Homélie du 9e dimanche du Temps Ordinaire

13 mars 2011

« Il ne suffit pas de me dire : ’Seigneur, Seigneur !’, pour entrer dans le Royaume des cieux ; mais il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux. »

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Texte de l’homélie :

Quand on est au séminaire, et que l’on essaye de rentrer dans la philosophie morale, il est un adage important : « l’agir suit l’être ».
Je suis chrétien, qu’est-ce que je dois faire ? Car il s’agit bien de faire quelque chose !
Le Seigneur nous dit : ’Attention, ne vous y trompez pas. Si vous m’écoutez mais que vous ne mettez pas en pratique, même si vous faites des choses extraordinaires, comme chasser les démons, faire beaucoup de miracles, être prophète…’ Et qu’y a-t-il de commun entre ces actes extraordinaires, si ce n’est qu’ils touchent les autres et non pas soi-même ?
Le Seigneur nous dit donc ’Si tu écoutes la parole, et que tu ne la mets pas en pratique, cette parole ne te transformera pas à l’intérieur !’
Et même si tu poses des actes extraordinaires…
Le Seigneur nous met en garde contre un certain dualisme.
Nous avons cette foi en Jésus, nous croyons en sa parole, en sa personne. Mais en même temps, nous prenons conscience que, au fur et à mesure que nous avançons dans notre vie spirituelle, nous avons du mal à poser des actes en conformité avec notre foi. Et saint Jacques dira ’Montre-moi ta foi qui n’agit pas, moi c’est par des actes que je te prouverai ma foi.’

Il nous faut prendre conscience de ce qui nous empêche d’agir.
Ce qui peut nous empêcher d’agir :

  • un certain intellectualisme : le désir de tout comprendre par le menu, avant de poser des actes. Le Seigneur nous demande tout simplement de faire, et au fur et à mesure où nous posons les actes, où nous participons de l’Eucharistie par exemple, notre cœur s’ouvre, notre intelligence est élevée, et nous comprenons alors cette demande d’assister à la messe. Cet orgueil qui nous fait rester dans cette morale de l’intention : le velléitaire…
  • La paresse. l’omission : j’ai vu un bien à faire, et je ne l’ai pas fait. Je n’ai pas progressé.
  • un certain spiritualisme : on reste dans une relation à Dieu, Dieu et moi, moi et Dieu, cela me fait des tas d’émotions à l’intérieur, mais je ne prends pas conscience que le chrétien est levain dans la pâte, sel et lumière du monde. Le chrétien est amené à avoir une expérience spirituelle, mais aussi à transformer le monde, à poser des actes qui rendent le monde meilleur, et c’est parce qu’il pose des actes qui rendent le monde meilleur que sa foi grandit !

L’Espérance nous pousse à l’action, ici et maintenant.
Si je reste simplement dans une relation spirituelle, mais qu’elle ne s’ancre pas dans une incarnation, dans ma vie, petit à petit, c’est ma foi elle-même qui est en danger. Parce que ma foi n’a plus les raisons suffisantes pour progresser.

Parce que j’ai posé des actes de foi, quand vient la tempête, j’ai en moi-même par la grâce de Dieu, par les actes qui m’ont petit à petit transformé, une force qui me permet de traverser et de m’enraciner dans le Christ. Sinon je reste très fragile, je ne trouverai pas en moi ce recours de la grâce qui vient aussi par notre collaboration.

Le Seigneur nous demande à chacun d’entre nous : qu’est-ce que je peux faire pour grandir dans la vie de foi, d’espérance et de charité. Quels actes est-ce que je peux poser ?
« Ils disent, mais ne font pas ! » est un contre-témoignage qui a éloigné un certain nombre de personnes de l’Église.

Le Seigneur nous demande de nous attacher ces commandements comme un signe, pour faire mémoire de son Alliance avec nous.
Dans chaque Eucharistie, nous faisons mémoire, par notre présence nous posons un acte.
D’acte en acte, nous nous bonifions, c’est ce que nous appelons le chemin vers la sainteté. Si j’en reste à l’intention, je suis le plus malheureux de tous les hommes.

Au seuil du Carême, posons-nous la question : quel acte, même petit, mais à ma portée, puis-je m’engager, devant le Seigneur, à travailler ?
« Que dois-je faire, Bon Maître, pour avoir la vie éternelle ? »
Alors je pourrai présenter au moment de la rencontre avec Dieu, mes actes, bien modestes, bien imparfaits, mais avec le désir d’être un jour dans le face à face avec Lui,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre du Deutéronome 11,18.26-28.32.
  • Psaume 31(30),2-3.4.17.25.
  • Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 3,21-25.28.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 7,21-27 :

Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait : « Il ne suffit pas de me dire : ’Seigneur, Seigneur !’, pour entrer dans le Royaume des cieux ; mais il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux.
Ce jour-là, beaucoup me diront : ’Seigneur, Seigneur, n’est-ce pas en ton nom que nous avons été prophètes, en ton nom que nous avons chassé les démons, en ton nom que nous avons fait beaucoup de miracles ? ’
Alors je leur déclarerai : ’Je ne vous ai jamais connus. Écartez-vous de moi, vous qui faites le mal ! ’
Tout homme qui écoute ce que je vous dis là et le met en pratique est comparable à un homme prévoyant qui a bâti sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, la tempête a soufflé et s’est abattue sur cette maison ; la maison ne s’est pas écroulée, car elle était fondée sur le roc.
Et tout homme qui écoute ce que je vous dis là sans le mettre en pratique est comparable à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable.
La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, la tempête a soufflé, elle a secoué cette maison ; la maison s’est écroulée, et son écroulement a été complet. »