Homélies du Triduum Pascal

28 mars 2013

Les jours Saints sont riches en liturgie.
Nous vous proposons les homélies du Triduum Pascal réunies, pour ceux et celles qui veulent méditer à nouveau cette belle montée vers Pâques.
Triduum Pascal où le Christ nous donne tout, du soir de la Cène où Il donne son corps en nourriture pour nos âmes, au vendredi où il donne sa vie pour sauver la nôtre, et jusqu’au jour de Pâques où Il ressuscite d’entre les morts nous donnant la vie éternelle.

Écouter et télécharger le homélies :

Homélie de Jeudi Saint (Frère Raphaël) :

Ce soir, Dieu descend bien bas. Il Se livre entre nos mains - c’est l’Eucharistie - et se met à nos pieds - C’est le lavement des pieds. Alors, imaginez un instant qu’un non croyant ou que quelqu’un qui n’a jamais entendu ce passage d’évangile assiste à notre célébration, un dialogue honnête aurait donné ceci :
« — Mais que faites-vous là ?
— Je lave les pieds de quelques fidèles.
— Pourquoi ?
— Parce que j’obéis ainsi au commandement de mon Dieu que je suis sensé représenter et imiter.
— Dieu qui lave les pieds ? Mais c’est absurde !!
— Oui, tellement absurde qu’on ne l’inventerait pas.Il faut que ce soit Dieu lui-même qui le décide.
— Mais et moi là dedans ? à force d’imaginer que le Bon Dieu est très grand et très bon, et que moi je suis si si bas et si petit, je m’y perds un peu…
Et moi, là-dedans, si l’Évangile dit vrai, je vois que ce qui est grand doit maintenant être appelé petit, et que ce que nous appelons petit doit maintenant être appelé grand. »

Tout s’inverse ici, puisque Dieu se met à nos pieds. Celui dont tout dépend se met à dépendre de nous. Le plus fort devient le plus faible. Le maître devient le serviteur. Et pour tous ceux qui désormais voudront une place au soleil du Bon Dieu, il ne s’agira plus de dominer mais de servir. Oui, le très Haut descend ce soir au plus bas. Qui aurait pu l’imaginer ?

Trois pistes pour comprendre ce geste.
- Si Dieu, le Créateur et Seigneur, nous lave les pieds, c’est pour que nous ne croyons pas qu’il y ait des limites et des conditions à son Amour pour chacun d’entre nous. Et pourtant, nous sommes indignes de cet amour !! Mais là n’est pas la question : c’est moi qu’il aime, non ma dignité. Et moins je suis aimable, puis Il lui faut m’aimer. "Je suis venu pour les pécheurs, et non pas pour les justes." Alors n’attendons pas d’être parfaits pour aimer Dieu.
- C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez vous aussi comme j’ai fait pour vous. De même pour l’Eucharistie : "Faites ceci en mémoire de moi." Alors pourquoi aller à la messe ? Parce que Jésus le veut et m’y attend. Pourquoi servir son prochain ? Parce que Jésus le veut et m’y attend. Cela doit suffire comme motif. Il est très important de ne pas nous régler dans ce domaine sur nos envies ou nos impressions. Mais apprenons à nous régler sur la Parole de Dieu qui forcément sait mieux que nous où est notre bonheur.

Il semble difficile de reconnaitre Jésus au lavement des pieds comme à l’Eucharistie. Au lavement des pieds il quitte son vêtement symbole de sa royauté et prend un linge qu’il noue à sa ceinture. A l’eucharistie, il habille sa substance des pauvres habits du pain et du vin. Difficile de le reconnaître.

Mais à cela, nous répondrons dans quelques minutes : "Il est grand le mystère de la foi !". C’est la foi qui nous ouvre les yeux sur cette réalité de présence.

- Jean est le seul à ne pas rapporter de récit de l’Institution. Mais Jean développe le lavement des pieds en lieu et place de l’Eucharistie, pour nous signifier que les deux vont ensemble. Au Moyen-Age, pour manifester cette unité, on parlait du lavement des pieds comme d’un sacrement de la foi. Oui, Jésus nous promet sa présence autant dans l’Eucharistie "Ceci est mon corps" que dans le service fraternel "Ce que vous avez fait aux plus petits d’entre mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait."

Ce soir, devant le Saint Sacrement, laissons-nous aimer, laissons tomber nos résistances.
Et soyons persuadés que nous faisons beaucoup pour les autres, malades, souffrants, seuls, et beaucoup pour nous, au pied du Saint Sacrement, en ne faisant rien apparemment.