Homélie du 4e dimanche du Temps Ordinaire

2 février 2016

« Sûrement vous allez me citer le dicton : “Médecin, guéris-toi toi-même”, et me dire : “Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm ; fais donc de même ici dans ton lieu d’origine !” »

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Texte de l’homélie :

C’est toujours difficile d’accueillir la nouveauté dans notre vie, surtout avec l’âge, nous avons tendance à devenir rétifs aux changements.
Et pourtant, c’est bien une nouveauté que le Seigneur vient nous apporter aujourd’hui.

Lorsque Jésus est dans cette synagogue, Il vient de lire le livre du prophète Isaïe, où il est dit

« Je suis venu apporter la bonne nouvelle aux pauvres, libérer les captifs, apporter une année de bonheur et de bienfaits. »

Puis Il termine la lecture, rend le livre au servant, et dit :

« Aujourd’hui s’accomplit cette parole. »

On pourrait alors être dans l’action de grâce ! Si ce qu’a annoncé Isaïe s’accomplit aujourd’hui, alors c’est magnifique ! Puisque c’est une année de grâce annoncée par le Seigneur…
Et non. Ce n’est pas comme cela que ça fonctionne : Jésus est l’accomplissement de toutes les Écritures. Mais Il n’est pas bien accueilli…

C’est parfois surprenant de voir, comme le disait François d’Assise, que l’Amour n’est pas aimé. Et au contraire, l’Amour provoque la violence… Alors qu’on pourrait rendre grâce !
Il y a un autre passage dans l’Évangile où Jésus libère un possédé des esprits maléfiques, cet homme est redevenu normal, et pourtant on demande à Jésus de ne pas rester… de partir ailleurs.
Dans plusieurs passages, dont le procès de Jésus évidemment, il est reproché à l’autre de faire du bien. Ce n’est pas facile d’accueillir le bien de personnes inattendues. Mais nous savons que le bien, d’où qu’il vienne, nous vient du Saint Esprit qui, d’une manière ou d’une autre agit dans le cœur d’un homme ou d’une femme.
Il est donc important d’ouvrir notre cœur : il y a des bonnes nouvelles mais auxquelles on a du mal à croire.

Il y a des bonnes nouvelles qui nous sont annoncées régulièrement, ne serait-ce que la bonne nouvelle de l’Évangile : « Je suis au milieu de vous. »
Est-ce que nous y croyons ? Jésus, là, aujourd’hui, en ce moment, est au milieu de nous. C’est une bonne nouvelle ! Jésus leur dit de regarder dans l’Écriture, il cite le prophète Élie, il s’agit d’une veuve étrangère à qui le Seigneur a donné assistance, et puis Naaman le Syrien lépreux qui a été purifié ! Ceux qui devaient normalement être disposés à recevoir la Bonne Nouvelle, c’est-à-dire le peuple d’Israël, ceux-là ont eu le cœur endurcit. Parce qu’ils voulaient recevoir le bien à la manière dont eux pensaient que le bien allait leur arriver.

C’est vrai qu’avec Jésus, on change de logiciel ! On change complètement de manière de penser. Et on le voit bien : « Nous avons appris tout ce qui se passait à Capharnaüm » et Jésus dit : « Amen, Je vous le dis ». Jésus dit : « Il vous a été dit, et moi Je vous dis ». Il y a à la fois une continuité, parce qu’il y a un accomplissement des Écritures, et à la fois une rupture.
Et c’est là tout l’enjeu de notre foi : à la fois vivre une continuité avec l’Ancien Testament, mais accueillir quelque chose de profondément nouveau. Jésus est venu, par exemple, faire imploser la notion de pur et d’impur qui est encore très présente dans d’autres religions (aliments autorisés, aliments non autorisés,…). Le pur et l’impur, ce n’est pas ce qui vient de l’extérieur, mais ce qui vient de l’intérieur du cœur !

Ici, on le voit, il n’y a pas d’accueil. Ils conduisent Jésus à un escarpement.
Ils ont un regard simplement humain sur Jésus : « N’est-il pas le fils de Joseph ? ». Avec un regard simplement humain, la vie de Jésus tient sur une feuille A4 !
Nous, nous avons un autre regard. La foi, au fond, c’est le chemin du regard. C’est avoir un autre regard sur l’actualité, c’est accueillir la grâce d’où qu’elle vienne, même de façon complètement imprévue, voire inopportune parce que parfois la grâce nous bouscule. On ne s’y attend pas, et puis ça nous bouscule, et comme on n’aime pas changer on se crispe… Si je sais qu’aujourd’hui est un temps de grâce, ma manière de vivre va changer !

Aujourd’hui, cette parole s’accomplit. Et d’aujourd’hui en aujourd’hui, on va vers la vie éternelle ; comme disait la petite Thérèse : « Pour aimer, je n’ai qu’aujourd’hui ». C’est vivre ce Carpe Diem chrétien. Carpe diem, c’est « cueillir le jour ». On cueille dans la journée les grâces qui nous viennent de la part du Seigneur, et chaque journée apporte avec elle son lot de grâces. Faut-il avoir le bon regard ? Parce qu’on peut être dans la colère, dans la revendication, les deux sont en nous !

Demandons au Seigneur que ce ne soit pas cela qui prédomine. Qu’on puisse, avec un regard de foi, rencontrer le Seigneur qui vient se manifester à nous dans les événements et les personnes, et accueillir ainsi quelque chose de Lui chaque jour. Et en accueillant quelque chose de Lui chaque jour, on fait notre provision, notre cœur est nourri, nourri intérieurement. Rien de ce qui est humain n’est étranger à Dieu, puisque Dieu Lui-même a pris notre humanité.

Demandons au Seigneur de fortifier notre foi. Notre foi c’est notre confiance en Dieu. Et la confiance, c’est ce qui est toujours attaqué. Demandons au Seigneur de venir renforcer cela. De nous donner une attitude d’humilité profonde, et là la Vierge Marie nous montre un chemin magnifique avec l’Annonciation qui bouleverse complètement sa vie, ce n’était pas son plan ! Et peut-être encore moins les plans de Joseph. Mais la grâce arrive.
Mettons-nous à l’école de la Vierge Marie pour être de ceux qui accueillent la grâce du Seigneur quand elle passe.

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre de Jérémie 1,4-5.17-19.
  • Psaume 71(70),1-2.3.5-6ab.15ab.17.
  • Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 12,31.13,1-13.
  • Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 4,21-30 :

En ce temps-là, dans la synagogue de Nazareth, après la lecture du livre d’Isaïe, Jésus déclara : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. »
Tous lui rendaient témoignage et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche. Ils se disaient :
— « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? »
Mais il leur dit :
— « Sûrement vous allez me citer le dicton : “Médecin, guéris-toi toi-même”, et me dire : “Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm ; fais donc de même ici dans ton lieu d’origine !” »
Puis il ajouta :
— « Amen, je vous le dis : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays.
En vérité, je vous le dis : Au temps du prophète Élie, lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie, et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre, il y avait beaucoup de veuves en Israël ; pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon, chez une veuve étrangère.
Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; et aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman le Syrien. »

À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas.
Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin.