Homélie du premier dimanche de l’Avent

1er décembre 2021

« Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous aurez la force d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme. »

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Texte de l’homélie :

Nous entrons donc dans une nouvelle année liturgique avec le temps de l’Avent. On nous a toujours expliqué que l’Avent ne voulait pas dire « avant » mais « événement », « avènement ». Mais on continue à se mettre dans la perspective de préparer Noël parce que l’on est dans le temps qui précède cette fête et cela entraîne beaucoup d’activités, notamment faire la crèche… Cependant, on passe très souvent sous silence ce que veut dire « avènement », « Avent ». L’origine du mot, l’origine de cette fête qu’est l’Avent est païenne. Avant la naissance de Jésus-Christ, c’est la fête que l’on fait dans une ville quand on intronise une statue dans un temple. Et quelques siècles plus tard, vers le premier siècle - quand les empereurs se sont pris pour des dieux, c’est des choses qui arrive - c’est quand le roi ou l’empereur arrive dans une dans une ville et que l’on organise une immense fête parce qu’il « advient », il vient au milieu de nous ! Et c’est le nom que les Chrétiens ont pris pour fêter la venue de Jésus, Son Incarnation, ce qu’on appellera plus tard - avec un mot déformé provenant de l’Italien, du Portugais ou de l’Occitan – Noël, devenu « natal », « nadal », devenu ce cri !
Mais ce temps de l’avent dans son intelligence ne dure pas quatre semaines, il dure six semaines. parce que « l’avènement », c’est Jésus qui vient.

Et c’est cette chose incroyable que cette dimension quand on parle de la Trinité, on dit :

« Ô Dieu qui est, qui était, et qui vient. »

Et le propre du Seigneur c’est de venir.

Vous avez dans la Torah, dans les cinq premiers livres de la Bible, ceux de la loi, cette expression qui revient dix fois :

« Dieu vit la misère de son peuple et Il descendit. »

Et dans le credo on reprend :

« Il descendit du ciel. »

Parce que c’est le propre de Dieu, c’est le propre de Sa paternité. Quand Il nous voit dans le malheur, dans la difficulté, Il vient. Et c’est ce que Jésus nous transmet par tout Son être, par toute Sa personne : Il va au devant des pêcheurs, au devant des gens brisés pour leur re-communiquer la vie.

Ce temps de l’Avent est donc distribué en différentes périodes : il y a la première période de l’avent qui est du premier dimanche jusqu’au seize où l’on va entendre les textes qui parlent de la venue de Jésus, de Sa venue en gloire.

Parce que nous l’attendons même si Il est déjà venu. C’est ce que nous faisons à Noël : nous L’attendons dans la plénitude. Toute la Bible se termine par un mot, à la fin l’apocalypse – tout comme la deuxième épître aux Corinthiens : « Maranatha ! »

« Viens seigneur Jésus ! »

Oui, nous sommes Chrétiens dans une attitude d’attente, dans une attitude d’ouverture. Nous savons que nous n’allons pas réformer le monde nous-mêmes mais nous allons nous appuyer sur la grâce de Dieu, cette grâce dont nous avons été comblés en Jésus. Et nous sommes dans ce mouvement, et le temps de l’Avent sert à cela : pour augmenter notre désir, pour augmenter notre désir de la vie et de la vie en plénitude, de cette vie éternelle, de cette vie qui ne passe pas, mais pour la toucher non pas simplement dans une illusion mais vraiment !
Mais comment ? Déjà, dans les lectures d’aujourd’hui nous disent que le Seigneur nous donne la charité :

« Frères, que le Seigneur vous donne, entre vous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant, comme celui que nous avons pour vous. »

Un amour entre vous et à l’égard de tout homme, un amour de plus en plus intense et débordant, un amour comme celui de Dieu qui vient au secours de la misère de Son peuple, un amour qui est comme celui du Père. Et il nous faut faire pénitence, c’est tout ce temps de conversion nécessaire pour sortir de la haine, des jugements, de l’indifférence…
C’est le travail de cette première semaine qui suit d’ailleurs la fête du Christ-Roi, cette venue en gloire du Seigneur que nous attendons et que nous espérons.

Et elle va aussi se compléter par cette préparation de notre cœur avec Jean-Baptiste - la semaine prochaine et pour le troisième dimanche - qui vient nous préparer et annoncer les temps messianiques, nous demander de mettre un petit peu d’ordre dans les vertus, aux militaires de pas profiter de pas utiliser leur force pour extorquer des choses aux gens, aux commerçants de pas changer les poids et les mesures etc… Que chacun agisse avec un peu de justice.

Puis, on a tout de suite après la neuvaine de préparation à Noël où tous les textes sont ceux avant la naissance de Jésus, et ensuite la semaine de Noël avec cette révélation du Christ, cette manifestation aux bergers d’abord, c’est dire à Israël, puis ensuite, avec l’Épiphanie, aux nations, à tous et à l’égard de tout homme.

Alors l’attitude que le seigneur vient développer en nous ici c’est : « Restez éveillés, ne vous endormez pas ! »
Jésus a plusieurs paraboles aussi sur cette attitude fondamentale, celle d’être dans la tension, dans l’ouverture, dans l’écoute et non pas simplement de ne laisser passer les choses comme si les autres n’existaient pas.

Dans la première lecture de ce dimanche, le seigneur nous parle de ce germe de justice, et il y a d’ailleurs un jeu de mots avec Nazareth - c’est un mot messianique qui est employé ici - parce que ce germe qui a été mis dans notre cœur par le baptême doit puisse grandir pour que nous puissions être éveillés dans notre foi, dans notre espérance, dans notre charité et notre attention aux autres.

Voyez le texte de l’évangile qui nous est donné ici, cette Apocalypse deux de l’évangile, est un texte qui nous parle d’un monde qui est ébranlé, qui annonce la destruction du temple de Jérusalem, qui prédit les temps derniers et qui nous accompagnent. Et quand notre monde paraît ébranlé, l’Église paraît ébranlée, rappelons-nous que le propre du Chrétien c’est de redresser la tête. Ne commencez pas à crier, ne commencez pas à vous laisser prendre par cette panique qui nous est décrite ici.
Certes, c’est une recommandation facile, mais ne retombons pas dans l’erreur des disciples qui sont devenus des traîtres de Jésus et des « abandonneurs » de Jésus parce qu’ils s’imaginaient simplement que Jésus devait être roi à la manière humaine et remettre de l’ordre, mettre un bon gouvernement et prendre le pouvoir, et toutes les idées qui s’en suivent : « Que nous soyons assis à droite et à gauche… », « Est-ce maintenant, Seigneur, ou juste avant la passion que tu vas remettre en ordre, faire venir Ton royaume ? » … parce que nous ne pensons tous comme ça

Or, Jésus est Le verbe, Il est cette parole de Dieu qui descend au milieu de la difficulté, mais qui va rencontrer chacun pour redonner la vie pour faire jaillir la vie dans le cœur de chacun. C’est à cela que nous sommes appelés.

S’il fallait prendre une résolution dans cette année de temps ébranlés où il devient de plus en plus difficile de trouver une messe, où nos assemblées diminuent, où le nombre de prêtres se réduit, et où tout semble compliqué, relevons la tête, prenons notre vie en mains et prenons la résolution de se laisser éduquer par la parole, de manger cette parole.
Depuis le concile Vatican II, nous avons chaque jour un panel de tout le chemin biblique qui nous est donné de faire pendant l’année pour nous nourrir laisser résonner cette parole, pour laisser agir cette parole de Dieu.

Relevons la tête, parce que nous ne pouvons pas être simplement passifs, nous contentant d’une simple piété populaire, si touchante soit-elle, mais devenons les membres du Christ, du Christ qui porte. Le Seigneur nous a appelés, le Seigneur nous a envoyés et a mis en nous la vie divine. Nous avons été confirmé non pas simplement pour que Dieu nous fasse du bien et que nous nous en sortions bien aux yeux du monde, mais pour faire de nous Ses disciples pour faire de nous Ses bras, Ses mains, Ses jambes, faisant partie de Son corps pour que nous soyons annonce pas simplement par la parole mais par l’être, par la bonté qui sort du cœur,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre de Jérémie 33,14-16.
  • Psaume 25(24),4bc-5ab.8-9.10.14.
  • Première lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens 3,12-13.4,1-2.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 21,25-28.34-36. :

En ce temps-là, Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur terre, les nations seront affolées et désemparées par le fracas de la mer et des flots. Les hommes mourront de peur dans l’attente de ce qui doit arriver au monde, car les puissances des cieux seront ébranlées.
Alors, on verra le Fils de l’homme venir dans une nuée, avec puissance et grande gloire. Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche.
Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste comme un filet ; il s’abattra, en effet, sur tous les habitants de la terre entière.
Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous aurez la force d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme. »