Homélie du deuxième dimanche de Carême

14 mars 2017

Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre, et voici que, de la nuée, une voix disait :
« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! »

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Texte de l’homélie :

Frères et sœurs bien-aimés,

Dimanche dernier, 1er dimanche de carême, est appelé aussi dimanche de la tentation, puisqu’on a lu le récit du désert où Jésus est tenté par le démon ainsi que le récit du péché originel.
Dimanche dernier c’était le dimanche du doute, un doute qui est semé par l’ennemi dans notre cœur pour savoir s’il faut ou non suivre Dieu et s’il faut s’y attacher de tout son cœur.

Faire mémoire des merveilles du Seigneur

Peut-être que ce 2e dimanche, appelé aussi dimanche de la Transfiguration, est un dimanche où au contraire nous sommes appelés à faire mémoire des merveilles du Seigneur. D’abord, de l’appel que le Seigneur nous a lancé.

On le voit dans le récit de la Genèse : Abraham et appelé par Dieu à quitter, à recevoir une bénédiction et avoir une fécondité extraordinaire, lui qui est un homme âgé et qui n’a pas d’enfants. Toute sa vie durant cet appel du Seigneur va l’habiter et ensuite Dieu fera alliance avec lui, il ne s’appellera plus Abram mais Abraham, quelque chose du nom divin tombe dans son nom.
Il fait mémoire et il rend grâce pour cet appel de Dieu, dans son histoire c’est quelque chose de fondateur.

Si nous sommes ici, c’est que d’une manière ou d’une autre, nous avons été appelés. Nous ne sommes pas ici par hasard.
C’est de cet appel de Dieu dont il faut faire mémoire et rendre grâce.

Nous le voyons bien dans le Psaume, c’est cette même tonalité d’action de grâce et de confiance :

« Dieu veille sur ceux qui le craignent, qui mettent son espoir en son amour. »

Nous ne sommes plus dans le doute du premier dimanche de Carême, mais plutôt dans cette démarche de confiance, d’action de grâce pour les dons que Dieu nous fait.

Dans la deuxième lecture, Saint-Paul dans la lettre à Timothée, à la fin de sa vie, quand il est en prison et qu’il sait que son heure va venir, nous dit :

« Dieu nous a sauvé, il nous a appelé à une vocation sainte. »

Saint-Paul invite Timothée à qui il écrit à refaire mémoire de la grâce du Seigneur.

Rendre grâce pour être fortifiés dans la foi

C’est important pendant ce temps de Carême pour pouvoir ensuite affronter la passion.

C’est la même chose avec la Transfiguration, Jésus révèle quelque chose de sa divinité, c’est une théophanie, il est sur une montagne.
Quand un juif lit cela il pense toujours à la montagne sur laquelle Dieu a parlé à Moïse, à Élie, ces colonnes de l’Ancien Testament.
Pour la Transfiguration, les colonnes se sont les apôtres.

Jésus révèle quelque chose de sa divinité pour encourager les apôtres à le suivre jusqu’au bout, parce que déjà juste avant, il a annoncé la passion. Nous pouvons imaginer le désarroi des apôtres, comme cela peut-être le cas dans nos vies.

Quand nos vies sont très agitées, il faut se remettre en face du Seigneur et refaire mémoire des fois où nous avons eu cette certitude intérieure de sa présence, comme pour Abraham, comme pour Saint-Paul qui fait mémoire à la fin de sa vie du chemin de Damas et qui encourage les autres.
Nous nous souvenons aussi de Mère Teresa, qui a eu tout un désert spirituel, mais qui toujours s’est appuyée sur sa propre vocation, l’appel de Dieu qui a été central dans sa vie. À travers cette transfiguration, c’est un encouragement.

Il y a des moments où nous avons perçu, peut-être à tâtons, ou peut-être de façon très claire, la présence de Dieu. Cela n’a pas été juste le fruit de notre imagination. Il y a des moments de claire vision, en tout cas d’une clarté intérieure.
C’est parfois juste un moment dans une vie, mais ce moment-là et fondateur, il est permettra ensuite d’avancer en eau profonde.
Malgré cela, Pierre lui-même, colonne de l’église, à renié le Seigneur.

Dans l’évangile de Saint-Jean, il n’y a pas le récit de la Transfiguration, alors qu’il était présent, c’est étonnant.
Pourtant c’est un moment qu’on ne peut pas oublier.
Je pense personnellement, que dans Saint Jean, c’est au moment de sa Passion que Dieu révèle lui-même sa gloire et non au moment de la Transfiguration. Justement nous allons voir qu’au moment de la passion les disciples se sont endormis. Dieu se révèle de façon différente dans Saint Jean, parce que c’est l’Heure, c’est la Passion.

C’est intéressant de méditer sur cette révélation de Dieu, Dieu lui-même se laisse découvrir, il nous dit de nous relever, d’être sans crainte.

L’expérience de Dieu nous indique le chemin à suivre

Il y a une expérience de Dieu que nous avons pu faire dans nos vies, qui nous a parfois troublés, qui nous a parfois encouragés, qui nous montre toujours un chemin.

Si Dieu se révèle à nous, c’est pour nous emmener plus loin, ce n’est pas pour que nous nous arrêtions là.
À nous aussi de demander des grâces si nous sommes dans une forme de nuit spirituelle, si nous doutons, si nous sommes perdus, si nous sommes tentés par le démon.
À nous de nous remettre face au Seigneur et lui demander sa grâce et celle d’avoir l’humilité d’être éclairé.
Nous ne sommes peut-être pas assez audacieux dans notre prière, nous ne demandons peut-être pas assez d’être confortés dans notre foi, en particulier dans un monde tellement sécularisé, où la foi chrétienne est tellement balayée.
Nous avons souvent le sentiment d’être seul, minoritaires, comment tenir le coup dans des circonstances pareilles ? C’est en faisant mémoire de cette présence de Dieu, en se remettant face au moment où Dieu a levé le voile, où nous avons pu faire une expérience du Seigneur.

Demandons au Seigneur qu’il nous aide les uns les autres.
Nous sommes en chemin, nous sommes vraiment rentrés dans le Carême, aujourd’hui le Seigneur nous remet dans la confiance, il nous demande de ne pas baisser les bras et de nous remettre face à la grâce qu’il nous a donné.

C’est peut-être cela aussi la conversion : demander la grâce de rentrer dans cette certitude intérieure de la présence de Dieu dans nos vies, que cette certitude puisse à nouveau briller et qu’Il manifeste quelque chose de son visage.

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre de la Genèse 12,1-4a.
  • Psaume 33(32),4-5.18-19.20.22.
  • Deuxième lettre de saint Paul Apôtre à Timothée 1,8b-10.
  • Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 17,1-9 :

En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmena à l’écart, sur une haute montagne.
Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière.

Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui.
Pierre alors prit la parole et dit à Jésus :
« Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »

Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre, et voici que, de la nuée, une voix disait :
« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! »

Quand ils entendirent cela, les disciples tombèrent face contre terre et furent saisis d’une grande crainte.
Jésus s’approcha, les toucha et leur dit :
« Relevez-vous et soyez sans crainte ! »

Levant les yeux, ils ne virent plus personne, sinon lui, Jésus, seul.

En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre :
« Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. »