Homélie de la solennité de Notre-Dame du Rosaire (forme extraordinaire du rite romain)

10 octobre 2014

L’ange lui répondit : « L’Esprit-Saint surviendra en vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre ; c’est pourquoi le fruit saint qui naîtra de vous sera appelé le Fils de Dieu. »

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Texte de l’homélie :

Mes bien chers frères,

Le 7 octobre 1571, la marine pontificale soutenue par les vaisseaux de la république de Venise écrasait la flotte turque à Lépante, dans le golfe de Patras, au large de la Grèce. La menace ottomane, qui pesait alors sur une chrétienté occidentale déjà affaiblie par les dissensions internes nées de la Réforme protestante, disparaissait même s’il faut encore attendre encore un siècle pour que la victoire de Vienne libère définitivement l’Europe des dangers venus de l’Orient.
Or cette victoire a été obtenue, en plus de l’action des soldats et des marins, par la mobilisation de la prière : le pape dominicain Saint Pie V avait alors encouragé toute la chrétienté à prier le Saint Rosaire pour obtenir la victoire. Et c’est tout le mois d’octobre qui est appelé mois du rosaire comme pour nous rappeler les grâces spéciales qui sont attachées à cette forme de prière.
Plus proche de nous, le pape Léon XIII fit ajouter aux litanies de la Sainte Vierge l’invocation Reine du très saint rosaire, lui qui a consacré de nombreuses encycliques à cette forme de prière, recommandée par de nombreux saints qui apprirent de la prière du chapelet à vivre intensément des mystères de la vie du Seigneur et de Notre-Dame.

En effet, dans son histoire mouvementée, et parfois douloureuse, le peuple chrétien a fait l’expérience de la présence, du soutien et du réconfort de leur Mère du Ciel. Bien mieux encore, c’est Elle qui nous obtient la grâce de la fidélité et de la force dans le combat spirituel, qui est bien plus âpre, bien plus exigeant que toutes les guerres de conquête ou de défense. C’est en notre cœur que se joue le drame de la Rédemption, la lutte entre la grâce divine et le poids de nos péchés. La frontière est dans notre âme et nous ne pouvons avoir de meilleur secours que celui que nous apporte la mère de Jésus, parce qu’Elle nous apprend à vivre selon la sagesse de Dieu, Elle qui est le chef d’œuvre de cette sagesse créatrice.

Oui, comme nous y invite le livre des Proverbes, nous sommes heureux si nous écoutons Ses enseignements, si nous gardons ses voies et ses instructions, si nous mettons en pratique toutes ces bonnes inspirations. Or il n’est pas de meilleure école que la prière du chapelet. C’est ainsi que nous nous mettons dans la disposition d’écouter vraiment le Seigneur pour accomplir Sa volonté et servir ainsi Son Royaume.

En ce jour de fête, l’Église propose à notre méditation ce grand texte de l’Annonciation : Dieu qui vient solliciter son humble créature afin qu’elle participe pleinement à son propre salut et à celui de tous ses frères les hommes. Le Fiat ! le « oui » de la Vierge Marie nous ouvre les portes du salut et nous donne de faire l’expérience de la grâce de la Rédemption. La Vierge accueille le message de la Révélation, Elle y adhère totalement et en Elle le Verbe prend chair, la Parole de Dieu jaillit dans notre pauvre humanité, Dieu se fait homme. Et ce que Marie reçoit comme grâce insigne, comme cadeau merveilleux, Elle nous le donne, elle nous le communique.

Nous aussi, par la Foi, nous accueillons le message de salut, la présence du Christ Sauveur dans notre vie. Nous aussi nous nous consacrons totalement, dans la logique de notre baptême et de notre confirmation, à Dieu. Nous aussi nous voulons communiquer aux autres la lumière de la vérité, la joie de l’Évangile, la Bonne Nouvelle du pardon et de la réconciliation. Mais pour vivre d’un authentique esprit surnaturel, pour répondre aux exigences de notre baptême, nous avons besoin de la prière, de l’aide, du secours, de l’exemple de la Très sainte Vierge Marie.

« Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole. »

Cette profession de foi, cet engagement de toute sa vie, la Vierge Marie l’a fait en notre nom à tous. La prière mariale du rosaire nous obtient la grâce d’imiter cet exemple et pour cela, justement, nous avons besoin de la grâce et de la présence du Saint-Esprit. En effet, l’ange Gabriel déclare à la Mère de Dieu :

« L’Esprit-Saint surviendra en vous et la puissance du Très Haut vous prendra sous son ombre. »

A notre tour, nous devons, par la célébration de ces saints mystères, supplier de recevoir la grâce du Saint-Esprit pour que la puissance du Très-Haut nous saisisse tout entier, depuis les facultés les plus hautes de notre esprit jusqu’à nos réactions les plus spontanées face aux événements et aux personnes qui surgissent dans notre vie.

La prière et la méditation des mystères du rosaire nous obtiennent toutes les grâces dont nous avons besoin pour accomplir notre vocation. Par les mystères joyeux nous est ainsi communiquée la joie du salut, depuis l’annonciation jusqu’au recouvrement de Jésus au temple.
Les mystères lumineux nous révèlent les grandes étapes de la vie publique de notre Seigneur et l’enseignement qu’Il a prodigué aux foules et à ses apôtres pour qu’ils les transmettent à leur tour à tous les enfants de l’Église.
Les mystères douloureux nous font communier à l’œuvre de la rédemption, tout ce que Jésus a fait, tout ce qu’il a subit et souffert par amour pour nous.
Enfin les mystères glorieux anticipent pour nous la joie du ciel puisque nous y découvrons notre vocation et notre dignité : avec Jésus, nous sommes ressuscités, nous partageons l’autorité qu’Il a sur toute la Création comme Roi de l’Univers et nous recevons le Saint-Esprit qui nous établit dans la communion avec toute la Sainte Trinité.

Cette gloire divine qui rend la nature humaine participante à la nature divine éclate d’une manière particulière dans l’Assomption et le Couronnement au Ciel de notre Mère dont l’intercession nous obtient la grâce du salut et le désir du Ciel, dans la récitation des mystères lumineux.

Alors, mes bien chers frères, prenons durant ce mois d’octobre la bonne résolution de prier tous les jours notre chapelet ; prions le en famille ou avec nos proches et nos amis. Dieu exauce toujours la prière de ses enfants lorsque cette prière lui est présentée par les mains de la Très Sainte Vierge Marie.
Prions d’une manière toute spéciale en ces temps troublés pour les chrétiens persécutés – nos frères - en Irak, au Liban et en Syrie.
Prions pour toutes les victimes de la méchanceté et de la lâcheté des hommes.
Prions pour notre pays et pour l’Europe, pour que toutes les communautés humaines se tournent vers le Christ, parce qu’Il est le seul sauveur, Lui qui est sorti victorieux du tombeau et qui nous fait participer dès à présent à la joie de sa victoire.

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre des Proverbes 8, 22-24 et 32-35.
  • Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 1, 26-38 :

En ce temps-là, l’Ange Gabriel fut envoyé de Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, auprès d’une vierge fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph ; et le nom de la vierge était Marie.
L’ange, étant entré auprès d’elle, lui dit :
« Je vous salue, pleine de grâce ; le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre les femmes. »
Elle, l’ayant entendu, fut troublée de ses paroles, et elle se demandait quelle pouvait être cette salutation.
Et l’ange lui dit :
— « Ne craignez point, Marie, car vous avez trouvé grâce devant Dieu.
Voici que vous concevrez dans votre sein, et vous enfanterez un fils, et vous lui donnerez le nom de Jésus.
Il sera grand, et sera appelé le Fils du Très-Haut ; et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père, et il régnera éternellement sur la maison de Jacob ; et son règne n’aura pas de fin. »
Alors Marie dit à l’ange :
— « Comment cela se fera-t-il, car je ne connais point d’homme ? »
L’ange lui répondit :
— « L’Esprit-Saint surviendra en vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre ; c’est pourquoi le fruit saint qui naîtra de vous sera appelé le Fils de Dieu. Et voici qu’Élisabeth, votre parente, a conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse, et ce mois est le sixième de celle qui est appelée stérile ; car il n’y a rien d’impossible à Dieu. »
Et Marie dit :
— « Voici la servante du Seigneur ; qu’il me soit fait selon votre parole. »