Charles Péguy et la Modernité

Père Laurent-Marie Pocquet du Haut-Jussé, sjm

Le père Laurent-Marie Pocquet du Haut-Jussé réalise ici une étude brillante des ressources spirituelles de l’œuvre de Charles Péguy.

En suivant Péguy dans son analyse contre la Modernité, il a voulu partir à la recherche des éléments présentant de manière organique le mystère de la foi, éléments éparses mais bien présents à travers l’oeuvre, pour essayer d’en offrir une synthèse.

Docteur en théologie et licencié en droit canonique, le père Laurent-Marie enseigne le droit et la théologie dans divers instituts de formation. Il est aussi aumônier militaire et juge à l’Officialité de Paris. Il poursuit des recherches en histoire religieuse contemporaine et théologie fondamentale.


CIBLE : Tout public
Broché, Format : 13,5 x 21,5 cm,
640 pages
PRIX : 39 €

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PRÉSENTATION PAR L’AUTEUR

  • Péguy, issu d’un milieu simple, produit de la méritocratie

Charles Péguy est né dans un milieu très simple, il a perdu son père alors qu’il n’avait que quelques mois. Il a donc été élevé par sa mère et sa grand-mère, à Orléans. Toutes deux rempaillaient des chaises pour vivre. Péguy a fait des études assez brillantes puisqu’il intègre l’École Normale Supérieure, il est un pur produit de la « méritocratie » républicaine de l’époque.

  • L’Affaire Dreyfus, l’occasion de lutter pour la justice et la vérité

De cette époque date son entrée dans le monde politique, monde de la réflexion mais aussi de l’action puisqu’il a pris fait et cause pour le capitaine Dreyfus, l’Affaire qui a marqué un véritable tournant dans les XIXe et XXe siècles.
Pour Péguy, cet engagement au service de la justice et de la vérité est à comprendre comme une première étape dans l’édification de ce qu’il appelle la cité socialiste ; le reste - la fondation de sa maison d’édition dans laquelle il a engagé sa modeste fortune, ainsi que la création des Cahiers de la Quinzaine - a pour objectif de faire œuvre d’éducation afin de permettre l’avènement de cette cité basée sur un « socialisme utopique ».

  • Une intelligence de la foi peu commune

Charles Péguy a fait très peu de confidences sur lui-même, mais dans les années 1906-1908, quand il revient à la foi catholique (dans laquelle il a été élevé), il ne renie rien, affirmant

Nous ne renierons jamais un atome de notre passé, nous avons pu parfois pécher contre la lettre, nous n’avons jamais péché contre l’Esprit, nous n’avons pas trouvé le christianisme en revenant, mais au bout."

Cette intelligence de la foi va lui permettre de démultiplier sa critique du monde moderne (né autour des années 1880) et, face à ce monde, de présenter le mystère chrétien, le mystère de la foi comme une sorte d’anti-dote, de réponse organique à la modernité.

Chez Péguy, il n’y a pas uniquement une phase de critique très virulente et très argumentée de ce que nous appelons la modernité, mais il y a aussi une phase beaucoup plus positive, constructive autour de la révélation chrétienne, révélation dont il découvre toutes les implications et les exigences dans sa vie. Et tout cela, il le fait par intégration de son passé à cette découverte, et non pas par reniement.

Charles Péguy intervient dans un cadre beaucoup plus large voulu par la Providence. Tout comme c’est la cas pour d’autres écrivains du XXe siècle tels François Mauriac, Bernanos, Paul Claudel… A travers leurs écrits, nous pouvons mesurer ce qu’est un monde « sorti » de Dieu (séparé) (Émile Poulat), et aussi découvrir l’intelligence très profonde du mystère chrétien sans jamais le réduire à ce que le monde est capable d’en comprendre ou capable de concéder - ce qui est le cas de beaucoup d’approches aujourd’hui… On trouve chez ces écrivains, et donc chez Péguy, un discours qui présente la foi dans toute sa richesse, dans toute sa profondeur.

Charles Péguy avait un sens inné de la foi chrétienne, un naturel dans la vie surnaturel qui était impressionnant, de la même façon que Bernanos était un « sans-gêne » dans la foi.

  • Pour Péguy, notre monde « a-chrétien » est le fruit de la Modernité

Le monde auquel Péguy se confronte n’est pas seulement celui issu de la philosophie des Lumières, mais c’est vraiment le refus du monde « sorti de Dieu », ce monde « a-chrétien » -expression même de Péguy- ce monde pour lequel pour la première fois nos misères ne sont plus chrétiennes.

Avant cela, nous étions dans un monde de péché et de grâce ; aujourd’hui nous sommes dans un monde d’indifférence et d’oubli. Et ce monde, cette « culture de la mort » (JPII) a stérilisé tous les autres mondes : le monde héroïque païen, le monde de la grâce. Le monde moderne est un monde parasite, capable d’employer, de prendre à son compte les grands thèmes de la tradition chrétienne et de les pervertir très profondément. Ainsi, il va marquer du sceau de la stérilité tout ce qu’il touche. Ce qui tient de l’héroïsme, de la grâce, ce qui au fond a constitué notre civilisation, tout cela disparaît avec lui.

Et voilà pourquoi un dialogue avec le monde en temps que tel semble un combat perdu d’avance. Ce ne sont pas les structures qu’on évangélise, mais ce sont les personnes. Ce n’est pas avec le monde qu’on dialogue.

  • Péguy docteur de l’Église ?

En reprenant les critères conduisant à la consécration en tant que docteur de l’Église, on trouve d’abord la canonisation, ce par quoi Péguy n’est pas actuellement concerné, puis on cherche dans l’œuvre tous les éléments de la représentation organique des mystères de la foi.
Eh bien, il y a cela chez Péguy. Il nous présente, face au monde moderne, les mystères de la foi, non pas d’une manière polémique, mais comme un tout organique, depuis la Création et le drame de la chute et la présence du mal en ce monde, jusqu’à la résurrection de la chair en passant par le gouvernement divin, la place de la communion des saints dont la toute première est la Vierge Marie, les vertus théologales, la grâce chrétienne,….
Nous trouvons, dans l’œuvre de Péguy, de manière éparse, mais bien réelle, tous ces éléments-là.

Ce travail a voulu partir à la recherche de ces éléments dispersés pour essayer d’en offrir une synthèse, tout en sachant qu’il ne faut pas tant lire des livres SUR Péguy, que des livres DE Péguy lui-même.

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