Père André Stœcklin, un pilier de la communauté

29 janvier 2018

Père André est une figure marquante de notre congrégation puisqu’il a été supérieur général pendant près de 30 ans (de février 1959 à décembre 1988).

Le 25e anniversaire de son retour à Dieu a été l’occasion de faire mémoire des années passées en présence de Père André. Pour en savoir plus, écoutez :

Voici les grands traits de sa biographie :

Père André 250 par 291

Aîné de 3 garçons, André Stœcklin est né le 29 février 1924 près de Mulhouse. Il a grandi donc dans une famille alsacienne. Son père, Henri Stœcklin, s’occupait de la gestion de la famille et travaillait comme contre maître dans l’industrie du bâtiment. Sa mère, Marie, ne parlait pas français en arrivant en Picardie. Lorsqu’elle l’attendait, elle avait fait une retraite dans une abbaye et avait particulièrement confié son enfant à la Sainte Vierge au moment du grand Salve Regina :
« Si c’est un garçon, je te le donne ».
Ainsi, le Seigneur a du entendre cette intention, car André a reçu assez tôt l’appel à se donner à Dieu. A l’âge de 12 ans, il a fait un essai au petit séminaire chez les frères du Sacré-Cœur de Saint Quentin à Viry-Châtillon en région parisienne. Étant sans doutes trop jeune, il a eu le mal du pays ; son père reveint alors le chercher.

Puis, avant la guerre, il a exercé la profession de ramoneur. Pendant la guerre, il est revenu dans sa famille et a été employé de bureau. C’est ainsi qu’en mai 1940, il rencontre Charles Emmenecker – proche du Père Lamy - qui était mobilisé dans la région de Dammarie. Ils se retrouvent à la prière du Mois de Marie et échangent au sujet du Père Lamy. Bouleversé à la lecture du livre Apôtre et Mystique, il rencontre de Comte Paul Bivert. Il décide alors – avec la grâce de Dieu – de rentrer dans la Congrégation, répondant ainsi au désir d’être prêtre qui ne l’avait pas quitté depuis son enfance. Il s’installe à Jouy-en-Josas avec les quelques frères formant les prémices de la communauté.

La fidélité à la parole donnée était quelque chose de très important pour lui. A cette époque, ils recherchaient un lieu. Il fallait un lieu correspondant à une abbaye cistercienne. En effet, au moment de la fondation de la Congrégation, ils ont été formés par les cisterciens qui avaient donné trois conditions pour accompagner la jeune communauté :

  • qu’ils soient au moins une douzaine,
  • qu’il y ait 2 prêtres parmi ces douze
  • qu’ils reprennent une ancienne abbaye cistercienne pour la faire revivre. C’est pour cela qu’au cours de ces années, certains des frères vont se former à Rome pour se préparer au sacerdoce.

Dans ces années-là, l’Abbaye d’Ouscamp le site le plus proche et en voie d’être cédée. Ils s’installent donc début septembre 1941. André vient en vélo avec une carriole depuis Jouy-en-Josas remplie avec les affaires de la communauté. Un deuxième aller-retour pour ramener une douzaine de poules dans la même carriole… Voici les débuts de la communauté à l’Abbaye d’Ourscamp ! Un début de vie religieuse se met en place, en attendant la fin des conflits.

Pendant les temps difficiles de la guerre, les parents de Père André avaient fait un vœu : si leurs trois garçons étaient sains et saufs à la fin des affrontements, ils offriraient la fin de leur vie à une œuvre mariale. C’est pourquoi ils ont terminé leur vie au sein de la Congrégation.

Une fois la guerre terminée, le temps du noviciat peut enfin commencer. En mai 1946, André part se former à l’Abbaye d’Hauterive en Suisse, avec 7 autres frères dont frère Michel. Ils y reçoivent une formation spécifiquement cistercienne. De retour en août 1947, ils s’adressent à l’évêque de Beauvais – Mgr Roeder – qui, après concertation avec les Cisterciens, reconnaît officiellement la Congrégation le 15 juillet 1948. C’est à cette occasion que Père André prononcera ses premiers vœux, dans la Grande Chapelle de l’Abbaye. En septembre, il reçoit la charge de maître des novices. Père Etienne, arrivé pendant leur séjour en Suisse, est notamment un de ses premiers novices. En octobre 1948, il reçoit les ordres mineurs, et il est ordonné prêtre le 16 avril 1949. En 1950, il attrape la tuberculose en visitant les malades de la cité. Il doit alors partir 2 ans dans un sanatorium, mais peut cependant prononcer ses vœux perpétuels au milieu de ce séjour. Il revient en avril 1952 au moment du décès du comte Bivert ; il reprend alors la charge de maître des novices.

En 1954, il commence organiser des récollections pour des religieuses à Compiègne, à Noyon – là où étaient les sœurs de Saint Thomas de Villeneuve – et ailleurs. A cette période, l’évêque demande une visite canonique, suite à laquelle Père André devient le prieur d’Ourscamp (en janvier 1958) puis est élu Supérieur Général de la Congrégation le 9 février 1959. Il le restera jusqu’en 1971. C’est un moment où la Congrégation comptait peu de membres et où il y avait beaucoup d’incertitudes concernant l’avenir, puis les vocations sont arrivées petit à petit, notamment avec l’arrivée de Père Bernard et de Père Guy. De toutes ses qualité, c’est sa persévérance qui apparaît le mieux au cours de ces années. La question de se rapprocher d’une autre congrégation revient souvent, et c’est Mgr Desmazières qui encourage Père André à conserver la grâce propre de la communauté. Une autre interrogation concerne la SCI qu’avait créée le Comte Bivert : la société civile des élevages d’Ourscamp, qui évoquait la possibilité de renvoyer la communauté de l’Abbaye. Ces années difficiles sont vécues dans la pauvreté.

C’est aussi la période du concile et on peut lui être reconnaissants d’avoir bien gardé le cap. La communauté ne compte plus que 5 frères ; Père Jean arrive en 1964. Plutôt que de se replier sur soi-même, Père André déploie son ministère de prédication de retraite sur la Bible, des enseignements sur le magistère de l’Église, étudiant en profondeur les textes du concile. Mgr Desmazières lui demande alors de prêcher des retraites pour les prêtres du diocèse, lui confie le secteur missionnaire de Noyon.

Il a également été très proche de l’Arche : nous avons des traces de la visite de Jean Vanier et de Père Thomas en 1964. Le vocabulaire change et se rapproche des personnes handicapées. On note une belle coopération avec Jean Vanier pour enseigner les premiers assistants de l’Arche, qui prêche à son tour des retraites.

En 1969, il fait connaissance avec les Focolari. Cette spiritualité de la communion l’a beaucoup marqué dans son ministère. Pendant plusieurs années, Père André fait partie du Comité Permanent des Religieux. Cela lui permet de rencontrer des supérieurs d’ordres religieux de grandes communautés, et participera à sa manière à un document officiel Mutuae relationes qui décrit les relations entre les religieux et les évêques, travaillant dans le sens de la communion et de la bonne intelligence.

En 1971, plusieurs éléments sont à relever : suite au concile et en collaboration avec Père Jean, Père André a rédigé une nouvelle règle, sous les conseils donnés par Rome. Cette année-là, il va introniser Marie dans la Communauté, pour la remettre vraiment sous le regarde de la Sainte Vierge ; ce sont les débuts du chapelet en communauté, en marchant dans le parc (auparavant, les frères disaient le chapelet seuls, ou entre novices). Le noviciat ne cesse de s’agrandir avec l’arrivée de Père Thierry, de Joël Leclerc, de Frère Gérard, de Père Stéphane… La fin d’année est marquée par l’arrivée de trois sœurs de Saint Thomas de Villeneuve, suite à la grande collaboration entre les deux Communautés : elles aideront à la lingerie, à la cuisines, ainsi qu’à l’hôtellerie, et resteront 10 ans. C’est une aide précieuse qui a été très appréciée. Père André a également accompagné d’autres communautés : les Petites Sœurs de Saint Aignan, la Communauté du Pain de Vie…

A la fin de son mandat, Maître Fricoteaux lui demande son soutien pour fonder Notre-Dame de France. En octobre 1988, Père André s’engage pour permettre l’érection de la statue au Nord de Paris. C’est le moment de réélire un nouveau Supérieur Général pour la Congrégation. Père André n’est pas réélu mais ne s’accroche pas au pouvoir : il se contente de demander ses permissions comme un simple frère, même après 30 ans de gouvernement, édifiant ainsi ses frères.

En septembre 1991, la fondation de la maison d’Alsace se décide à Ottmarsheim. Cette charge lui est confiée : c’est un nouveau défi et le voilà parti avec sa 4 ailes. C’est d’ailleurs une des dernières photos que nous ayons de lui. Mais sa santé se dégrade. Il est hospitalisé le 23 décembre et s’éteint le 27 janvier 1992 en communauté.