Homélie du deuxième dimanche de l’Avent

11 décembre 2017

« Rendez droits les sentiers du Seigneur »

Écouter l’homélie

En préparant cette homélie, j’ai pensé à une partie du rituel d’ordination sacerdotale.
Quand l’ordinant, celui qui est déjà diacre, demande l’ordination sacerdotale et s’approche de l’évêque, il répond à plusieurs questions de l’évêque pour s’assurer qu’il veut bien devenir prêtre et à la manière que l’Église catholique romaine le conçoit, puis s’il veut vivre en communion avec lui et ses successeurs dans le respect et l’obéissance. A la fin l’évêque prononce cette parole qui est tirée de l’épître aux Éphésiens, chapitre 2 :

Que Dieu lui-même achève en vous ce qu’il a commencé.

Ce qui me frappe dans le temps de l’Avent cette année, ce sont les commencements.
Non seulement le commencement de cet évangile de saint Marc, de cette année liturgique, mais aussi le commencement que nous avons célébré la semaine dernière avec l’Immaculée Conception, le commencement de la vie de Marie dans le sein maternel qui a déjà été travaillé par le Saint Esprit. Le commencement de la prédication, avec saint Jean-Baptiste, qui invite à la conversion.

Au fond le temps de l’Avent est le temps des commencements. Dans les commencements il y a déjà une partie de l’accomplissement.

Dans nos vies c’est souvent comme cela : les commencements sont souvent fragiles.
Fragiles comme l’enfant qui vient s-de naître, fragiles comme cet homme assez étonnant, original, qui va vêtu de poils de chameau dans le désert à la manière prophétique. Les commencements de Jésus lui-même qui rassemble quelques disciples et puis les commencements en la Vierge Marie, avec l’Annonciation.

Ce qui marque beaucoup dans ces commencements à la manière de Dieu, c’est la pauvreté, la simplicité du coeur. L’Avent est une période où nous sommes d’avantage invités à devenir contemplatifs. Cela ne veut pas dire d’arrêter nos activités quotidiennes, mais savoir discerner dans notre vie où Dieu commence quelque chose. Parce que quand il commence quelque chose, c’est souvent quelque chose de fort, mais qui demandera un certain combat spirituel. Tout de suite après la naissance de Jésus, Hérode cherche à faire tuer les nouveaux-nés. Les commencements de la Sainte Famille aussi sont compliqués, avec la fuite en Égypte, les commencements aussi de la vie apostolique de Jésus, marqués par la persécution.

Au début, quand Dieu veut travailler le coeur et commencer à rentrer dans une âme, c’est par la voix de la douceur mais aussi par la voix du combat intérieur.

Nous aussi nous voulons regarder ce temps de l’Avent comme un temps de combat spirituel. Nous avons lu dans la première lecture le livre d’Isaïe au chapitre 40, c’est ce qu’on appelle le « 2e Isaïe ».
C’est un Isaïe d’espérance. Il annonce déjà le commencement possible de la libération d’Israël qui est en esclavage, sous l’oppression. Le roi Cyrus a gagné la guerre, il sera ensuite celui qui libèrera Israël et lui donnera toutes les grâces nécessaires pour retourner vers la Terre Promise.

C’est le temps des commencements parce que c’est le temps de la promesse.Des promesses nous sont faites de la part du Seigneur. Ces promesses nous invitent à une attention particulière, les choses se succèdent dans nos vie sans que nous n’ayons vraiment le temps de contempler l’ouvre de Dieu, dans un évènement familial, une rencontre, une lecture de sa Parole,… SI nous sommes dans un mode d’hyperactivité, nous risquons de passer à côté de cela, de ce que Dieu fait en nous, toujours dans le silence et l’humilité comme on le voit avec Jean-Baptiste, avec Marie, avec Jésus lui-même. Nous sommes peut-être attirés par ce qui est scintillant, ce qui est prévisible, ce qui fait du bruit, qui est reconnu socialement et nous laissons de côté ce qui est plus simple et plus modeste.

Le temps de l’Avent est le temps de la contemplation où Dieu veut faire des choses en nous, il commence en Marie quelque chose d’extraordinaire, et ce n’est pas par ce que les commencements sont simples qu’ils ne sont pas forts. Dans le commencement il y a déjà la partie de l’accomplissement. Dans le grain de blé il y a déjà et la tige, et l’épi.

J’ai eu la grâce de fonder une maison de ma Congrégation en Argentine, cela n’a pas été si simple, les commencements sont souvent difficiles dans ces cadres là, mais il y a quelque chose de fort, on se sent accompagné par le Seigneur. La fondation de cette maison religieuse m’a impacté spirituellement. C’est la même chose pour les commencements d’un couple, il faut être très attentif à ce que le Seigneur manifeste.

Nous pouvons demander au Seigneur d’avoir plus cette attitude contemplative, d’être attentif à ce qui est petit en nous, pas à la manière du monde, au motions du Saint Esprit en nous. Dieu agit en nous avec douceur par son Saint Esprit qui travaille notre coeur et nous emmène plus loin que ce que nous pourrions faire, dans une dimension bien plus grande, comme le salut.

Frères et soeurs bien-aimés, soyons dans l’espérance et l’action de grâce pour ce que Dieu veut accomplir dans son Église et en chacun de nous.

Le Seigneur fit pour moi des merveilles.

Nous dit le Vierge Marie, mais c’est vrai aussi pour chacun.

Soyons dans une grande confiance, demandons cette grâce plus intérieure d’une profonde confiance. Nous savons bien que notre monde est agité, nos familles parfois bousculées, notre vie professionnelle difficiles, notre confiance peut être vite attaquée.

Dieu travaille le coeur de chacun en remettant dans notre vie la confiance que lui même tient notre vie dans sa main et que ce que Dieu a lui-même commencé, il veut l’achever en chacun.

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre d’Isaïe 40,1-5.9-11.
  • Psaume 85(84),9ab-10.11-12.13-14.
  • Deuxième lettre de saint Pierre Apôtre 3,8-14.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 1,1-8.

Commencement de l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu.
Il est écrit dans Isaïe, le prophète : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour ouvrir ton chemin.
Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers.
Alors Jean, celui qui baptisait, parut dans le désert. Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés.
Toute la Judée, tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui, et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain, en reconnaissant publiquement leurs péchés.
Jean était vêtu de poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins ; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.
Il proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales.
Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »