Homélie du 2e dimanche du Temps Ordinaire

22 janvier 2015

André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux disciples qui avaient entendu Jean Baptiste et qui avaient suivi Jésus.
Il trouve d’abord son frère Simon et lui dit : « Nous avons trouvé le Messie (autrement dit : le Christ).

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Texte de l’homélie :

Frères et sœurs bien-aimés,

Croyez-vous au hasard ?
Pour la messe d’hier, la liturgie nous offrait deux lectures, l’une avec l’appel de Saül, l’autre l’appel de Levi. Pour la messe de ce jour, plusieurs appels nous sont présentés : Samuel dans la première lecture, Jean, André et Pierre dans l’Évangile. Par son Église, le Seigneur nous invite sans aucun doute à méditer sur l’appel.

Quelques considérations sur l’appel

Le terme « appel » indique clairement que l’initiative vient de Dieu. Comme le disait très bien Jean-Paul II : « Le Seigneur dit au prophète Jérémie que sa vocation faisait partie du dessein éternel de Dieu avant même qu’il soit né :

« La parole de Dieu me fut adressée : Avant de te former dans le sein de ta mère je te connaissais ; avant que tu ne sortes à la lumière, je t’avais consacré, je t’ai établi prophète des nations. » (Jérémie 1, 4-5)

Ces paroles nous rappellent que chaque personne a une place dans le projet de Dieu et que chacun de nous devrait écouter attentivement la voix de Dieu dans la prière pour découvrir l’appel spécial que nous avons reçu dans le Christ. » (JP II, 2 sept 1990)

Ce terme « appel » nous dit clairement que, bien que nous n’ayons pas tous la même vocation, nous sommes tous désirés par Dieu. Nous ne sommes pas sur terre par hasard. Si Dieu avait pensé que notre vie ne valait pas la peine, nous ne serions pas là. Le fait même d’exister indique que Dieu pensait que nous étions un élément important dans l’univers. Avant même de vouloir construire notre vie, nous sommes appelés à la recevoir.

« Béni sois-tu Seigneur de m’avoir créé ! »

Par appel, il ne faut pas entendre simplement l’appel à la vocation sacerdotale ou religieuse. Ce terme est ici plus large. Il peut s’agir de l’orientation vers un état de vie (vie consacrée ou mariage) mais aussi d’une mission particulière à laquelle le Seigneur nous appelle. Cette forme d’appel nous concerne tous, même si nous sommes déjà engagés dans un état de vie.

Les récits de vocation qui nous sont offerts aujourd’hui mettent en valeur quelques éléments importants pour accueillir une vocation.

Entendre l’appel (être en mesure d’entendre l’appel)

Le Seigneur peut bien sûr nous appeler même dans des chemins de traverse. Il y a de nombreux exemples de conversion fulgurante pour des hommes ou des femmes qui semblaient très loin de Dieu. Cependant, il y a des circonstances dans lesquelles nous sommes plus à même d’entendre l’appel de Dieu. Samuel a entendu l’appel de Dieu parce qu’il était dans le sanctuaire : Anne, sa mère, l’y avait conduit et Eli prenait soin de lui. De même les apôtres étaient en recherche.

Il ne s’agit pas d’être bien sous tous rapports. Nous ne sommes jamais trop nuls pour entendre un appel. Il est important de ne pas « fermer le rideau » tout de suite (comme Zacharie) en disant : « ce n’est pas pour moi ». Samuel n’est encore qu’un enfant et à cette époque, l’enfant n’était pas considérer comme un être parfait. Dieu se plaît à se manifester dans la faiblesse humaine.

Alors que Jérémie disait : « Ah, Seigneur Dieu, je ne saurais parler, je suis trop jeune ! »
Dieu lui a répondu : « Ne dis pas je suis trop jeune !… N’aie peur de personne, car je suis avec toi pour te libérer. » (Jr 1, 7)

Nous ne serons jamais à la hauteur de l’appel que Dieu nous adresse. Ne disons pas trop vite : je ne serai pas capable. Prenons le temps du discernement.

Discerner l’appel (avec l’aide d’un intermédiaire)

Un deuxième élément qui revient avec force dans la première lecture et l’évangile, c’est l’importance des intermédiaires pour discerner. Au départ, Samuel n’avait pas compris que c’était Dieu qui l’appelait ; c’est le prêtre Eli - qui par ailleurs n’avait pas une vie irréprochable - qui l’a compris le premier et a indiqué à Samuel l’attitude à adopter pour être en mesure d’entendre Dieu lui parler. A travers ce récit nous voyons aussi que nous avons quelquefois du mal à interpréter l’appel de Dieu : 3 fois, Samuel a cru que c’était Eli qui l’appelait.

Dans l’Évangile, c’est Jean-Baptiste qui a discerné en Jésus l’Agneau de Dieu. C’est alors que les deux disciples se sont mis à suivre Jésus. Puis à son tour, c’est sur la parole d’André que Pierre est venu jusqu’à Jésus. Le Seigneur se plait à passer par des intermédiaires.
Les intermédiaires que les lectures nous présentent (Eli et Jean-Baptiste) sont habitués aux choses de Dieu. Pour nous, l’intermédiaire peut être un prêtre, une personne consacrée ou un laïc pourvu qu’il ait une certaine expérience spirituelle.
Ces intermédiaires ne disent pas forcément ce qu’il faut faire : Jean-Baptiste se contente de désigner l’Agneau de Dieu et les deux disciples le quittent pour se mettre à la suite de Jésus. Élie est plus précis :

« Retourne te coucher, et si l’on t’appelle, tu diras : Parle, Seigneur, ton serviteur écoute. »

Dans tous les cas, ces intermédiaires sont au service d’une relation directe avec Dieu. En aucun cas ils ne sont un passage obligé. A un certain moment ils s’effacent pour laisser la personne en contact direct avec Dieu. Ils se contentent d’aider à répondre à l’appel. Cela exige d’eux un grand détachement dont nous avons un modèle en Jean-Baptiste : « Qu’il croisse et que je diminue ». Il ne choisit pas à la place des apôtres. C’est à eux de se mettre en route. On ne peut pas laisser les autres décider pour nous.

Répondre à l’appel (disponibilité)

La réponse à l’appel est éminemment personnelle. Non seulement personne ne peut entendre l’appel à notre place mais personne ne peut répondre à notre place. En effet, Dieu n’attend pas de nous une réponse passive où nous nous contenterions de laisser disposer de nous. Dieu attend que nous mettions toutes nos ressources au service de la mission à laquelle il nous appelle. La réponse de Samuel, « Me voici », est le reflet de sa totale disponibilité pour collaborer à la grâce de Dieu.

C’est cette disponibilité qui apparaît aussi dans l’attitude des apôtres. Le récit donne l’impression qu’ils n’ont rien d’autre à faire. Pourtant, nous savons qu’André et Pierre avaient un métier. Mais nous voyons bien qu’il passe au deuxième plan par rapport à cette rencontre avec Dieu. Les priorités sont claires dans leurs esprits.

C’est de la générosité dans la réponse à cet appel que dérive sa fécondité. Déjà dans la première lecture, l’auteur met en évidence la fécondité du ministère de Samuel avec la qualité de sa réponse.

« Samuel grandit, le Seigneur était avec lui, et aucune de ses paroles ne demeura sans effet. »

Ce sera aussi le cas pour les apôtres. On ne peut rester assis entre deux chaises. A un certain moment, le Seigneur attend que nous nous donnions tout entier.

Conclusion

Que vous proposer comme direction pour cette semaine ? Cela s’adresse à tous, y compris ceux qui ont déjà opté pour un état de vie (mariage ou vie consacrée) car le Seigneur ne s’arrête pas de nous parler le jour où nous nous sommes engagés dans un état de vie. Au contraire, il souhaite que nous restions toujours ouverts à ses appels et sa volonté : qu’attends-tu de moi ? Que veux-tu que je fasse ?

Ne prétextons pas trop vite de notre nullité, de notre emploi du temps surchargé, … pour « baisser le rideau ». Prenons le temps de laisser résonner la Parole de Dieu en nous,

Amen.


Références des lectures du jour :

  • Premier livre de Samuel 3,3b-10.19.
  • Psaume 40(39),2ab.4ab.7-8a.8b-9.10cd.11cd.
  • Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 6,13c-15a.17-20.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 1,35-42

Jean Baptiste se trouvait avec deux de ses disciples.
Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu. » Les deux disciples entendirent cette parole, et ils suivirent Jésus.

Celui-ci se retourna, vit qu’ils le suivaient, et leur dit :
— « Que cherchez-vous ? »
Ils lui répondirent :
— « Rabbi (c’est-à-dire : Maître), où demeures-tu ? »
— Il leur dit : « Venez, et vous verrez. »
Ils l’accompagnèrent, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. C’était vers quatre heures du soir.

André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux disciples qui avaient entendu Jean Baptiste et qui avaient suivi Jésus.
Il trouve d’abord son frère Simon et lui dit :
— « Nous avons trouvé le Messie (autrement dit : le Christ).

André amena son frère à Jésus. Jésus posa son regard sur lui et dit :
— « Tu es Simon, fils de Jean ; tu t’appelleras Képha » (ce qui veut dire : pierre).