Qu’est-ce que le Seigneur attend de moi ?

Compte rendu d’une halte spirituelle - par Père Pierre-Marie

Il n’y a pas de vie sans vocation, et il n’y a pas de vocation sans mission.
C’est-à-dire qu’il n’y a pas de vie qui ne serve à rien : même celle d’un malade, même celle d’un bébé qui meurt prématurément…
Toute vie est voulue et aimée de Dieu.
Chaque vocation a une mission : qu’est-ce que le Seigneur attend de nous ?
Nous sommes tous privilégiés car nous sommes tous appelés !


La première vocation de tout homme c’est l’appel à vivre. C’est la volonté de Dieu :

« Je t’ai gravé dans les paumes de mes mains… »

Attention aux « à quoi bon » ; cela n’est pas de Dieu. Toute vie est vocation.
La procréation est création avec Dieu. Même si un enfant n’est pas voulu par ses parents, il a été voulu par Dieu.

Soyons à l’écoute de la parole de Dieu. Voyons comment Dieu appelle.

Dans l’Ancien Testament

La vocation d’Abraham

(Genèse12,1) : « Quitte ton pays… je bénirai ceux qui te béniront… » Il avait 75 ans ! Dans toute vocation, l’initiative vient de Dieu. Nous avons été choisis. Le rôle de l’homme est de répondre à l’appel de Dieu. Or tout appel demande de quitter quelque chose : « quitte ton pays » (c’est-à-dire quitte tes sécurités humaines).
Il faut faire confiance pour aller du connu vers l’inconnu. Quitter c’est obéir à la parole du Seigneur.

« Sois une bénédiction » : à travers cette vocation il y a une bénédiction pour moi-même et pour les autres. Nous formons un seul « corps » (une âme qui s’élève élève le monde, une âme qui s’abaisse abaisse le monde). Nous sommes reliés les uns aux autres.
Toute vocation a une fécondité :

« Je vous ai choisi pour que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure » (Jean 15, 16)

Quelque soit l’état de la personne, le corps dit la personne. Toute personne a une fécondité.

Le sacrifice d’Isaac

(Genèse 22) : il fait partie intégrante de la vocation d’Abraham. Pour nous, faire ce sacrifice, c’est offrir au Seigneur ce que l’on chérit le plus… pour obtenir la « sainte indifférence » : quelque soit ce qui va venir, mon cœur reste en paix. Je ne suis plus dans une attitude possessive. Ceux que j’aime appartiennent d’abord à Dieu.
Nos désirs sont remis dans le Seigneur : « même si je ne l’ai plus (si je ne les ai plus), cela ne m’empêchera pas de t’aimer Seigneur ». On peut être attachés à ceux que l’on aime, mais en Dieu.
Abraham, père des croyants, est un modèle d’obéissance et de disponibilité à la volonté de Dieu.

Moïse

(Exode 3)  : le buisson ardent : quelque chose retient l’attention de Moïse.
Pour nous, quelque fois aussi, des choses nous interpellent, nous touchent (la pauvreté, le Tiers-monde, etc.)

« Faire un détour » : Moïse a fait le détour, il s’est mis en route.
Pour nous c’est sortir de notre train-train habituel pour suivre les motions de l’Esprit-Saint : l’Esprit-Saint nous appelle à construire, à agir : « fais sortir mon peuple d’Égypte ».
Moïse répond : « mais qui suis-je pour faire cela ? » En effet, on se sent toujours incapable face à la vocation : c’est signe que c’en est une vraie !
On a été choisis et Dieu nous dit : je serai avec toi. Le croyant n’est jamais seul.

Isaïe

Isaïe (6,1) : Vision formidable, il voit le trône de Dieu, les séraphins. « malheur à moi qui suis indigne et qui ai vu Dieu ».
Isaïe est troublé par cette expérience de Dieu. Il se dit impur. Le séraphin va le purifier avec un charbon ardent.
Nos péchés ne sont pas des raisons pour ne pas répondre à notre vocation. Le Seigneur lui-même vient nous pardonner. « Me voici, envoie-moi » : le cœur d’Isaïe est disposé. Dieu l’envoie alors annoncer la bonne nouvelle.

Jérémie

« Avant même de te modeler dans le ventre de ta mère je t’ai connu ».

Toute vie est le fruit de l’amour de Dieu.

  • Jérémie 20 : il en a assez d’être prophète ! c’est très dur, il a été attaqué, on s’est moqué de lui, c’est très lourd.
  • Jérémie 20,9 : « Je ne penserai plus à lui (Dieu), je ne parlerai plus en son nom » : crise de vocation ; c’est rassurant ce « ras le bol » de vocation ! Il y a toujours un combat spirituel à la réponse à une vocation.
    Aimer n’est pas spontané : on a toujours une part de souffrance dans toute vocation. Ne nous en étonnons pas.
    Jérémie traverse puis sort de l’épreuve : « Je me suis laissé séduire ».

Quand le Seigneur appelle, on reste libre bien sûr. Attention, on peut s’épuiser à lutter contre Dieu. Ne pas croire que le bonheur est ailleurs (dans un autre pays, avec un autre conjoint, etc.)

« Carpe diem » : c’est cueillir aujourd’hui le bonheur que Dieu me donne.
En cas de grosses difficultés : se demander « pourquoi » ne sert à rien : on n’en sait rien ! Mais se demander plutôt « comment », c’est à dire qu’est-ce que je fais avec ça ?
Faire mémoire de l’appel de Dieu. Rendre présente la grâce actuelle. Par exemple quand on fête Noël, on fait mémoire de la grâce de l’incarnation. Rendre présent cet appel initial.

Dans le Nouveau Testament

Regardons l’appel des disciples et voyons le discernement des vocations, des appels, comme il est décrit dans le récit de St-Jean à propos des premiers disciples : l’appel à la vocation chrétienne est un appel à la suite du Christ. C’est une invitation de la personne de Jésus à rentrer dans son intimité : « où demeures-tu ? » et aussi entrer dans une démarche de confiance vis-à-vis de lui.

Comment entrer dans l’intimité du Christ ?

  • Par les sacrements, lieux de grâces par excellence ; cadeaux privilégiés de la grâce de Dieu.
  • L’Église : il faut une appartenance à l’Église pour une vocation. Il faut vraiment entrer dans l’Église. Être à la suite du Christ, mais dans son Église. On devient alors membre du corps du Christ.
    Même du temps de Jésus, c’était par les disciples que les personnes rencontraient Jésus : « viens, suis-moi ». Le programme de vie ce sont les Béatitudes.
  • Être en état de dépendance avec Dieu pour se laisser pardonner, se laisser sauver par lui (c’est spécifique de la foi chrétienne). Vivons de la Pâque du Christ. Portons la croix avec Jésus. C’est toujours Jésus qui a l’initiative, comme Dieu dans l’Ancien testament.

Comment faire pour distinguer notre vocation ?

Nous sommes appelés à la suite du Christ. Il y a 2 formes de « suite » du Christ dans l’Église :

  • la suite du Christ dans la vie matrimoniale et familiale
  • la suite du Christ dans la vie consacrée.
    Les autres doivent être consacrés d’une manière ou d’une autre, offerts, donnés au Seigneur qui les consacre. Ces 2 états de vie ont une vocation. Ils sont appelés à une fécondité.

Pour discerner, se poser la question : « qu’est-ce qui habite mon cœur ? » : un amour privilégié pour une personne (en Dieu) ou un amour universel, pour tous ?

Il y a 3 grands choix à faire dans sa vie :

  • l’état de vie
  • le choix de Dieu
  • la vie professionnelle.
    À l’intérieur de cela il y a plein d’autres appels.

Pour discerner se demander :

  • Est-ce conforme à l’Évangile ?
  • Est-ce que ça me fait grandir dans l’intimité avec Dieu ?
  • Est-ce que ça me fait grandir dans l’appel que le Seigneur me demande ? dans ma vocation ?
    Cet appel doit se vérifier : est-ce que l’on se sent appelés à… ?
    Est-ce que c’est quelqu’un qui me demande… ?
    Vérifier avec l’accompagnateur spirituel si c’est un appel pour moi. Prendre conseil pour discerner.

Il y a 2 aspects :

1. Les signes objectifs

Ce sont les conseils spirituels, mon état de vie, les circonstances dans lesquelles je suis, les rencontres, les demandes faites, est-ce que cela demeure dans le temps ?
Mais aussi : une certaine facilité de le faire, un goût pour ce que l’on a choisi : est-ce que je me projette dedans ?
Les capacités reçues nous montrent aussi le chemin (bien le montrer aux enfants). Il faut une certaine facilité (si on « rame » trop, et si l’on n’a pas de joie, cela ne va pas !). Il faut un goût pour l’appel de Dieu, pas un dégoût !
Les circonstances aussi me disent quelque chose de la volonté de Dieu : par exemple à travers une maladie, une période de chômage, un deuil… il y a un discernement à faire. Ce sont des signes objectifs que nous donne le Seigneur. La vocation chrétienne s’enracine dans notre vie.

2. Les éléments subjectifs

L’appel doit me rendre heureux. C’est un appel au bonheur. Et il y a une paix intérieure. Avoir une lumière dans l’intelligence et dans le cœur.
Le Seigneur nous éclaire par son Esprit Saint.
La certitude (les raisons d’aimer) doivent être bien ancrées.

Et si l’on n’a pas de certitude intérieure, on reste où l’on en est en attendant la lumière de Dieu : on ne va pas prendre de décisions. Les décisions prises en pleine lumière ne doivent jamais être remises en cause en cas de tempête.
Et il y a aussi les signes que je découvre pour moi : une parole par exemple. Mais attention, il faut toujours faire valider les signes. Bien voir si ce n’est pas l’imaginaire qui travaille.

C’est important de discerner la volonté de Dieu : comment faire ?

  • demander conseil (à la bonne personne !)
  • délibérer (c’est un discours intérieur, une délibération)
  • prendre la décision
    Attention aux velléitaires qui ne passent jamais à l’action ou aux pusillanimes qui ne veulent pas se « mouiller » et qui se replient sur eux, et puis il y a aussi celui qui passe à l’action, mais de manière impulsive.

On compte sur l’aide se l’Esprit-Saint, de la prière des uns et des autres, de Marie.
Cela demande toujours un acte de confiance. Mais il faut toujours se savoir porté et soutenu.