Homélie du 23e dimanche après la Pentecôte (forme extraordinaire du rite romain)

21 novembre 2014

Arrivé à la maison du chef, Jésus vit les joueurs de flûte et une foule qui faisait grand bruit, et il leur dit : « Retirez-vous : car la jeune fille n’est pas morte, mais elle dort ; et ils se moquaient de lui. »

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Texte de l’homélie :

Mes bien chers frères,

La résurrection de la fille de Jaïre et la guérison miraculeuse de la femme souffrant de pertes de sang nous ont été rapportées par l’évangéliste Saint Matthieu pour nous conforter dans notre Foi, puisque c’est la Foi qui a poussé et ce notable en plein désarroi et cette femme malade et humiliée à s’approcher de Notre Seigneur et à croire en Sa puissance comme en Sa miséricorde.
Et c’est justement la Foi qui obtient ces deux miracles, ces deux prodiges. On comprend que :

« Le bruit d’un tel événement se soit répandu dans toute la région et qu’il plongea dans l’admiration les foules qui de plus en plus nombreuses se rassemblent autour de Jésus. »

Notre Seigneur guérit, Notre Seigneur fait revenir à la vie : c’est donc qu’Il a autorité sur les forces du mal, sur tout ce qui trouble l’homme, tout ce qui rend sa condition fragile et précaire, tout ce qui nous fait vivre dans l’angoisse et la peur du lendemain. De tout cela, Notre Seigneur Jésus-Christ montre qu’Il est le vainqueur. Il a autorité non seulement sur la maladie, mais encore Il a le pouvoir de pardonner les péchés, de ramener à la vie les morts, de terrasser les démons.
Mais la grande victoire, la victoire définitive, le combat ultime et décisif, Il va le livrer sur la Croix. Mis à mort à cause de nos péchés, Il ressuscite pour notre sanctification, pour nous communiquer Sa propre vie immortelle, lui qui a assumé notre existence mortelle et périssable. Il se présente au soir de la Pâque à Ses disciples comme le Ressuscité, le Vivant, celui qui a terrassé la puissance des enfers et qui a brisé pour toujours les portes de la mort.

Il ne vous aura pas échappé, mes bien chers frères, que notre situation actuelle est bien plus enviable, bien plus heureuse que celle de ces deux bénéficiaires de la bonté de Jésus. Car ces deux miracles n’ont pas préservé cette femme et cette enfant de nouvelles maladies ou de la mort au bout de leur chemin sur terre. Mais nous, au jour de notre baptême, nous avons reçu la vie même de Dieu, nous sommes déjà ressuscités avec le Christ, puisque nous avons été plongés dans sa mort et dans sa résurrection. Par la célébration des sacrements nous participons déjà à l’éternité de Dieu.

Voilà pourquoi aussi le péché doit nous apparaître non seulement comme une offense faite à Dieu, mais encore comme une anomalie, un illogisme, une incongruité, puisque nous avons reçu en nous l’Esprit même du Christ, un Esprit qui nous inspire, qui nous conduit à la vérité tout entière et qui nous donne la force d’accomplir la loi du Seigneur.
Si nous faisons encore trop souvent l’expérience de notre faiblesse, si nous retombons régulièrement dans les mêmes péchés, c’est pour une raison très simple : nous n’avons pas encore mis la Foi au centre de notre vie consciente. Celle-ci ne nous influence pas encore suffisamment : nous restons comme trop extérieurs à la Bonne Nouvelle du Salut. Nous n’avons pas encore véritablement engagé toute notre existence à la suite du Christ. Car pour comprendre l’enseignement du Christ, il faut le suivre, il faut vouloir vivre toutes les exigences du Royaume.

Or trop souvent, nous mettons notre confiance non en Dieu mais dans nos propres capacités. Et croyons bien que cette tentation est le fait de tous les chrétiens. Elle est déjà dénoncée par Saint Paul dans la lettre qu’il écrit aux Philippiens. Ceux-ci pensaient qu’il suffisait d’accomplir la loi de Moïse pour être sauvés. Se soumettre à la circoncision faisait d’eux les membres du peuple de Dieu et cette appartenance selon la chair au peuple juif était suffisante pour parvenir à la vie éternelle

Mais ce qui nous sauve, ce ne sont pas nos propres efforts, notre propre liberté, notre propre capacité à accomplir quelques biens. Non, ce qui nous sauve, c’est la Croix du Christ, c’est Son amour, c’est Sa grâce. Sans cet amour, sans cette grâce, sans la prière, sans les sacrements, nous sommes incapables de parvenir à la vie éternelle.
En revanche chaque fois que nous communions, chaque fois que nous cherchons à accomplir la loi du Seigneur, chaque fois que nous nous tenons humblement aux pieds de Jésus le suppliant de nous relever, de nous pardonner, de nous éclairer, chaque fois que nous mettons vraiment à Son école et que nous Lui donnons dans notre , Lui réservant la première place, alors vraiment, nous faisons l’expérience de sa présence, de Sa paix, de Son action en nous et nous devenons rayonnants de Sa vérité et de Son salut.

L’homme qui met sa confiance dans ses seules forces va inexorablement à sa perte. Seul le Christ a reçu mission de Dieu Son Père de prendre la tête de toute l’humanité rachetée, seul Il a l’autorité légitime pour nous conduire et nous apprendre la loi de la vie. Seul Il nous rend capables d’accomplir les exigences du Royaume.
Sinon nous risquons fort de nous décourager et donc de nous perdre, nous serons toujours tentés de ramener l’Évangile à notre portée et de réduire la Révélation surnaturelle à ce que nous en comprenons. Pire encore, nous oublions que notre vie aboutit à la vie éternelle et que le temps sur terre nous est imparti pour préparer notre éternité.
N’est-ce pas le drame du monde contemporain, d’oublier sa finalité et de se comporter comme si le Christ n’était pas ressuscité, comme si la cité du Chrétien n’était pas dans le Ciel et que nous étions tous dans la bienheureuse espérance, celle de savoir que notre pauvre humanité, encore soumise à la loi du vieillissement et de ma mort, est appelée à la transfiguration, à la résurrection, à la vie éternelle et que cette vie éternelle est déjà commencée pour nous ?

Tout cela, mes bien chers frères, doit nous pousser à tenir bon dans le Seigneur, selon la formule et l’injonction de Saint Paul lui-même :

State in Domino : « Tenez dans le Seigneur ! »

C’est cela, la foi. C’est appuyer tout notre être, toute notre existence sur la parole de Dieu, et sur Sa présence telle qu’elle nous est révélée, et telle qu’elle nous est communiquée par l’enseignement de l’Église, et par la célébration des sacrements.

Oui, demandons la grâce de constance, car c’est par la foi qui est une activité quotidienne, persévérante, qui nous donne et qui nous obtient la force et le courage. Et si cette constance fait trop souvent défaut aux Chrétiens, c’est justement parce qu’ils comptent trop sur leurs propres forces, désertant l’indispensable et l’inévitable combat spirituel, celui de la conversion et de l’accueil de l’Évangile.
En ce dimanche, alors qu’approche la fin de l’année liturgique, prenons donc la bonne résolution de suivre l’exemple de Saint Paul, pour témoigner au Christ de notre amour et de notre foi, en toutes circonstances et pour toujours,

Ainsi soit-il !


Références des lectures du jour :

  • Lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens 3,17-21.4,1-3.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 9,18-26 :

En ce temps-là, tandis que Jésus parlait aux foules, un chef s’approcha et, prosterné devant lui, il disait :
— « Ma fille est morte à l’instant, mais viens lui imposer la main, et elle vivra. »
Jésus se leva et le suivit ainsi que ses disciples.
Et voilà qu’une femme, affligée d’une perte de sang depuis douze ans, s’approcha par derrière et toucha la houppe de son vêtement. Car elle se disait en elle-même : « Si seulement je touche son vêtement, je serai guérie. »
Jésus se retourna, la vit et dit :
— « Ayez confiance, ma fille, votre foi vous a guérie. »
Et la femme fut guérie à l’heure même.

Arrivé à la maison du chef, Jésus vit les joueurs de flûte et une foule qui faisait grand bruit, et il leur dit : « Retirez-vous : car la jeune fille n’est pas morte, mais elle dort ; et ils se moquaient de lui. »
Lorsqu’on eut fait sortir la foule, il entra, prit la main de la jeune fille, et elle se leva.
Et le bruit s’en répandit dans tout ce pays.