Homélie pour la fête de la Congrégation - Ottmarsheim

23 janvier 2015

Elle mettra au monde un fils auquel tu donnera le nom de Jésus, c’est à dire, « Le Seigneur sauve ». Car, c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés.

Homélie de la Fête patronale de la Congrégation - Dimanche 18 janvier 2015

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Texte de l’homélie

Mes bien chers Frères,

Au début de chaque année, le 1er janvier, en même temps que nous célébrons le mystère de la Vierge Marie, Mère de Dieu, nous prions d’une manière toute particulière pour la paix, la paix dans le monde, la paix dans nos familles et pour nos proches, la paix dans nos cœurs. Nous la demandons, cette paix, parce que nous savons que de nous-mêmes, nous ne pouvons obtenir qu’une paix fragile et précaire. Malgré nos efforts, malgré nos désirs, malgré toute notre bonne volonté, nous ne pouvons nous prémunir totalement de la haine, de la violence injuste, de la guerre. Le drame des saints innocents se perpétue aujourd’hui comme hier, partout dans le monde. Et partout dans le monde, comme à l’intérieur de nos propres frontières, certains s’arrogent le droit de tuer, de massacrer, de semer la haine et le désespoir. Ils le font par désir de dominer, par orgueil, ils le font au nom d’idéologies monstrueuses qui ont réussi à arracher de leur cœur le sens du bien, l’objectivité de la loi morale, les principes mêmes qui font de notre vie une existence humaine, digne de notre condition créée. Ils manifestent ainsi que leur cœur, leur conscience, sont malades, gravement déréglés, incapables de retrouver le chemin de la vérité qui sauve et qui libère.

Le cœur de l’homme est malade, il est blessé, et il est blessé à mort. Comme nous le rappelle saint Paul, la désobéissance d’Adam, à l’aube de la création de l’homme, a plongé toute l’humanité dans le péché et chaque fois que nous faisons le mal nous contribuons à rendre encore plus difficile le don de la paix véritable, c’est-à-dire de la réconciliation avec Dieu. De lui-même il ne peut se tourner vers le bien véritable. Il se dérobe à la paix que Dieu lui propose et au bonheur auquel il était destiné depuis son création. C’est parce que nous avons absolument besoin d’être sauvés, d’être arrachés à l’enfer de la haine, de la violence et de l’égoïsme, que Dieu nous a envoyés son propre Fils. Dieu nous aime, notre Père ne se résout pas à nous perdre. C’est ce qu’exprime le livre de la Sagesse. C’est par amour que Dieu nous a créés. Il veut que nous nous convertissions, que nous accueillions la sagesse qui vient de lui en son Fils Jésus-Christ, que nous vivions et que nous nous détournions du mal.

En envoyant son propre Fils, Dieu rend possible le salut, c’est-à-dire la purification de notre cœur, le don de la vie éternelle déjà commencée pour nous au jour du baptême, le pardon de nos péchés à condition de les confesser véritablement, de les regretter vraiment et de prendre les bonnes résolutions qui s’imposent. Ce salut brille d’une manière particulière dans le cœur des saints, et singulièrement dans le cœur immaculée de la Vierge Marie. Son cœur est notre refuge parce que nous y trouvons l’assurance de la miséricorde et l’école d’une vie authentiquement sainte. C’est un exemple pour nous tous, c’est aussi une école parce que Marie nous donne les moyens, elle nous aide puissamment à vivre toutes et chacune des exigences de notre baptême. Encore faut-il que nous nous mettions vraiment et authentiquement à son école. En accueillant dans la foi la parole de l’Ange Gabriel, elle s’est montrée la parfaite disciple du Seigneur. Elle a permis à Dieu d’accomplir son œuvre de salut. Par elle, l’oracle d’Isaïe rappelée à Joseph s’accomplit à la perfection : c’est en Jésus que Dieu nous sauve. Dieu avec nous, l’Emmanuel.

Le seul moyen de travailler efficacement à la paix dans le monde, c’est de nous convertir, c’est de trouver refuge dans le cœur immaculé de Marie, et c’est de lutter avec une tranquille assurance et l’audace des enfants contre toutes les forces du mal et du mensonge en nous et autour de nous. Chacun nous pouvons agir puisque c’est dans le cœur de chacun que la grâce du salut agit. Ne nous laissons pas gagner par le découragement. Nous avons en nous le St Esprit de Dieu, celui-là même qui a façonné le cœur de Marie et qui l’a rendu capable d’accueillir le Verbe de Dieu pour nous le communiquer. Il peut accomplir de grandes merveilles dans notre vie, comme le proclame le Magnificat. Une personne qui se laisse totalement guider par le Saint-Esprit, qui grandit dans l’amitié divine, qui cherche à accomplir au quotidien la volonté de Dieu, qui se met à l’école de Marie, de Joseph et des saints, qui médite la parole de Dieu, qui étudie l’enseignement de l’Église, la doctrine du salut, ce baptisé obtient la paix véritable et elle construit cette paix autour d’elle et partout dans le monde.

Le grand Bossuet écrivait : « Dieu se rit des prières qu’on lui fait pour détourner les malheurs publics quand on ne s’oppose pas à ce qui se fait pour les attirer. Que dis-je ? Quand on l’approuve et qu’on y souscrit ». Et c’est pourtant ainsi que nous agissons bien souvent. Nous constatons la violence dans le monde et nous oublions que cette violence, cette injustice ont pour origine la méchanceté du cœur de l’homme. Nous ne pouvons agir sur tous les cœurs, sur les pensées des hommes, nous ne pouvons les obliger à bien se comporter, les contraindre à se convertir, mais nous pouvons agir sur notre propre cœur. Au moment de la mort sur la croix du Seigneur Jésus, au moment où son cœur a été ouvert par la lance du soldat romain, au moment où ont jailli pour notre salut l’eau du baptême et le sang de l’eucharistie, il nous a confié sa Mère pour que nous apprenions d’elle à ne pas rendre vain son sacrifice, ce sacrifice qui est digne du Père et qui sauve le monde. Ce sacrifice a été offert pour nous pécheurs, pour notre salut, et il n’obtiendra dans nos vies son plein effet que si nous apprenons de Marie à vivre en chrétiens authentiques, et ce dès à présent. Il n’est plus temps d’attendre car nous devons mettre à profit le temps qui nous est imparti pour travailler à notre sanctification et à la conversion de ceux qui nous entourent. Que Marie soit notre étoile, notre guide, notre mère et notre conseillère : nous ferons alors l’expérience de la paix véritable qui nous établira au milieu des luttes et des souffrances dans l’éternité bienheureuse de Dieu.

Amen !


Références des lectures choisies :

Fête du Cœur immaculé de Marie, Refuge des pécheurs :

  • Livre de la Sagesse 11, 23 - 12, 2.
  • Psaume 1 Sam 2.
  • Première lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 5,12. 17 à 19.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 1, 18-25 :

Voici quelle fut l’origine de Jésus-Christ :
Marie, la mère de Jésus, avait été accordée en mariage à Joseph.
Or, avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit-Saint.
Joseph, son époux, qui était un homme juste, ne voulait pas la dénoncer publiquement. Il décida de la répudier en secret.
Il avait formé ce projet lorsque l’Ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie ton épouse. L’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit-Saint. Elle mettra au monde un fils auquel tu donnera le nom de Jésus, c’est à dire, « Le Seigneur sauve ».
Car, c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés.
Tout cela arriva pour que s’accomplit la parole du Seigneur prononcée par le prophète : « Voici que la vierge concevra et elle mettra au monde un fils auquel on donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu avec nous ».
Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’Ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse.