esprit, dit Saint Paul. Comme Esprit, Il n’est plus limité par Son corps mortel. Son corps glorieux fait de Lui un cadeau pour chacun de nous. Voilà pourquoi Marie-Madeleine peut L’accueillir et qu’elle précède les Pharisiens…
Mais allons plus loin : pourquoi aujourd’hui Amélie et Chelsy demandent-elles le baptême ? Ce n’est pas simplement pour viser une excellence… Nous l’avons dit : suivre le Christ ça ne sert pas qu’à devenir meilleur. L’amour, le don de nous-mêmes, disons-nous le bien, ne suffit pas s’il n’y a pas la joie !
« Il n y a pas d’amour heureux » disait le poète Aragon. Eh bien, avec la Résurrection, on peut dire : l’amour est heureux ! Bien sûr pas n’importe quel amour ! Mais Se livrer, Se donner, Se donner tout entier comme Jésus l’a fait, ce n’est pas un piège : c’est par là que nous viendra un bonheur que nul ne peut imaginer.
Certains, en se consacrant tout entier à des causes avec une immense générosité, ont été bien déçus et en sont revenus très amers. Je pense à Sergei Kourdakof, ce jeune militaire soviétique. Il fait une carrière brillante dans les années 60-70, il grimpe les échelons, enthousiasmé par le service de son pays, mais dans l’idéal communiste. Puis un jour, il surprend tous les dignitaires du parti s’adonnant à une sorte d’orgie désespérée, et il comprend que l’idéal n’était qu’un leurre, et il en devient terriblement amer…
Rien de cela ne nous arrive, si nous nous donnons au Christ, si nous travaillons pour le Royaume : le Seigneur nous comblera. Écoutons Paul :
« Mais ce que nous proclamons, c’est, comme dit l’Écriture : ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas venu à l’esprit de l’homme, ce que Dieu a préparé pour ceux dont il est aimé. »
Et qu’est ce que Dieu a préparé pour ceux qu’il aime ? son propre Fils, ressuscité. Vous vous souvenez de ces lignes de Jean de la Croix : « Les anges sont à moi et la Mère de Dieu est à moi. Tout est à moi et pour moi puisque le Christ est à moi et tout entier pour moi ! »
Et ce Christ qui est à nous, c’est Le Ressuscité qui nous donne part à Sa joie, parce que nous devenons un seul être avec Lui. Tout de Son cœur peut être nôtre.
Voilà par quoi sont attirés les 10 000 catéchumènes baptisés hier et aujourd’hui : ils sont attirés par cette joie inaltérable du Ressuscité.
Certes les mêmes difficultés subsistent : celles de mon avenir professionnel, d’un choix de vie, les difficultés liées à la famille, aux sentiments, peut-être aussi à nos faiblesses et nos péchés. Mais au milieu de tout cela, il y a un roc : la Résurrection de Jésus. Car, qui est Jésus ressuscité ? c’est Celui sur qui la mort n’a plus aucun pouvoir. La Mort, c’est-à-dire la tristesse, l’angoisse, la désespérance….
Mais le Christ ressuscité laisse ça derrière Lui et Il nous y fait participer cette invulnérabilité ! Pas en plénitude certes, mais réellement.
Car finalement, que nous apporte ce Ressuscité ? Eh bien, c’est le Ciel même ! Recevoir le Ressuscité, c’est recevoir un avant-goût du Paradis. Voilà ce que fait la Résurrection, elle nous ouvre les horizons du Ciel. Après cela, on ne vit plus pareil…
Si ce bonheur nous pénètre, nous voudrons l’annoncer et c’est notre vie transformée qui d’abord l’annoncera. Un parfum d’un autre monde émanera de chacun, de nos communautés.
Nous n’avons pas le choix, trop d’hommes et femmes languissent, accablés par les tristesses, le non-sens, les sarcasmes parfois. Ils espèrent souvent secrètement cet autre monde. Ne décevons pas leur attente. Que Marie nous y aide.
Amen !
Références des lectures du jour :
- Livre des Actes des Apôtres 10,34a.37-43.
- Psaume 118(117),1.2.16-17.22-23.
- Lettre de saint Paul Apôtre aux Colossiens 3,1-4.
- Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 20,1-9 :
Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; c’était encore les ténèbres. Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau.
Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. »
Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau.
Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ; cependant il n’entre pas. Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place.
C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.