Homélie du 31e dimanche du Temps Ordinaire

3 novembre 2011

« Ne vous faites pas non plus appeler maîtres, car vous n’avez qu’un seul maître, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.
Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé. »

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Texte de l’homélie :

Lorsque Jésus dit : « Ne prenez pas le nom de maître », il signifie : ne vous prenez pas comme source, comme celui qui est à l’origine.
Le Saint-Père nous rappelle régulièrement les dangers du relativisme. Cette théorie si répandue tend à nier toute réalité objective, mais à favoriser une définition du bien et du mal centrée sur ma propre subjectivité. N’est-ce pas aussi une manière de se prendre comme source, de ne pas accueillir le réel tel qu’il est, de ne pas se laisser féconder par le réel jusque dans son intelligence ?

La pratique de l’humilité jusque dans notre vie spirituelle

Au fond, le Seigneur nous appelle à l’humilité en reconnaissant d’abord que nous sommes créatures, que faisons l’acte de reconnaître notre créateur. Nous ne sommes pas à l’Origine.
De la même manière, nier Dieu de sa vie revient à se prendre soi-même pou Dieu : on ne peut adorer deux maîtres à la fois…
Il est important de se remettre dans cette disponibilité face au Seigneur, dans cette attitude d’humilité, et c’est un combat pour nous. Nous ressentons bien que nous portons en nous un désir d’infini, ne serait-ce que notre intelligence qui est spirituelle, faite pour contempler Dieu. Elle a quelque chose à l’image et à la ressemblance de Dieu.
Alors utilisons notre intelligence non pas pour nous reconnaître comme origine, mais nous accueillir de la part du Seigneur

Dans l’évangile de ce jour, on voit bien comment les pharisiens chosifient la parole de Dieu et rendent Dieu à leur image. De notre côté, nous pouvons être tentés de donner des indications sur ce que c’est d’être chrétien. Mais, prenons garde à ne pas considérer des choses extérieures au détriment des choses du cœur, comme le dénonce la parole : « tu m’honores des lèvres, mais ton cœur est loin de moi ».
Il est important que nous nous laissions dépasser par le mystère de Dieu, car il est bien plus grand que ce que l’on peut en dire.

L’humilité, une pratique indispensable pour le prédicateur…

Hier, à l’office des lectures, en communauté, nous lisions un passage de Saint Augustin qui rappelait que les prédicateurs doivent prêcher avec tremblement (et c’est avec tremblement que je m’adresse à vous !), car ils seront amenés à être jugés à l’aune de leur prédication. On peut parler dans la confiance grâce à la miséricorde de Dieu, mais sinon, personne n’oserait rien dire !
La prédication, c’est d’abord pour soi-même qu’on la fait. Et c’est beau de se laisser façonner par le Seigneur, de guetter en moi l’envie de toute-puissance : esprit d’orgueil, esprit de domination, car tout cela m’empêche de le reconnaître créature ; vouloir que l’autre soit aussi à mon image, à ma ressemblance
Nous méditons aujourd’hui dans cette retraite sur la vie communautaire, et chacun, en famille, en communauté religieuse, quand nous sommes appelés à un contact avec les autres comment les conflits et les problèmes de relations sont dus à des manques d’humilité, à un désir de dominer, de se prendre pour Origine, et à ne pas accueillir l’autre comme autre que moi

L’humilité à l’école de la Vérité

Alors, demandons au Seigneur cette grâce de l’humilité. Comme le disait la Grande Thérèse :

« L’humilité, c’est marcher en vérité »

Et pour savoir ce qu’est la vérité, c’est le curé d’Ars qui nous répond :

« L’homme est un pauvre qui a besoin de tout demander à Dieu »

Et si l’on prend conscience de cela, notre vie spirituelle reprend un souffle : on se voit dans une fragilités, certes, mais celle-ci ouvre des portes au Seigneur pour qui puisse déverser en nous l’abondance de ses grâces.

Demandons donc au Seigneur cette grâce particulière d’une conversion intérieure, de déraciner en nous l’esprit d’orgueil, ce désir d’avoir toujours raison, le dernier mot sur tout, mais au contraire de nous accueillir les uns les autres comme un mystère, comme on accueille Dieu, le « Tout Autre », pour pouvoir l’accueillir un jour dans l’Éternité,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre de Malachie 1,14b.2,1-2b.8-10.
  • Psaume 131(130),1.2.3.
  • Première lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens 2,7b-9.13.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 23,1-12 :

Jésus déclarait à la foule et à ses disciples :
« Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse.
Pratiquez donc et observez tout ce qu’ils peuvent vous dire. Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas.
Ils lient de pesants fardeaux et en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt.
Ils agissent toujours pour être remarqués des hommes : ils portent sur eux des phylactères très larges et des franges très longues ; ils aiment les places d’honneur dans les repas, les premiers rangs dans les synagogues, les salutations sur les places publiques, ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi.
Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n’avez qu’un seul enseignant, et vous êtes tous frères.
Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux.
Ne vous faites pas non plus appeler maîtres, car vous n’avez qu’un seul maître, le Christ.
Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.

Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé.