Homélie du troisième dimanche de Pâques

2 mai 2017

Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards.
Ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? »

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Texte de l’homélie :

Chers frères et sœurs,

Avec toute l’Église ce matin, nous disons dans la prière d’ouverture :

« Affermis-nous dans l’espérance de la résurrection. Affermis-nous dans notre foi en Jésus ressuscité. »

Vous vous rappelez que Saint Paul dit aussi :

« S’il n’y a pas la résurrection, notre foi est vaine. »

Bien souvent nous marchons dans notre vie comme les disciples d’Emmaüs.
Bien sûr, à un moment ou l’autre, le Seigneur nous a fait une grâce, nous a guéri, nous a touché par sa Parole, nous avons cru, nous avons suivi, mais nous espérions que cela allait changer les choses. Nous espérions qu’il allait délivrer Israël mais voilà, nous sommes restés déçus, nous avons l’impression souvent que sa Parole a échoué.

Benoît XVI disait dans un angélus :

« Ce drame des disciples d’Emmaüs apparaît comme un miroir de la situation de beaucoup de chrétiens de notre époque. Il semble que l’espérance de la foi ait échoué. Cette même foi entre en crise à cause de l’expérience négative qui nous fait sentir abandonnés du Seigneur. »

Apprendre à rencontrer Jésus

Il ne nous suffit pas de connaître Jésus. Il faut que nous apprenions à le rencontrer, à le découvrir vivant.

Il est beau de voir Jésus qui, sur la route, rejoint les disciples, qui marche avec eux, et qui les ramène à la Parole de Dieu.
Comme nous pourrions nous interroger quand nous voyons combien de fois la Parole de Dieu, l’ancien testament, nous paraît étrange, nous paraît incompréhensible car ressemblant peut-être un peu trop au quotidien que nous pouvons vivre, et nous ne voyons que cette pâte humaine, sans y lire ce fil rouge, le souffle de l’Esprit Saint qui mène cette alliance que le Seigneur fait avec nous, cette éducation pour nous apprendre à non plus vivre suivant l’esprit du monde, mais avec l’esprit nouveau, avec l’Esprit Saint. Apprendre à aimer de cette manière nouvelle, à être arrachée à l’idolâtrie, à être arraché à la manière d’Adam et Ève de la domination et la convoitise qui font notre quotidien.

Jésus, mort, ressuscité, a tellement insisté pour dire il faut que le Fils de l’homme soit rejeté, il faut.
Cela est dit trois fois dans les évangiles, c’est dire combien Jésus y revient de manière insistante et profonde.
On nous dit que tout en annonçant aussi sa résurrection, les apôtres ne comprirent pas ce qu’il voulait dire.
Il faut bien avouer que bien souvent nous ne comprenons pas ce que veut dire la résurrection, si nous en restons à cette idée.

Mais nous sommes en chemin pour apprendre, avec Jésus, à le rencontrer. Nous le rencontrons dans cette parole où Jésus vient nous expliquer l’écriture, comment il fallait nous apprendre à marcher. Cela les disciples ne s’en rendent pas tout de suite compte, mais cela fait de l’effet dans leur cœur, cela vient réchauffer leur cœur, ils font cette lecture dans l’Esprit Saint.
Nous ne faisons pas seulement une lecture pour avoir des connaissances, des histoires, mais pour se laisser guider par l’Esprit Saint.

Il faut que nous allions peut-être visiter ces fausses espérances que nous mettons dans le Seigneur : on pensait qu’il allait délivrer Israël. On sait bien comment, en politique où ailleurs, les hommes sont prêts à s’enflammer pour trouver des solutions. Ce n’est pas de celles-là que Jésus nous parle. Ce n’est pas de cette délivrance. C’est en le rencontrant, apprendre à vivre comme homme et femme nouveau qui vont vivre de l’Esprit Saint.

Demeurer avec Jésus

Jésus nous entraîne, il marche avec nous, et nous allons découvrir que c’est dans notre route, dans notre chemin, mais relu avec le Seigneur, que nous allons apprendre cette vie que Dieu nous communique.
Mais il faut qu’on le retienne, Jésus n’est pas simplement des idées, des valeurs, c’est quelqu’un qu’il faut retenir, demeurer avec lui.

Les disciples le reconnaissent à cette fraction du pain. Il fallait d’abord aller, comme dit Thérèse d’Avila, aller de l’avant, marcher avec lui, en avançant toujours, en laissant notre vie être illuminée, en la mettant sous la lumière de la parole de Dieu.

Et puis nous avons à demeurer, alors là :

« Leurs yeux s’ouvrirent. »

Demandons cette grâce, pendant cette Eucharistie, pendant cette semaine, demandons cette grâce chaque jour que nos cœurs puissent s’ouvrir et découvrir l’action de Dieu dans notre vie concrète, combien il nous rejoint dans nos réussites, dans nos échecs, dans nos avancées, dans nos reculs quelquefois, mais comment il est là.
A la fraction du pain qui nous parle bien sûr de l’Eucharistie, nous allons découvrir qu’il vient à notre rencontre car nous avons à apprendre à le rencontrer. C’est étonnant, parce que pour les disciples cela se fait à travers cet homme qui marche avec eux qu’ils n’ont pas reconnu.

C’est comme pour le patriarche Jacob qui, déprimé, lui aussi s’en va, pour échapper à son frère à qui il a volé la bénédiction du père, et qui fait ce rêve de « l’échelle de Jacob » qui monte au ciel, avec les anges qui montent et qui descendent. Il s’écrie :

« Le Seigneur était là, et je ne le savais pas. »

C’est impressionnant de voir que dès qu’ils reconnaissent Jésus, il disparaît à leurs yeux. Dans la vie chrétienne, Jésus est à l’intérieur de nous. Nous pouvons le découvrir à chaque instant présent, avec nous.

« Et moi je serai présent tous les jours, jusqu’à la fin du monde. »

C’est à nous à apprendre à le retrouver, à le reconnaître dans le prochain que nous rencontrons, dans la prière, dans la louange, dans la reconnaissance de ses œuvres, pour que chaque jour il nous relève et que nous puissions avec lui faire l’œuvre du Royaume de Dieu.

Seigneur, affermis-nous dans l’espérance de la résurrection, dans la foi en la résurrection, dans cette grâce que tu as fait au monde et que tu nous fais, pour que nous puissions en vivre, la pénétrer et laisser cette lumière du Seigneur, alors que les ténèbres ne l’ont pas accueillie, nous illuminer afin que la lumière puisse être donnée au monde.

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre des Actes des Apôtres 2,14.22b-33.
  • Psaume 16(15),1-2a.5.7-8.9-10.11.
  • Première lettre de saint Pierre Apôtre 1,17-21.
  • Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 24,13-35 :

Le même jour (c’est-à-dire le premier jour de la semaine), deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé.
Or, tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux.
Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître.
Jésus leur dit : « De quoi discutez-vous en marchant ? » Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes.
L’un des deux, nommé Cléophas, lui répondit : « Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem qui ignore les événements de ces jours-ci. »
Il leur dit : « Quels événements ? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, cet homme qui était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple : comment les grands prêtres et nos chefs l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié.
Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël. Mais avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé.
À vrai dire, des femmes de notre groupe nous ont remplis de stupeur. Quand, dès l’aurore, elles sont allées au tombeau, elles n’ont pas trouvé son corps ; elles sont venues nous dire qu’elles avaient même eu une vision : des anges, qui disaient qu’il est vivant.
Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. »
Il leur dit alors : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit !
Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? »
Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait.
Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin.
Mais ils s’efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux.
Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna.
Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards.
Ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? »
À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent :
« Le Seigneur est réellement ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. »
À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.