Homélie du 4e dimanche du Temps Ordinaire

5 février 2013

« Sûrement vous allez me citer le dicton : “Médecin, guéris-toi toi-même”, et me dire : “Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm ; fais donc de même ici dans ton lieu d’origine !” »

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Texte de l’homélie :

Chers frères et sœurs, nous sommes dimanche, le jour du Seigneur. C’est le jour qui nous est donné pour nous renouveler, nous ressourcer. Comme le dit l’oraison d’aujourd’hui, dans la prière d’ouverture :

« C’est un jour pour adorer le Seigneur. »

C’est à dire pour remettre nos pensées dans Ses pensées, et pour laisser nos pensées, les abandonner, et revêtir celles du Seigneur. Ses pensées et aussi Sa manière d’aimer, comme il est dit par la suite :

« Avoir pour tout homme une vraie Charité. »

Cette vraie charité qui nous est décrite dans la seconde lecture. Cette vraie charité que Dieu seul possède, mais qu’Il nous donne en partage et nous appelle à nous redimensionner sur elle et à la partager aussi avec les autres.

En ce quatrième dimanche, nous sommes encore dans la lumière de l’Épiphanie avec ces lectures du début de l’évangile de Saint Luc : cette manifestation du Seigneur. Il y a eu les mages, les noces de Cana, et ce texte dont nous avions déjà le début dimanche dernier - et ici l’accomplissement- pour regarder ce chemin de Jésus, pour laisser retentir cette parole.

Le sens du jour du sabbat

Ce jour, ce dimanche qui nous est donné, c’est effectivement un jour de sabbat – préfiguration du dimanche dans le Judaïsme car il est réservé à la lecture de la Parole du Seigneur, à se régénérer - dans la libération que le Seigneur donne : libération du travail, libération l’esclavage, libération de notre péché.

C’est un jour de sabbat que Jésus fait ce discours dans la synagogue et que se passent ces événements. Et les participants de Nazareth, de son village, sont surpris que le Seigneur ne fasse rien ce jour-là, qu’il ne fasse pas de miracle, d’acte de puissance. C’est peut-être justement pour nous rappeler de célébrer ce jour du Seigneur en proclamant Sa parole et en lui demandant de nous transformer intérieurement, et en y travaillant.

L’accueil de cette parole est important pour nous et nous avons toujours à l’apprendre. Et l’évangile d’aujourd’hui nous montre cette difficulté d’accueillir la parole. Nous pouvons d’abord nous demander si nous l’écoutons, si nous la lisons, et si nous la mettons en pratique. Ici, cette difficulté d’accueillir cette parole va jusqu’à la question – qui reviendra dans les textes voisins de celui-ci, quand on parle de l’évangile apporté aux païens. Il y a ici une ressemblance avec l’évangile apporté aux païens : dans ce cas là Il est dans Sa patrie, et Il n’accomplit pas de miracles, mais ailleurs à Capharnaüm et dans toute la Galilée.

Quelle est la place de la Parole dans notre vie ?

Est-ce que nous accueillons cette parole ? ou est-ce que l’héritage va nous être enlevé ? car c’est ainsi que Jésus parle. Et pourquoi l’héritage leur serait-il enlevé ? c’est justement parce qu’ils n’accueillent pas la parole et ne se laissent pas renouveler par elles.

Dans Sa prédication, Jésus utilise les prophéties : la prophétie d’Isaïe - Il ne cite même pas le texte de mémoire, Il le lit. Il parle aussi des prophètes anciens – Élie, Élisée – et c’est cette parole qui s’accomplit, qui travaille, qui va travailler les cœurs. Ici l’on voit dans l’évangile de Saint Luc ces paroles de grâce comme il est dit : « Cette année de grâce qui se répand au milieu du monde. »

Cette parole, ils ne l’accueillent pas. Cette parole s’accomplit pourtant aujourd’hui. Et l’on a ici une référence au passé, puisque, c’est comme dans le Deutéronome où il est dit :

« Ce n’est pas hier sur le Sinaï, mais nous aujourd’hui qui accueillons la parole, qui l’entendons, c’est nous aujourd’hui qui adorons, c’est nous aujourd’hui qui mettons nos pieds dans les pas du Seigneur. »

Cette parole de cette seconde loi – le Deutéronome – se rapproche de la prédication de Jésus :

« C’est aujourd’hui que cette parole s’accomplit. »

Et quand nous lisons cette parole en assemblée, ou aussi en famille ou dans notre cœur, c’est aujourd’hui que la grâce du Seigneur nous appelle, que la grâce du Seigneur nous est donnée, que Sa parole veut se répandre. Mais voilà la difficulté. Et il y a une ressemblance ici entre les doutes, les incertitudes des Nazaréens qui veulent attirer la Parole à eux, à leur profit, et les tentations de Jésus : utiliser la Parole pour son propre profit, pour que cela nous arrive à nous. Alors que cette parole est donnée librement, Elle est donnée avec grâce et surabondance.

Le Christ se révèle à travers l’Évangile

Cet évangile, qui est en même temps cette Épiphanie, est donné comme portique de toute l’action apostolique de Jésus, dès le début. Et c’est comme cela aussi qu’il nous faut accueillir la Parole : il y a la dimension totale de la prédication, de la mission de Jésus. Il annonce déjà Sa Passion.

En révélant ce qu’il y a dans les cœurs avec : « Médecin guéris-toi toi-même », il y a déjà ce rejet de Jésus, car on entend déjà ici les paroles des Pharisiens, des prêtres au pied de la Croix, du larron qui ne tournera pas son cœur vers Jésus, qui l’insulte. Parce que là aussi, c’est vouloir capter la parole de Dieu pour soi, au lieu de la recevoir et de la laisser fructifier. Et Jésus annonce. Ici, on veut le faire sortir de la ville, comme on l’a fait sortir de la ville de Jérusalem pour le mettre à mort.
Mais, Il va passer au milieu d’eux, comme une évocation de la Résurrection après Sa mise à mort : Sa vie est renouvelée, la vie est donnée pour toujours.

Demandons la grâce d’accueillir cette vie, cette parole qui est appelée à vivre en nous. Demandons la grâce de la mettre en pratique, de nous en nourrir jour après jour. Elle est d’une richesse infinie, richesse plongée dans la tradition, richesse qui reprend les écritures, toutes les actions de Dieu dans le Monde, et qui nous les ouvre aussi dans le futur, dans l’aujourd’hui de Dieu, dans l’aujourd’hui de notre quotidien.

Demandons au Seigneur d’accueillir cette parole, d’adorer vraiment le Seigneur sans partage. C’est à dire en apprenant à Le recevoir pleinement, en abandonnant vraiment nos vues : ce n’est pas simplement avec un aveuglement, mais en laissant confronter, pénétrer toutes nos pensées, toutes nos manières d’agir, pour les laisser illuminées par le Seigneur.
Nous pourrons ainsi petit à petit revêtir Sa grâce, Son action, car Il est là au milieu de nous. Le monde demande : « où est-il ton Dieu ? » et nous répondons, et nous répondrons par notre charité pour tout homme : « Il est là , Il est avec toi »,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre de Jérémie 1,4-5.17-19.
  • Psaume 71(70),1-2.3.5-6ab.15ab.17.
  • Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 12,31.13,1-13.
  • Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 4,21-30 :

En ce temps-là, dans la synagogue de Nazareth, après la lecture du livre d’Isaïe, Jésus déclara : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. »
Tous lui rendaient témoignage et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche. Ils se disaient :
— « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? »
Mais il leur dit :
— « Sûrement vous allez me citer le dicton : “Médecin, guéris-toi toi-même”, et me dire : “Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm ; fais donc de même ici dans ton lieu d’origine !” »
Puis il ajouta :
— « Amen, je vous le dis : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays.
En vérité, je vous le dis : Au temps du prophète Élie, lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie, et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre, il y avait beaucoup de veuves en Israël ; pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon, chez une veuve étrangère.
Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; et aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman le Syrien. »

À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas.
Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin.