Homélie du 13e dimanche du Temps Ordinaire

3 juillet 2023

« Et celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, amen, je vous le dis : non, il ne perdra pas sa récompense. »

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Texte de l’homélie

Frères et sœurs, en écoutant cet évangile d’aujourd’hui, je pense que nous sommes tous d’accord que Jésus est bien loin de toute forme de technique de marketing à la mode. Vous l’avez entendu, pour attirer Ses disciples à Le suivre, Jésus n’utilise aucun discours séduisant comme : « écoutez vos caprices et vous serez des dieux », « Soyez cristalline et ça coulera de source »…

Certes, Jésus n’obligera jamais personne à Le suivre. Mais pour celles et ceux qui ont fait ce choix, on peut dire que Son programme est très exigeant, difficile à comprendre et pourtant d’une clarté sans détour… Je reprends en trois points :

« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, à sa femme, ses enfants, il n’est pas digne de moi. »

« Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne sera pas mon vrai disciple. »

Enfin, Il conclue avec ce coup de grâce :

« Celui qui ne renonce pas à soi-même ne peut pas être mon vrai disciple. »

D’où le trait d’humour de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus :

« De la manière dont vous traitez vos amis, Seigneur, je comprends que vous n’en ayez pas beaucoup !… »

Au passage, je fais remarquer que selon les évangélistes – ce n’est pas le cas avec Saint Luc - Jésus ne s’adresse pas qu’aux religieux comme nous, ni seulement aux religieuses ou aux prêtres. Il s’adresse à chacun d’entre nous d’une certaine manière. Nous sommes appelés à être des disciples.

Je vous propose donc d’essayer modestement d’apporter un peu de lumière.

Donner la première place à Jésus

Préférer Jésus même à celles et ceux qui sont les plus chers - vous avez entendu les paroles de Jésus – n’est pas une question de jalousie de la part de Jésus. Ce n’est pas parce que l’on aime plus Jésus que l’on aimera moins nos proches, cette pensée est de l’ordre de la tentation.

Nos amours les plus légitimes - que Jésus encourage notamment avec le quatrième commandement par rapport à nos parents – sont à être éclairées et à guidées par Sa parole dimanche après dimanche, au moins un peu.

Car on le voit très bien, tôt ou tard vont s’introduire des sortes de désordres dans nos relations. Nous les subissons tous un peu : l’indifférence, la jalousie, les comparaisons, la rivalité…

Voyez, avec humour, j’aime bien dire que si ce n’est pas derrière Jésus que nous marchons, tôt ou tard, celles et ceux derrière lesquels nous marchons risquent très vite et inévitablement de nous marcher dessus.

On peut prendre un exemple sur les mères de famille, mais c’est aussi vrai pour les frères. Si une maman dit toujours avec beaucoup de conviction à ses enfants qu’ils sont tout pour elle, c’est bien, mais on peut être sûr que très rapidement, ce seront ses enfants qui la feront marcher, voire courir…

Marcher derrière Jésus sans que rien ni personne ne se mette entre Lui et nous, ce n’est pas évident mais c’est une grâce que nous pouvons demander : c’est remettre Jésus à Sa première place, au cœur de toutes nos relations.

Et si vous vivez de cette grâce là, une joie naîtra. C’est une bonne nouvelle que Jésus annonce, et l’on peut au moins découvrir deux cadeaux précieux dans notre vie relationnelle.

  • Premièrement, si nous mettons vraiment Jésus au centre de notre vie, nous éviterons toutes les conséquences fâcheuses de l’idolâtrie. Cette notion est très présente dans l’ancien testament notamment, avec des conséquences comme la tromperie, l’amour fusionnel, les addictions, et Jésus veut nous en préserver. Et en même temps, Il va nous pousser à expérimenter la vraie liberté dont parle Saint Paul dans la deuxième lecture : celle des enfants de Dieu. Nous pouvons l’expérimenter jour après jour si nous le voulons.

Voyez dans la première lecture de quelle liberté le prophète Élisée fait preuve…
Voici pour la première parole. Passons à la deuxième exigence :

Prendre sa croix

Prenons garde aux contresens qui peuvent parfois nous habiter : prendre sa croix ne signifie pas souffrir à tout prix ou aimer la souffrance car ce serait elle qui nous sauverait… Cela veut plutôt dire qu’il nous faut apprendre à aimer toujours le mieux possible avec Jésus, en toute circonstance, surtout quand ça va mal. Voilà qui n’est pas facile, mais la loi est : « toujours l’amour ».

Pour mieux comprendre ceci, vous pouvez remplacer la lettre R de ce mot croix par la lettre H. Cela donne le mot choix. Porter sa croix c’est choisir Jésus qui est passé par la Croix, par la mort pour nous ressusciter, et qui nous rend capables, si nous le choisissons, d’entrer dans Son choix.
Il s’agit aussi de traverser les moments les plus heureux de notre vie avec Lui., évidemment, mais aussi quand ça ne va pas très bien, quand c’est difficile. Il faut se faire aider, et Jésus est là, toujours, avec un amour plus grand que tout.

Cela veut dire que si dans la Foi c’est un choix, c’est bien parce que ce ne sont pas que des sentiments. Les sentiments sont très bons, mais si dans la Foi j’apprends à rebondir dans cet amour là de Jésus - nous le faisons peut-être déjà - tous les amours les plus humains, les plus affectifs, les plus forts et les plus absolus que nous cherchons, voir les amours les plus ratés, nos échecs – j’ose le dire - trouveront leur accomplissement et une fécondité éternelle que Dieu donne déjà aujourd’hui.

Enfin, voici la troisième exigence, comme une bonne nouvelle qui résume les deux autres :

Renoncer à soi-même

Quel beau programme. Formulé ainsi, on voudrait bien dire à Jésus qu’il pousse tout de même le bouchon un peu trop loin ! Que de contresens que nous pourrions faire…
Je ne vais pas beaucoup développer, mais pour comprendre positivement cette parole, il me vient à l’esprit l’image d’un chien attaché avec une corde et qui vénère son maître. Et en le voyant partir loi, il va forcément essayer de le suivre. Mais, inévitablement, attaché à ce poteau – attaché à lui-même, ça va l’empêcher comme tous nos attachements qui nous empêchent de suivre le maître. Jésus ne veut pas de ce scénario-là pour nous.

Pour tous ceux qui connaissent bien Todah notre chien, voyez sa joie d’être à nos côtés pour le chapelet. Heureusement qu’il n’est pas attaché…

Je termine par un auteur inconnu qui dit :

« Il est possible que nous soyons encore trop attachés à tel ou tel proche, qui peut dire ne pas l’être… Cependant, gardons toujours à l’esprit et dans la prière que le lâcher prise n’est pas la fin du monde. C’est justement le commencement d’une vie nouvelle possible. »

Vous pourriez dire que tout cela est bien beau, ce sont des belles paroles, mais ça reste quand même largement au dessus de nos force. Je dirais que oui, je dirais que non… Voyez comment Jésus nous laisse un bel exemple de mise en pratique très accessible. Si vous avez bien entendu :

« Celui qui donne à boire même un simple verre d’eau fraîche à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, amen je vous le dis, il en recevra au centuple. »

Ce n’est donc pas si difficile, n’est-ce pas ? Nous pouvons ainsi nous y entraîner un peu tout simplement durant ces temps de vacances, prendre un verre frais pour réjouir vos proches et remettre le Seigneur au cœur de vos vies,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Deuxième livre des Rois 4,8-11.14-16a.
  • Psaume 89(88),2-3.16-17.18-19.
  • Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 6,3-4.8-11.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 10,37-42 :

En ce temps-là, Jésus disait à ses Apôtres : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi.
Qui a trouvé sa vie la perdra ; qui a perdu sa vie à cause de moi la gardera.
Qui vous accueille m’accueille ; et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé.
Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète recevra une récompense de prophète ; qui accueille un homme juste en sa qualité de juste recevra une récompense de juste.
Et celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, amen, je vous le dis : non, il ne perdra pas sa récompense. »