« Comment choisir ses priorités ? »

Conférence donnée aux jeunes pros (18-35 ans)

Ce temps de rentrée peut être le moment privilégié de réfléchir à nos priorités et à nos engagements pour cette année. Quels critères utiliser pour savoir gérer ce point clef qui permet d’avoir une vie équilibrée et ne pas « subir » sa vie ?

« Écrire ses priorités, c’est être aux commandes de sa vie ! »

Père Pierre-Marie

Résumé de l’enseignement

Comment fixer les priorité, comment choisir ?
Comment refuser les sollicitations et les demandes ? est-ce difficile pour moi de le faire ?

La nécessaire relecture

Il est important de commencer par la relecture de l’année passée à travers plusieurs critères :

  • qu’est-ce qui vous a dynamisé durant l’année passée ? qu’est-ce qui vous a soutenu, qu’est-ce qui vous a rempli de joie ? Il est nécessaire de se poser pour faire cette relecture
  • qu’est-ce qui vous a dévitalisé ? qu’est-ce qui vous a pesé et est source de doute pour la reprise ? qu’est-ce qui est nécessaire de clarifier, quel engagement est à remettre en question ?
  • qu’est-ce qui vous dynamiserait dans cette nouvelle année qui commence ? qu’avez-vous envie de faire ?

Cela suppose de prendre un temps chez soi en silence, dans la solitude, pour répondre à ces questions.

Vous le savez, notre société nous fait courir le risque d’une course en avant, dans laquelle on enchaîne les choses. Cela peut même être le cas pour les retraites si on les enchaîne trop.

Il est nécessaire de prendre le temps de s’approprier ce que l’on a vécu. Et à travers quatre critères, il y a une manière de relire l’année qui s’est achevée et d’en tirer les conclusions.
Certaines choses vous apparaîtront d’autant plus clairement que vous avez un accompagnateur spirituel, cela peut donner encore plus de concret à cet exercice.

La question du charisme

Quel est votre charisme ? C’est une question qu’il est important de se poser.

Comment reconnaître un charisme ? Cela se reconnaît à une certaine forme de facilité que l’on a à exécuter certaines tâches que les autres ont de la difficulté à effectuer. Pour nous qui sommes dans une attitude de Foi, le charisme est un don qui nous vient de Dieu par le Saint-Esprit. Par exemple, il y a la charisme de fédérer des groupes, des charismes d’organisation, celui de faire rire les autres, de mettre en relation des personnes qui ne se seraient pas rencontrées autrement, de rencontrer des personnes très différentes d’eux…

Il est important de trouver votre charisme et de vous demander comment l’exprimer le mieux. Et si vous n’y voyez pas clair, vous pouvez demander à des personnes qui vous connaissent bien et qui vous aiment, parmi vos familles et vos amis.

C’est une question qu’il est important de se poser en couple également : quel est le charisme de votre couple ? Quelle est l’alchimie particulière dans votre relation.

Quelle respiration, quel repos

Quel est le moment dans lequel vous refaites vos forces, où vous vous régénérez intérieurement ? Est-ce le silence, la solitude ? Qu’est-ce qui refait vos forces ?

Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Est-ce qu’il y a des personnes qui vous inspirent, des livres qui vous inspirent, des pièces de théâtre, de musique ou de cinéma… cela définit également une direction dans laquelle vous souhaitez aller. C’est une manière de discerner des priorité : tout le monde n’est pas inspiré par les mêmes choses. La partie est souvent trop peu mise en valeur dans certaines éducations, éclipsée par la sphère professionnelle, mais elle a pourtant une place importante.

Cela peut aussi être le cas de la vie spirituelle : la prière, les lectures de livres religieux peuvent être pour vous des sources d’inspiration, et il est important de pouvoir en tenir compte.

Pour faire ce travail de discernement, il est important de prendre le temps de visiter tous ces critères.

La nécessité de rentrer dans une logique de don

On peut voir le don comme un moteur à trois temps :

Le don « accueilli » de soi-même

L’accueil du don de Dieu, de sa famille, de son histoire, de son corps, de ses blessures, de ses capacités naturelles et surnaturelles. Nous sommes le fruit du don d’un autre qui est ce que l’on est aujourd’hui : ses parents, ses amis… Notre histoire en fait également partie. Et tout ce que l’on arrive pas à accueillir dans la vie sont autant de dons et de blocages dans une logique de don et d’engagement. Il est donc important de se poser cette question : « Qu’est-ce qui m’est difficile d’accueillir aujourd’hui ? » est-ce une rupture amoureuse ? Est-ce le rapport au corps ou à tel membre de ma famille, à une relation de travail, dans la hiérarchie professionnelle ?

Il est important de se situer dans une position de réception. Cela permet également de se poser la question de la gratitude :

Pour en arriver à l’homme ou à la femme que vous êtes aujourd’hui, il en a fallu de monde ! que ce soit vos parents, vos professeurs, les médecins, les catéchistes et les religieux qui vous ont marqués…
Prenons le temps de rendre grâce à celles et ceux qui ont permis que nous soyons ce que nous sommes.

Certains d’entre vous ont reçu beaucoup à travers le scoutisme, pour d’autres c’est le mouvement charismatique… prenez le temps de goûter le don pour soi.

Le don « à soi-même »

Il faut ensuite prendre le temps de s’approprier ce don à soi-même. Cette étape manque parfois : on reçoit et on donne. Pourtant, il y a cette étape qui permet de laisser reposer pour créer une forme de débordement. C’est une étape d’assimilation, d’appropriation.
C’est le moment de faire sien ce que l’on a pu recevoir. Cela va de pair avec la contemplation. On peut alors voir en quoi cela nous a transformé. C’est cette relecture dont nous avons parlé précédemment.

Laissons de côté la fausse modestie et la timidité. Cette étape a également un rapport avec la confiance en soi. Il ne s’agit pas d’orgueil mais d’une légitime fierté. Méfions-nous de ces discours qui rapprochent trop la confiance en soi de l’orgueil. Le fait de s’approprier les dons que vous avez vous donne confiance.
De même il est important de pouvoir dialoguer avec une personne à ce sujet là dans l’accompagnement, de manière à ce que cela soit validé dans la Foi : discerner le don que l’on a reçu et l’accueillir afin de l’approfondir.

Plusieurs paroles d’Evangile vont dans ce sens, et nous pouvons relever l’attitude de la Vierge-Marie

« Marie gardait toutes ces choses dans son cœur. »

C’est le cas au moment de l’Annonciation, de la Nativité, Marie nous montre une attitude de contemplation et d’accueil.

Le don de soi

Il s’agit du don de son intelligence, de sa volonté, de sa sensibilité, de sa fidélité… Se donner, c’est se révéler. Ainsi, mettre les priorités pour cette année qui commence, c’est décider des lieux où vous allez vous donner vous-mêmes.
Il peut arriver que l’on ait peur de rentrer dans cette logique de don, car on a peur de se révéler, peur de souffrir ou d’être déçu.

Mais n’oublions pas que l’on guérit des mauvaises expériences par de bonnes expériences. Si vous avez eu des mauvaises expériences dans le don de vous-même, cela peut être un bon moyen de traverser cette épreuve. Ces peurs qui nous retiennent : la peur de l’échec, la peur de ne pas y arriver…

Ce qui peut aussi nous empêcher de fixer des priorité, cela peut également être que l’on veut garder l’infinité des possibles, de ne rien choisir pour ne se fermer aucune porte, comme un rond point à mille sorties. Posons-nous la question de savoir s’il y a en nous cette tendance, cette envie de liberté mal comprise.
À l’inverse, plus je m’engage, plus je suis libre !