Choisir Dieu comme l’unique trésor et l’unique Père de notre vie, pour découvrir l’autre comme trésor et perle.

8 novembre 2017

« Rentrer dans un total dépouillement de nous-mêmes, une totale confiance, un décentrement pour découvrir en l’autre un trésor. »

Écouter l’homélie

Texte de l’homélie de mariage :

Chère Clélia, cher Christian,
Chers amis,

Lorsqu’il s’est agit de préparer cette célébration, j’ai donné un critère aux fiancés pour choisir les lectures du jour de leurs noces. Je leur ai dit que ces lectures soient comme une source pour leur vie, une lumière pour leur chemin.
Ceux qui ont déjà reçu le sacrement de mariage il y a 10, 20, 30 ou plus d’années encore, pourraient faire mémoire des lectures qu’ils ont choisi pour voir comment ces lectures aujourd’hui éclairent leur vie matrimoniale et familiale.
La Parole de Dieu est une parole vivante, c’est une parole qui nous accompagne, qui éclaire notre chemin et nos chemins étant divers, cet éclairage est multiple.

Les lectures qu’ont choisi les financés ne sont pas si communes que cela pour une messe de mariage.

La première lecture, la grande lecture de saint Paul apôtre aux Romains, nous parle des persécutions.

Les fiancés ont choisi cette lecture car ils souhaitaient que le Christ soit au centre de leur vie, et comme le dit l’apôtre Saint Paul :

« Que rien ne puisse nous séparer de l’amour de Dieu. »

Nous ne sommes pas dans un monde idéal, romantique, nous savons que la vie en couple n’est pas facile. Le sacrement du mariage est le seul sacrement que l’on reçoit à deux, cela implique de rentrer dans une confiance et de s’en remettre dans les mains de l’autre. Vous aurez certainement des moments de joie et de tristesse, mais vous voulez que le Seigneur soit au cœur de tout cela. Il ne s’agit pas simplement d’un amour basé sur la générosité, c’est d’abord dans la foi que vous enracinez votre oui. Vous avez reçu cette foi de votre famille, il est important de rendre grâce de ce que vous avez reçu de vos familles respectives qui vous ont donné non seulement l’exemple d’un couple stable et fidèle, mais aussi d’un couple enraciné dans la foi, foi qui aujourd’hui fait le ciment de votre union.

Nous aussi prenons conscience à quel point le Seigneur nous invite à grandir dans cette profonde confiance en lui, quels que soient les aléas de la vie, qui sont multiples, au niveau de la santé, au niveau professionnel, au niveau relationnel. La vie n’est pas uniforme. Nous ne savons pas de quoi sera composée notre existence, mais comme chrétiens nous savons avec qui nous la vivrons. Nous la vivrons avec le Seigneur.

C’est cela qui est important et que les fiancés veulent nous dire à chacun d’entre nous : cette vie là, vous l’avez reçue de Dieu, elle est cadeau de Dieu, elle est appel de Dieu à une confiance radicale entre ses mains, lui qui nous guide selon son chemin.

L’Évangile est magnifique pour une messe de mariage.

Le trésor, le royaume de Dieu. Il s’agit bien du royaume de Dieu lorsqu’on s’unit devant le Seigneur pour un amour sans retour et pour toujours. Jésus nous dit que c’est comme un trésor caché dans un champ.

Caché, cela veut dire que ce n’est pas à la vue de tous, ce n’est pas quelque chose qui saute aux yeux, qui est spontané, aimer n’est pas spontané. Il faut creuser derrière le quotidien, parfois derrière la routine d’une vie matrimoniale et familiale, creuser derrière nous égoïsmes et nos blessures personnelles pour découvrir ce trésor.
Vous avez accès, Clélia et Christian, à ce trésor, parce que vous-même, dans la foi, vous vous mettez à creuser jour après jour et parce que jour après jour vous pouvez dire : « pour aimer je n’ai qu’aujourd’hui ».

C’est parce que cela est le cœur même de votre vie que vous vous dites aussi que la fidélité et le mariage au long cours sont possibles, en allant d’aujourd’hui en aujourd’hui. C’est cela la vie chrétienne, le Carpe Diem chrétien c’est cueillir le jour, d’aujourd’hui en aujourd’hui. La petite Thérèse de l’Enfant-Jésus nous dit :

« Pour aimer je n’ai qu’aujourd’hui. »

Il faut creuser dans l’ aujourd’hui de Dieu qui parfois n’est pas facile à vivre, ou qui est semblable au jour précédent, et découvrir dans la personnalité de l’autre, dans l’humanité de l’autre, ses trésors qui vous ont séduit lors de votre rencontre, Clélia et Christian. Il y a quelque chose qui vous a touché qui fait que vous vous êtes reconnus entre mille.

Ce n’est pas spontané d’aimer, cela demande un effort, une profonde détermination, cela demande aussi de se dépouiller.
C’est l’objet de la deuxième parabole. Dans la joie de la découverte, celui qui découvre ce trésor va le recacher, et tout vendre pour l’acquérir. Cette histoire d’amour ne vous laissera pas indemnes, chers fiancés, parce que l’amour ne laisse jamais indemne. L’amour ne laisse jamais identique à soi-même. C’est une invitation à un perpétuel changement, à rentrer dans un « toujours plus » qui implique aussi bien souvent des renoncements.
Aimer c’est rentrer dans ce décentrement de soi-même alors que nous avons en nous d’autres forces, qui ne sont pas les forces de l’amour, mais qui veulent nous centrer sur nous-même : nous sommes parfois trop attentifs à ce que pensent les autres, au regard des autres. Nous ne voulons pas que l’égoïsme ait le dernier mot.
Nous allons tout vendre pour acquérir le trésor caché.

Dans le mariage à l’Église il y a une idée de totalité, un mariage pour toujours, un "partage de toute la vie ".
Il n’y a pas de plus grand engagement à deux que celui de se marier devant le Seigneur. L’Église continue à proposer, contre vents et marées, cet engagement pour toute la vie, parce qu’elle continue à voir que dans nos humanités blessées Dieu peut continuer d’agir et de nous transformer et d’aller beaucoup plus loin que ce que nous sommes capables de faire, et il nous donne beaucoup plus que ce que nous osons demander.

C’est vraiment une grande grâce de méditer sur cette parabole du trésor caché. Ceux d’entre vous qui sont en couple, qui ont peut-être déjà plusieurs années de vie matrimoniale et familiale, vous pourriez peut-être vous poser la question de ce que vous avez encore à découvrir de l’autre. En quoi devons-nous encore creuser dans le quotidien de nos vies pour découvrir ce trésor caché qui est dans l’humanité de l’autre.

Le Seigneur nous invite à une autre parabole, celle de la perle fine.
Ayant trouvé une perle de grande valeur, il va vendre ce qu’il possède et il l’achète. Ces deux paraboles qui se rejoignent nous demandent de rentrer dans un total dépouillement de nous-mêmes, une totale confiance, un décentrement.
Vous avez découvert et vous êtes l’un pour l’autre, Clélia et Christian, ce trésor, cette perle rare, vous avez témoigné dans cette sérieuse préparation de cette célébration et de votre mariage, à quel point vous avez été conscients que vous êtes un don de Dieu l’un pour l’autre.
Vous qui êtes mariés, posez-vous la question si vous voyez encore votre conjoint comme un don de Dieu, un cadeau, une grâce qui m’est faite de la part du Seigneur, une perle, un trésor. C’est tout l’enjeu de notre vie, parce que aimer c’est d’abord un regard qui va au-delà de l’apparence pour percer le cœur et percer en nous ce qu’il y a de plus beau et nous porter à l’émerveillement.

Frères et sœur bien-aimés, demandons au Seigneur de nous mettre à sa rencontre, d’aller près de lui, de le choisir vraiment comme l’unique trésor et l’unique Père de notre vie, parce que c’est à cette condition seulement que nous découvrirons l’autre comme le trésor et la perle.
Puisse cette invitation résonner dans le cœur de chacun pour que nous puissions être, chacun là où nous sommes, le témoin d’un Dieu qui nous appelle des ténèbres à son admirable lumière.

Amen !