Homélie pour la fête de la Congrégation

15 janvier 2018

« Cœur immaculé de Marie, refuge des pécheurs, priez pour nous ! »

Écouter l’homélie

Texte de l’homélie :

Chers frères et sœurs,

C’est une belle fête que celle de notre Congrégation. Sa liturgie nous vient du Diocèse de Paris.

Marie est là, Celle qui nous reçoit tels que nous sommes. Nous n’avons pas à nous composer une personnalité, un personnage pour pouvoir faire de Marie notre maman, notre refuge.

Il faut donc rentrer en Marie avec tout ce que nous sommes, c’est cet aspect du mystère que nous aimons bien contempler. Mais cela est peut-être un peu partiel, c’est peut-être seulement un aspect du mystère.
Marie, cette bonne mère qui nous accueille et qui nous prend telle que nous sommes.

J’aimerais tempérer cette phase « Marie est notre refuge », par une autre phrase de notre fondateur qui dit :

La Vierge Marie est très bonne, mais elle ne nous passe rien.

Est-elle alors encore notre refuge ?
Justement Marie est notre refuge parce qu’elle ne nous passe rien. Dans un refuge, tout rentre, mais tout ne doit pas y rester.

Le cardinal Journet nous dit :

Nous sommes tout entier dans l’Église, à l’exception de notre péché.

En Marie, cela ne peut être différent.
Elle nous accueille tels que nous sommes, mais ne soyons pas comme prisonniers de cette image du refuge. Comme ce refuge de montagne, où l’on arrive avec ses bagages, on essaye de les caser comme on peut dans l’espace exigu, on cache ses chaussettes sales sous les lits, etc… En Marie nous faisons rentrer nos psychologies blessées, nos faiblesses, nos imperfections, notre péché, mais quel intérêt que tout cela nous suive ?

Oui, Marie est refuge, mais nullement dans la mesure où elle tolère, où elle laisse perdurer le mal en nous.
Marie est refuge justement dans la mesure où elle offre à notre regard sa propre pureté, sa propre beauté, sa propre perfection. Cette grande beauté d eMarie qui a ébloui Joseph. Souvent nous avons une mauvaise traduction : Joseph ne voulait pas dénoncer Marie publiquement, mais il ne voulait pas la révéler, comme un secret peut-être trop précieux. Le verbe est très précis, le texte de l’évangile ne nous oriente pas vers une vision négative de Joseph. Il y a certainement en Joseph un éblouissement devant Marie, il a comme perçu l’infinie pureté deMarie, son infinie beauté intérieure.

Marie nous fascine à cause de toutes ses qualités.
Les compliments que nous adressons à Marie, par exemple dans les litanies : « Vierge pure, Vierge très sainte, tour d’ivoire, etc… » sont adressés non pas comme à quelqu’un qui nous serait étranger, une espèce de déesse qui planerai au dessus de nous, lointaine. Mais ce sont des compliments adressés à une mère, et plus encore des compliments adressés à une soeur, à quelqu’un de notre race. C’est vrai, à une soeur miraculée qui a échappé au grand incendie du péché, à la grande déferlante du mal sur la terre.

Quel lien avec la fête d’aujourd’hui ?
Justement, Marie est notre refuge dans la mesure où elle nous offre sa propre beauté, mais cette propre beauté nous révèle la nôtre : « Ce que je suis, tu es appelé à l’être ».

Quand j’étais adolescent, j’étais allé à Manheim pour un séjour linguistique, et j’habitais dans la rue Claus Von Stauffenberg. Après la guerre et le drame du nazisme, il y a eu comme une hantise en Allemagne de célébrer la mémoire de ceux qui avaient résisté, qui n’avaient pas cédé, ils ont eu leur statut et leur rue, comme ce Claus Von Stauffenberg qui était un des auteurs de l’attentat contre Hitler. Ces hommes et ces femmes droits et courageux jusqu’au martyre, l’Allemagne d’après guerre avait besoin d’eux pour ne pas simplement s’identifier à tous ces fils égarés, à tous ces lâches aussi, à ces hommes et à ces femmes cruels. En rappelant la mémoire de ces héros résistants, elle rappelait que quelque chose d’elle était intact. Et ces héros, par leur fidélité, ont été d’une certaine manière comme une miséricorde, comme un refuge pour ce peuple qui s’est abîmé un temps dans une folie collective.

Avec Marie il y a quelque chose de cet ordre qui se passe. Quelque chose de notre humanité n’a pas été touché par la folie du mal, par le péché originel. Marie immaculée nous rappelle que quelque chose à l’intérieur de nous reste intègre.

C’est le sens de cette admirable première lecture que nous avons lue, qui révèle ce noyau d’inaltérable bonté en chacun :

Oui chaque créature est porteuse de ce souffle divin, oui toi Seigneur dont le souffle impérissable anime tous les êtres.

On sent que cette lecture est destinée à des hommes qui désespèrent d’eux-mêmes, il faut leur rappeler leur propre beauté, leur propre bonté.
Jean-Paul II dit, en évoquant le fils prodigue, dans son encyclique sur la miséricorde : « Bien que celui-ci ait dilapidé son héritage, son humanité est restée sauve, sa dignité a été préservée. »

Voilà ce que nous rappelle Marie en étant elle-même parfaitement immaculée, mais en nous rappelant aussi que le péché ne nous a pas totalement perverti. Marie nous rappelle ce que nous sommes, mais plus encore ce que nous sommes appelés à être. Et finalement lorsqu’on adresse tous ces compliments à Marie, ces belles litanies, nous les adressons à Marie comme cet être extraordinaire, et nous espérons l’être un jour aussi. Cette terre immaculée, cet être glorieux, cet être lumineux, nous sommes appelés à le devenir. Marie monte au ciel, nous aussi un jour nous serons appelés à monter au ciel, à retrouver notre cher ressuscité. Il y aura un combat, certes.

Souvenez-vous chers frères et soeurs que l’Assomption a été proclamée le 1er novembre, jour de la Toussaint, pour dire que Marie montée au ciel est notre destinée à tous. Cela nous libère de nous-mêmes. nous voyons en elle toute la fécondité du salut, tout ce que cela peut donner. Comme quelqu’un qui serait devant un instrument, certains ne savent pas y jouer, d’autres ont virtuoses et savent faire le faire sonner de manière admirable. Marie a fait sonner le piano de notre humanité de manière exemplaire et nous, nous sommes avec nos deux doigts en train de faire ce que l’on peut, mais un jour nous serons ces virtuoses aussi grâce à Dieu.

Marie nous rappelle encore quelque chose de plus profond.
Nous voyons que ce noyau d’inaltérable bonté reste en nous et peut être touché par la grâce et le salut jailli comme de notre coeur. Le salut n’est pas une chape qui nous tombe sur les épaules. c’est une des magnifiques intuitions de notre catholicisme, par rapport à nos frères protestants, le salut jailli du plus intime d en nous-mêmes, comme la source d’eau pure et saine jailli du coeur de la Mer morte pour la purifier en Israël, tel que nous le présente l’Apocalypse. Le salut est cet espèce de source pure de grâce qui nous habite et qui nous transforme au plus intime de nous-mêmes.
Il nous reste bien sûr à accueillir cette sainteté.

Voilà pourquoi Marie est notre refuge. Elle nous met devant ce dynamisme de la grâce, parfaitement accompli en elle, et en nous. Elle nous évite la désespérance en nous disant : "Voilà ce que tu es", "Voilà ce que tu es appelé à être.

Vous vous souvenez peut-être de ces paroles admirables de Syméon le Théologien que site le Saint père dans une autre de ces Encycliques :

Que faire de ces membres transfigurés par toi, où les poser ? que faire de tout mon être habité par ta grâce ?

Il est ébloui devant lui-même, comme nous sommes éblouis devant Marie, parce qu’il a saisi le mystère de cette action de la grâce en lui.

Notre défi est de ne pas cacher notre péché sous les placards et sous les lits de ce refuge, mais de les exposer à la grâce. C’est cela le grand combat, à chaque instant être en transparence devant Dieu, c’est cela le grand combat du Christ qui refuse avec tant de force le pharisianisme. Dans le pharisianisme on ferme les placards, on met tout ce qui ne sent pas très bon à l’intérieur et on présente quelque chose de correct.

Seigneur, ma grâce se déploiera dans ma faiblesse, ta grâce se déploiera dans ma faiblesse.

Lorsque je suis faible , c’est alors que je suis fort.

Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé.

Il n’y a pas d’autre chemin de salut et Marie nous rappelle cela, que de nous exposer à cette grâce qui change notre être jusqu’au plus intime, comme la levure change l’intime de la farine pour lui permettre de monter.

Voilà pourquoi il faut regarder Marie longuement, non d’un regard qui reste fasciné par une beauté inaccessible, mais par un regard captivé par la puisssance de la grâce en elle, par sa rponse si radicale, si généreuse, si renoncée.

Alors, oui, nouspourrons entrer dans ce refuge, nous pourrons fouler cette terre immaculée parce que la grâce sera venue peu à peu denotre péché, nous ayant rendu l’innocence de la première aurore. comme elle nous aussi nous erons devenus plus jeunes que le péché.

Amen !


Voici quelle fut l’origine de Jésus-Christ : Marie, la mère de Jésus, avait été accordée en mariage à Joseph.
Or, avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit-Saint. Joseph, son époux, qui était un homme juste, ne voulait pas la dénoncer publiquement. Il décida de la répudier en secret.
Il avait formé ce projet lorsque l’Ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit :
« Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie ton épouse. L’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit-Saint. Elle mettra au monde un fils auquel tu donnera le nom de Jésus, c’est à dire, " Le Seigneur sauve ". Car, c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés ».
Tout cela arriva pour que s’accomplit la parole du Seigneur prononcée par le prophète :
« Voici que la vierge concevra et elle mettra au monde un fils auquel on donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu avec nous ».

Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’Ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse