En effet, il peut être intéressant d’explorer la spiritualité de communion que le Pape Jean-Paul II nous a donnée à l’aube du troisième millénaire. Il s’agit d’analyser les situations sous l’angle de la qualité des relations que nous pouvons avoir avec notre entourage. Dans son texte, il parle de faire de l’Église « la maison et l’école de la communion ».
Établir la qualité de la relation comme un marqueur d’équilibre va pouvoir nous aider : la relation à soi-même, la relation avec Dieu, la relation avec les autres dont des bons critères d’analyse pour nous dire où nous en sommes.
On peut ainsi être amené à « border » notre quantité de travail et à envisager notre vie personnelle comme un bien à protéger. Les sollicitations ne manquent pas et trouver cet équilibre n’est pas spontané. C’est pour cette raison que le Saint Père a parlé de combat spirituel à ce sujet…
Quand il s’agit de se présenter, n’avons-nous pas la tentation de parler en premier lieu de notre vie professionnelle, de notre « situation » comme si c’était la partie prédominante de notre existence ? Si c’est une manière intéressante d’entrer en matière, il y a tant d’autres choses à dire pour nous définir : de quelle région nous venons, quels sont nos centres d’intérêt etc… La profession est pertinente pour entrer en relation, mais ce n’est pas forcément la seule façon que nous pouvons utiliser pour nous définir totalement.
À l’inverse, l’absence de travail est un indicateur intéressant : si nous avons vécu un temps de chômage, était-ce un épisode si douloureux qu’il nous serait arrivé de le cacher au cours de certaines conversations. C’est alors un révélateur de notre besoin de reconnaissance ?
Et pour la question de la surcharge de travail, en quoi travailler trop diminue la qualité de nos relations ? En couple, c’est peut-être un miroir assez facile à analyser, mais il y a aussi les amis et la famille au sens large. Quelles sont les personnes proches qui pourraient nous en faire part ? Serions-nous capables de les nommer ?
Et à notre tour, a-t-on la simplicité de tirer la sonnette d’alarme auprès de nos proches ?
Ces questions de trop et pas assez sont également à approfondir dans le cas des métiers-vocation. Il est alors nécessaire de revisiter sa propre culpabilité quand on travaille notamment dans le secteur médical, de l’enseignement, dans les forces de l’ordre et de secours, les personnes dont le travail est une relation d’aide, les prêtres en font partie. Et c’est là que les burnout en font partie. La culpabilité peut intervenir au moment où on quitte le travail, renonçant à aider les autres alors qu’il y a toujours quelqu’un à soigner, à instruire, à confesser…
Il n’y a jamais de fin, comme s’il y avait un rideau qui pourrait se tirer, car ça touche la personne humaine, et en même temps, c’est cela qui nous attire… Et en cela, votre génération a cela de particulier qu’elle cherche un travail qui ait un sens, à l’inverse l’absence de sens peut être vécu douloureusement. Mais dans ce genre de profession, il faut réfléchir aux butoirs et les limites que l’on va mettre.