Homélie du 33e dimanche du temps ordinaire

19 novembre 2018

« Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive. Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. »

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Texte de l’homélie :

De dimanche en dimanche, nous approchons de la fin de l’année liturgique. Chers jeunes, vous le savez peut-être : l’année liturgique ne coïncide ni avec l’année scolaire, ni avec l’année civile, puisqu’elle commence à l’Avent – fin novembre, début décembre - et se termine fin novembre d’après, un dimanche qui nous sépare de l’Avent suivant.
Dans cette dernière ligne droite, la liturgie nous invite à méditer sur la fin du monde. Nous le savons, tout comme ce monde a eu un début, il aura une fin. Et la fin de notre monde personnel, c’est notre mort qui scelle la fin de notre existence terrestre.
Dans cet évangile, Jésus parle de signes avant coureurs de la fin du monde, et c’est sur cette question que j’aimerais méditer avec vous : qu’est-ce qu’un signe ?

En 2015, l’évêque Oscar Roméro a été béatifié. Il avait été assassiné en pleine célébration de la messe, en 1980. Originaire du Salvador, en Amérique Centrale, il était un défenseur des pauvres. Lors de la célébration de sa béatification, un arc en ciel s’est formé à cet endroit. Celles et ceux qui assistaient à cette célébration on vu cela comme un signe de Dieu.
Dans la Bible, l’arc en ciel est le signe de l’Alliance. Et à plus forte raison, qu’il y en ait un juste à ce moment de la messe célébrée pour cet homme qui représentait beaucoup pour son pays après son œuvre de défense des plus fragiles, l’assistance a déclaré : « Dieu parle par cet arc en ciel ! »

Comment interpréter un signe ?

On peut se demander comment discerner que l’on est en présence d’un signe des temps ? Comment les interpréter ?
Le signe est à la charnière du critère objectif et du critère subjectif du discernement : il est signe pour moi, subjectivement, personnellement ; cette rencontre, cet événement me parlent. Cette réalité m’évoque quelque chose de céleste. D’un autre point de vue, ceux qui étaient dans la même ville et n’assistant pas à la célébration l’ont peut-être vu et admiré : « C’est joli… » Cet événement météorologique qu’est la décomposition de la lumière par le soleil à travers des gouttes d’eau est remarquable, mais, ils n’y auront pas vu un signe divin.
Ainsi, voir un signe induit que nous soyons personnellement impliqués, que l’on voit se confirmer quelque chose que l’on avait pressenti, la grâce que Dieu avait faite.
Mais, c’est à la charnière du subjectif et de l’objectif : pour que ce soit un signe, il faut que ce soit objectivé, validé extérieurement. Beaucoup de gens voient des signes pour, par exemple, ne pas mettre tous leurs revenus sur la déclaration d’impôts, et nous ne sommes pas certains que l’inspecteur des impôts les valideraient…

Il faut que ce soit validé, même au plan spirituel, beaucoup disent qu’ils voient un signe de ceci ou de cela, sans avoir connaissance du discernement qu’il faut avoir. Et pour avoir un discernement, c’est important d’être accompagné. Accompagné par un aîné dans la Foi, comme vous l’êtes, chers confirmands, lors de cette retraite : vous êtes accompagnés par des personnes expérimentées qui vous aident à discerner les signes du Seigneur et confirmer que oui, selon ce signe, c’est Dieu qui agit dans l’Histoire. Dieu vient agir dans l’Histoire sous des formes qui sont accessibles à nos cinq sens : Il vient nous toucher et éveiller quelque chose en nous, nous encourager dans la Foi.
Loin d’être à la recherche de signes miraculeux et extraordinaires, ce son bien souvent des choses toutes simples qui nous parlent. Et cette réalité que Dieu veut nous signifier est présente à notre perception.

Qu’est-ce qu’un signe au sens chrétien du terme ?

Chers confirmands, vous l’avez étudié et le savez par cœur, il est un signe qui se produit devant nous chaque dimanche matin : les sacrements sont des signes visibles, c’est la définition même que l’on peut en faire. Le sacrement est un signe qui se donne à voir pour celles et ceux qui comprennent, qui sont initiés.
Vous qui terminez votre initiation chrétienne avec la confirmation – un peu comme un brevet de Chrétien – vous devenez ainsi un disciple de Jésus. Pour vous, cela a un sens particulier et trouve un écho dans votre expérience de vie.
Mais pour quelqu’un qui arriverait ici sans rien connaître se demanderait ce que nous sommes en train de faire et cela pourrait ne pas lui parler.

Les sacrements sont ces signes que le Seigneur nous a donnés, et cela demande d’avoir la Foi pour être compris. Et c’est la Foi qui nous aide à dire : « Oui, je crois que le Seigneur se donne au cours de cette célébration, avec Son corps et Son sang, comme Il l’a promis. »

« Ceci est mon corps, ceci est mon sang… »

Et avec le sacrement de la confirmation – qui est, comme tout sacrement, un geste accompagné de parole - c’est aussi le confirmand lui-même qui devient un signe pour ses compagnons de route. Vos amis savent-ils que vous êtes en récollection de confirmation ? ce n’est pas si certain car, il arrive qu’à votre âge, on s’auto inhibe : on s’interdit de dire sa Foi, et c’est bien dommage. Alors que, par le sacrement de confirmation, vous êtes invités à être des signes pour votre génération…
Mais, le signe a toujours quelque chose de caché : il faut le découvrir, c’est comme un trésor à la recherche duquel on partirait.

Vous rappelez-vous lorsque Jésus dit :

« Cette génération demande des signes, mais il ne lui en sera pas donné d’autre que celui de Jonas… »

Joans qui a été avalé par le monstre marin, puis a été recraché sur le rivage le troisième jour : il a été caché puis est réapparu.
Ainsi, par le sacrement du baptême, et singulièrement celui de la confirmation, je deviens aussi un signe visible de la présence de Dieu parmi ma génération, parmi ceux qui m’entourent.

Et comment être signe ?

Alors, telle est la question ? C’est en vivant l’Evangile, en vivant le pardon, l’amour jusqu’au bout, la miséricorde, l’attention, la compassion, en vivant tout ce qui est donné dans l’enseignement du Christ que l’on devient signe.
Pour certains, cela paraîtra normal, mais pour d’autres, cela peut interpeller : « Ce garçon, cette fille n’agissent pas comme les autres. » et peut poser question : « Pourquoi n’agissent-ils pas comme les autres ? »…
C’est que, précisément, ils sont habités par Jésus. Ils sont habités par le sacrement du baptême, et par le sacrement de la confirmation, ils sont signes du Royaume.

Ainsi, frères et sœurs bien-aimés, chers jeunes, le Seigneur nous donne des signes concernant la fin du monde. Mais, Il nous dit à la fin que seul le Père connaît le moment où elle va arriver. Il est donc inutile de tenter de la prévoir.
Vous savez que chaque époque a porté ses millénaristes, ces personnes qui prévoient la fin du monde à l’heure près. La dernière prédiction en date était le 21 décembre 2012, et ce jour est passé et il semble que le monde subsiste toujours - non pas qu’il se porte au mieux, mais il continue de tourner. Ce n’était donc pas la bonne date, c’était juste la fin du calendrier Maya.

Mais Jésus nous le dit : des signes cosmiques nous seront donnés, et n’attendons pas la fin du monde pour discerner et pour voir l’œuvre de Dieu dans notre vie. Demandons assez d’humilité, de Foi pour découvrir un Dieu qui est caché et qui se laisse lire en filigrane à travers notre vie,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Lecture du livre de Daniel 12,1-3
  • Psaume 16(15),5.8.9-10.11
  • Lecture de la Lettre aux Hébreux 10,11-14.18
  • Évangile de Jésus-Christ selon Saint Marc 13,24-32 :

« En ces jours-là, après une pareille détresse, le soleil s’obscurcira et la lune ne donnera plus sa clarté ; les étoiles tomberont du ciel, et les puissances célestes seront ébranlées.
Alors on verra le Fils de l’homme venir dans les nuées avec grande puissance et avec gloire.
Il enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde, depuis l’extrémité de la terre jusqu’à l’extrémité du ciel.

Laissez-vous instruire par la comparaison du figuier : dès que ses branches deviennent tendres et que sortent les feuilles, vous savez que l’été est proche.
De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte.

Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive.
Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas.

Quant à ce jour et à cette heure-là, nul ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père. »