Homélie du 23e dimanche du Temps Ordinaire

8 septembre 2025

« Ainsi donc, celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. »

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Texte de l’homélie

Chers frères et sœurs,

Je pense aux plus anciens de cette assemblée qui à l’école ou au catéchisme, avez suivi dans votre enfance des cours de morale : sans doutes vous rappelez-vous de la définition du « bon catholique ». C’est toujours actuel, et c’est d’ailleurs ce que vous vivez. Cette question peut encore être posée : « qu’est un bon catholique ? »

Qu’est-ce qu’un bon chrétien ?

Tout d’abord, il participe à la messe le dimanche et les fêtes de précepte et il s’abstient de travailler. Ensuite, il confesse ses péchés au moins une fois par an et il communie au moins chaque année à Pâques. Enfin, aux jours de pénitence, il observe le jeûne et subvient à la quête et au soin de l’Église selon ses possibilité.

Ce sont donc des actes concrets, simples et vérifiables qu’il se définit. Ce n’est pas compliqué. Mais, la difficulté c’est la tentation de résumer la Foi uniquement à ces points, et cela arrive encore de nos jours. Ainsi, si vous restez seulement dans la définition, ce qui devait n’être qu’une conséquence peut devenir le cœur de l’exercice même de la Foi et devenir très sec. Petit à petit, la tentation d’une pratique par obligation ou par habitude s’est installée dans nos pays. Et c’est inévitable, certains ont abandonné, préférant pratiquer le footing le dimanche matin, à la place de la messe.

Cela peut être une des raisons pour lesquelles nos églises se sont vidées, certes, il y en a d’autres. Cependant, si on écoute bien Jésus ce matin dans l’Évangile, Il ne nous demande pas : « Qui veut être un bon catholique ? ». Cela n’est pas noté dans l’Évangile ! Au contraire, à plusieurs reprises, Il demande :

« Qui veut être mon disciple… »

Car pour Jésus, avant d’être catholique, il s’agit d’être disciple, à savoir être quelqu’un – comme chacun d’entre nous à travers le baptême – qui d’abord choisit librement de suivre Jésus, de marcher dans Ses traces, en se laissant questionner comme les apôtres aujourd’hui, par Son évangile pour savoir comment je peux mettre en pratique Ses paroles. Ce n’est pas toujours facile, mais on essaye de marcher avec Lui et ça change quelque chose à ma vie.

Alors, en cette période de reprise et de bonnes résolutions pour beaucoup, voilà une bonne question que nous pouvons nous reposer : « Suis-je un vrai disciple de Jésus ? »

Vous qui êtes dans cette assemblée, vous aurez sans doutes tendance à répondre rapidement par l’affirmative ! En tous cas, le désir y est… Mais en entendant les trois conditions que l’Évangile nous rappelle aujourd’hui, cela risque de coincer, ça nous pique un peu, et il y a beaucoup de chances que l’on tombe en panne, moi le premier car ces paroles ne sont pas évidentes et peuvent sembler au delà de nos forces.

Avez-vous entendu toutes ces conditions ? Préférer Jésus en tout, prendre notre croix et renoncer à tout ce qui nous appartient. Désolé, mais ça ne fait pas tellement envie car ce n’est pas évident. En résumé, on veut bien être un bon catholique, mais pas trop être un disciple de Jésus… Je préfère encore ma femme ou mon smartphone que j’ai dans la poche et je n’ai pas envie de le donner, sans parler de mon vilain caractère, tout cela n’est pas évident…

Or, l’Évangile insiste : pas de bon catholique sans être d’abord un vrai disciple. Essayons de comprendre cela en se raccrochant à des mots simples.

Quelques pistes de réflexion pour la rentrée

Ainsi, en ce début du mois de septembre, peut-être que beaucoup d’entre-vous êtes déjà en surchauffe et en suractivité de travail. En effet, le rythme est déjà reparti à plein car il y a beaucoup de choses à faire, même pour le Bon Dieu. Ce n’est pas mauvais, mais de ce fait, pour les trois conditions du disciple, pour que ça ne reste de pas lettre morte du fait de l’intense activité, Jésus donne trois attitudes incontournables que nous pouvons méditer à notre façon, je vous donne quelques pistes :

S’asseoir pour discerner

Tout d’abord, on commence l’année en étant assis, en prenant du temps pour se poser. C’est ce que nous oublions souvent dans un monde qui va tellement vite. Trop souvent, nous nous jetons avec passion dans des choses à faire. C’est très bien, mais sans y réfléchir, cela fait parfois des dégâts, et beaucoup d’entre nous sont fatigués, voire épuisés au bout de trois mois.
Il peut également arriver d’être bloqués devant une difficulté, comme si on était décalé car il manque quelque chose : s’asseoir… Il ne s’agit pas pour autant de ne rien faire, et cela me rappelle Marie de Béthanie qui a choisi la meilleure part : s’asseoir pour écouter Jésus et profiter de Sa présence. Cela me rappelle aussi notre destinée, et celle de Jésus après l’Ascension : Il est monté au Ciel et Il est assis à la droite du Père, dans la gloire. Quelle béatitude éternelle : être heureux à la droite du Père !

Ainsi, cette attitude nous rappelle au moins deux choses : quand décide quelque chose d’important – ou quand on commence la journée – il faut savoir si les décisions que l’on s’apprête à prendre sont ordonnées à cette finalité : est-ce que cela va plaire à Dieu, suis-je en communion avec Lui ou pas. C’est une chose que l’on doit faire quand on prend une décision  :

  • Est-ce que j’implique Dieu dans ma décision ? Il faut donc s’asseoir, écouter la parole, être prêt à apprendre.
  • Est-ce que je prends un temps de silence chaque jour comme Marie de Béthanie ? Un temps de relecture est nécessaire et ce que vous faites, vous les jeunes qui êtes ici pour ce temps de récollection. Les retraites et les méditations sont aussi ces temps nécessaires pour s’asseoir avec Dieu.
  • Il y a beaucoup de choses à trouver, chacun à sa façon. Qu’est-ce que je suis prêt à mettre en place pour prendre ce temps ?

Calculer !

Un deuxième conseil que j’aimerais de donner est celui de calculer. Il y a mille est une façons de calculer et dans l’Évangile, il y a des passages où l’on voit des grandes figures comme David qui calculait pour savoir s’il avait assez de monde pour faire la guerre. Ce n’est pas une bonne démarche que de chercher à sécuriser.

En revanche, il y a un bon calcul que l’on peut faire avec Jésus : il s’agit ici précisément de dépenses et non de recettes. Autrement dit, pour gagner avec Jésus, gagner à être avec lui dans le bonheur, il faut apprendre à perdre tout ce qui nous encombre, et ce n’est pas si facile. Mais voyez, c’est une autre forme de calcul un peu extraordinaire, à l’inverse de celui du monde…

Aller jusqu’au bout

Il faut savoir aller jusqu’au bout ! Vous vous rappelez l’histoire de Babel dans l’Ancien Testament : l’objectif des hommes était de monter sans fin – comme les gratte-ciel dans certains pays – pas d’achever la construction. L’idée était de montrer la gloire de l’homme sans Dieu, et que s’est-il passé ? La tour s’est écroulé car les constructeurs n’avaient pas pris le temps de s’asseoir et de faire le bon calcul. Ils n’ont pas pris le temps de se mettre en présence de Dieu et ont choisi de faire ça par eux-mêmes.

Jésus nous rappelle cette histoire car, dans le Nouveau Testament, nous savons que la Croix qui nous est révélée est la seule tour : la tour de l’Alliance achevée une fois pour toutes, capable de relier la terre au ciel à jamais. Jésus l’a fait pour nous !

Ainsi, la seule tour qui nous relie à Dieu, c’est Jésus Lui-même.

Ainsi, si vous méditez la parole de Dieu, les trois conseils un peu difficiles donnés par Jésus sous l’angle d’une promesse de bonheur et de vie changent tout !

On le voit bien, préférer Jésus en toute chose, cela change tout car si j’apprends à le mettre en premier, il n’y aura pas de jaloux ! Il va m’apprendre à aimer encore plus, d’un amour vrai, décentré de nous-mêmes, même avec les êtres qui nous sont les plus chers comme mon conjoint, mes frères et sœurs etc…
Si vous comprenez bien l’Évangile dans ce sens, c’est une parole de vie, et non pas en opposition. Elle permet de distinguer pour mieux aimer les autres.

Choisir de prendre sa croix, certains en ont une vraiment lourde. L’idée n’est pas d’aimer la souffrance – ce n’est pas ce que veut Jésus – mais que nous L’aimions en toutes les circonstances, qu’elles soient joyeuses ou douloureuses, et même à travers la mort qui peut devenir le lieu où nous pouvons donner notre amour à Jésus.

Renoncer à tout est un grand sujet. C’est l’expérience non pas de jeter toutes nos affaires, mais de savoir peu à peu nous libérer de toutes ces choses qui nous encombrent et qui nous empêchent justement de remettre notre vie dans les bras de Jésus et de Le choisir comme mon bien au-delà de tous les biens. C’est une belle expérience que nous pouvons faire.

Lorsque l’on réécoute Saint Paul qui écrit dans sa prison, il est vieux, il est fatigué et il risque d’être décapité, mais il reste dans la joie de Dieu et dans l’amitié avec Philémon.

Je pense aussi à vous qui faites partie de l’hospitalité - j’en ai été le piscinier pendant plusieurs années – vous savez combien cette parole est vraie : Jésus est au centre à Lourdes, avec Marie, et ils nous attendent au cœur de ces belles célébrations. Lorsque vous allez en pèlerinage là bas, vous choisissez Jésus et Marie en premier. Et pourtant, que de souffrances et de renoncements nous pouvons vivre à Lourdes à travers les pèlerins que nous pouvons y croiser. Et pourtant, on ne voit personne de malheureux à l’hospitalité de Lourdes : il y a un grand bonheur qui circule ! Il y a de la joie à l’hospitalité, et pourtant, il y a des renoncements, des croix et des préférences…

Ainsi, que Jésus à travers cette expérience que vous pouvez faire à l’hospitalité et nous autrement, selon ce qui s’offre à nous dans notre vie, demandons à Notre-Dame de Lourdes aux Saints Pierre-Giorgio Frassati et Carlo Acutis que ces petites réflexions de ce matin nous entraînent chacun singulièrement, à devenir de plus en plus, non pas seulement de bons catholiques, mais de vrais disciples de Jésus,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre de la Sagesse 9,13-18.
  • Psaume 90(89),3-4.5-6.12-13.14.17ab.
  • Lettre de saint Paul Apôtre à Philémon 1,9b-10.12-17.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 14,25-33 :

En ce temps-là, de grandes foules faisaient route avec Jésus ; il se retourna et leur dit :
« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple.
Quel est celui d’entre vous qui, voulant bâtir une tour, ne commence par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ? Car, si jamais il pose les fondations et n’est pas capable d’achever, tous ceux qui le verront vont se moquer de lui “Voilà un homme qui a commencé à bâtir et n’a pas été capable d’achever !”
Et quel est le roi qui, partant en guerre contre un autre roi, ne commence par s’asseoir pour voir s’il peut, avec dix mille hommes, affronter l’autre qui marche contre lui avec vingt mille ? S’il ne le peut pas, il envoie, pendant que l’autre est encore loin, une délégation pour demander les conditions de paix.
Ainsi donc, celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. »