Le Salut et la vie éternelle

Toute notre vie est finalisée pour la vie éternelle.
Saint Pierre invitait déjà les premières communautés chrétiennes à être dans l’espérance.
Dieu est la vie éternelle et il nous la donne.
C’est par la mort de Jésus que nous est ouverte la vie éternelle.


Concernant le thème du Salut, l’imagination a peu de prises, peu de représentations. Lorsqu’on parle de la mort, l’imagination est défaillante. On ne peut que méditer avec les éléments que nous donne l’Eglise. Nous faisons confiance, nous avons la Foi (et ceci pourrait nous ramener à la question : qu’est ce que croire ?). Nous croyons parce-que Jésus est revenu de la mort.

Lors de l’époque moderne (XVIIè siècle), on croyait au Salut, mais c’était l’homme et non Dieu qui l’avait en charge. Puis sont venues les idéologies marxistes… Nous traversons l’époque de la post-modernité. Actuellement, il faut survivre et ne pas se poser la question du Salut : c’est un mot qui ne signifie rien pour beaucoup de nos contemporains. Or, cette manière de penser nous influence. Comme disait Saint-Augustin, l’homme appartient à deux cités : celle de Dieu et celle du diable. La frontière passe à l’intérieur de notre cœur.

Joseph Ratzinger, dans ses écrits adopte toujours la démarche suivante : partir de la culture du moment, et à la lumière de la tradition de l’Eglise, tenter d’éclairer l’homme d’aujourd’hui. Il note la confusion et les imprécisions qui existent sur le salut :

  • prie t’on avec ou pour le défunt ?
  • que lui souhaite t’on ?
  • doit-on affirmer qu’il est déjà dans la joie de Dieu et ne prier que pour les survivants ?
    Comme le disait Saint-François de Sales

    Avec tous ces gens qui me croient saint, je vais rester longtemps en purgatoire."

  • dire que le défunt est toujours présent, mais comment ?
  • quel message nous adresse le défunt ?

Lors des funérailles, il convient de :

  • rendre grâce pour ce que le défunt a fait de bien,
  • prier pour le repos de son âme,
  • avoir la parole juste, exacte et vrai.
    La célébration des funérailles est un moment d’intercessions et d’espérance.

La religion, actuellement, est comprise par beaucoup de personnes comme permettant de vivre au mieux les épreuves d’ici-bas : c’est ici et maintenant que la religion doit m’aider, le Christ est le bon médecin. Ce constat donne raison à Karl Marx : la religion est l’opium du peuple.
Si on parle de la religion en termes de préparation à la vie éternelle, cela n’intéresse pas, d’où le succès du New Age…
Le christianisme est vu comme une thérapie de l’âme. Cette dimension existe certes (pour les personnes dépressives, il est bon d’être aidé par un prêtre, mais il ne faut négliger non plus l’assistance médicale). Cependant, il ne faut pas mélanger les genres : il faut redécouvrir le SALUT.

Dans un premier temps, nous réfléchirons à ce qu’est le Salut chrétien et ensuite, nous aborderons le Salut et la Résurrection.

Le Salut chrétien

Abordons tout d’abord le mystère et le drame de la Rédemption.

Jésus signifie : Dieu Sauve.
Qu’y a-t-il derrière ces mots ? Le Salut est une notion tellement riche que l’on distingue, dans la Bible, environ 14 expressions avec des concepts différents :

  • sauveur,
  • médiateur,
  • rédempteur (signifie rachat, dette de notre Seigneur),
  • libérateur,
  • se livrer : ce que Jésus a fait pour moi,
  • justification (expression de Saint-Paul = sanctifier),
  • pardonner : rémission des péchés,
  • réconciliation,
  • adoption : être sauvé signifie être adopté par Dieu,
  • expiation (propriation) : pour le pardon des péchés,
  • sacrifice : pourquoi faut-il verser le sang ?
  • échange entre malédiction et bénédiction : on retrouve ceci surtout chez Saint-Paul.

3 expressions résument ce qui précède : « mort pour nous », « mort pour nos péchés », « mort pour vous ». Toutes ces expressions renvoient au Christ sauveur. Le mystère de la Croix, selon le catéchisme du concile de Trente, est le mystère le plus difficile à comprendre. Pourquoi l’homme a t’il besoin d’être sauvé ?

Il faut se rapporter aux premiers chapitres de la Genèse : ce point est celui qui a été le plus débattu entre les évêques lors de leur relecture du catéchisme catholique (point n° 404).

Ce texte donne la signification de l’histoire de l’homme. Il y a eu une rupture entre l’homme et Dieu, Adam représentant l’humanité toute entière. En ont résultées une blessure et une solidarité dans le Mal. Le mal fait par Adam à titre personnel entraîne toute l’humanité, d’où cette notion de solidarité dans le mal. Ce fut la victoire du diable : mettre dans le cœur de l’homme la méfiance à l’égard de Dieu. C’est le drame du péché : l’homme veut quelque chose de bon, mais il prend les mauvais moyens.
Et Dieu va utiliser cette solidarité là pour nous sauver. C’est cette notion de solidarité qui fait que Sainte Thérèse de Lisieux depuis son carmel s’est retrouvée être patronne des missions. Le contemplatif est au cœur du monde, tout en vivant retiré du monde car il offre sa prière et ses actes d’amour à Dieu : il accepte de donner plus pour ceux qui ne donnent pas assez.

La promesse du Salut intervient juste après le récit du péché dans la Genèse. Dieu, ensuite, va à partir d’un homme, Abraham, et d’un peuple, Israël, reprendre « en mains » le salut de l’homme. Il va ensuite intervenir par Moïse : le salut va être une libération (fin de l’esclavage du peuple d’Israël, don de la terre promise) et un engagement lors de la célébration de l’Alliance (et la demande de fidélité aux 10 commandements). Dieu a l’initiative du Salut, mais la réponse de l’homme est nécessaire.
Or Israël n’arrive pas à être fidèle à la loi du Seigneur : Israël a besoin d’une libération beaucoup plus profonde d’où l’annonce de la venue d’un Messie.

Concernant la notion de Christ Rédempteur (vient du latin « redimere » qui signifie « racheter »), elle prend racine dans l’ancien testament sous le terme de « Goël » : qui veut dire « plus proche parent qui va défendre le plus faible » (en termes plus actuels, le film « Le parrain » illustre bien cette idée du Goël). Dieu dit à Israël : ton Goël c’est moi, je suis celui qui va payer pour toi. Un sens plus large de l’expression est citée dans Isaïe, à savoir celui de médiation.

Il faut établir une médiation entre Dieu et l’homme ; il faut quelqu’un qui appartienne aux deux camps, d’où Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai Homme : c’est le mystère de l’Incarnation.
L’offense faite à Dieu ne peut être réparée que par Dieu, mais il faut que l’homme participe. On a l’impression que par le péché l’homme a contracté une dette infinie : c’est exact, mais Dieu veut sauver l’homme.
Il y a un désordre introduit par le péché de l’homme qui va être rétabli par le Christ. Il y a enfin un homme qui aime parfaitement Dieu et qui va rétablir l’équilibre. Dieu ainsi peut intervenir.
Dans cette notion de médiation, les 2 « parties » agissent : il y a la médiation descendante : Dieu vers l’homme et ascendante : l’homme vers Dieu.
Le Christ a une action médiatrice et conciliatrice : la libération négative est que l’on est libéré du pouvoir de Satan et de la mort, et la libération positive est que l’on entre dans la vie de Dieu, la vie trinitaire. Dans le Salut, la grâce de Dieu vient nous sauver (œuvre de sanctification) et nous fait entrer dans la vie de Dieu (œuvre de déification).

Quelle est l’action de Dieu, dans le salut réalisé par Dieu en Jésus-Christ (2è épitre aux corinthiens 5-19) et quelle réponse donne l’homme à Dieu en Jésus-Christ ?

Le Sacré-Cœur de Jésus est l’illustration parfaite de cette médiation : Jésus présente son cœur et dit : « voici ce cœur qui a parfaitement aimé Dieu, voici une humanité qui a parfaitement aimé Dieu ». Lors de la liturgie, Dieu rend son fils présent et il nous donne un cœur capable d’aimer Dieu.

En Jésus-Christ, Dieu aime l’homme à en mourir (médiation descendante).
En Jésus-Christ, l’homme aime Dieu à en mourir (médiation ascendante).
Dans la croix de Jésus, Dieu est parfaitement glorifié (le Démon est battu au calvaire).
Quelle est la conséquence de la souffrance ? Se fermer à Dieu. Or Jésus, sur la croix, a continué à aimer Dieu et ses frères les hommes. Jésus-Christ va au cœur du mal et le fait exploser. Voilà pourquoi nous sommes sauvés.
Comme le Christ est la tête de l’humanité, il nous prend tous avec lui : nous faisons un avec lui. Le désordre introduit par le péché est réparé. Le Christ par son obéissance rétablit l’ordre. Et le fruit de cette victoire est la Résurrection. On peut maintenant se poser la question de comment la foi en la Résurrection est apparue. C’est un long processus pédagogique où Dieu révèle peu à peu son mystère.

La Résurrection

Quelle idée a Israël de la mort ? Ce n’est pas un anéantissement absolu, mais une sorte de non-être (notion très présente dans le livre de Job, dans les psaumes). Il y a une démystification de la mort en Israël. Du temps de Jésus, la foi en la Résurrection est quasi-acceptée. La foi en la Résurrection est au centre du credo. Cette Résurrection aura des conséquences cosmiques : toute la création matérielle a subi les conséquences du premier péché. La Résurrection manifeste le caractère global du salut.

Il y a en nous un principe spirituel et immortel : l’âme. Une personne c’est une âme incarnée. A notre mort, il y a séparation de l’âme et du corps, mais on n’est plus une personne (une personne est un corps animé). Le corps connaîtra la Résurrection au dernier jour.
Que se passe t’il au moment de la séparation de l’âme et du corps ? Cette réalité est violente car il n’est pas naturel à l’âme d’être séparée du corps. L’agonie est un véritable combat. Il faut prier pour qu’au dernier moment, nous soyons capable de donner notre vie et ne pas être trop abrutis par les médicaments.
Au moment de la mort, nous comparaissons devant le tribunal de Dieu, c’est notre rédempteur, médiateur mais juge aussi : c’est l’étape intermédiaire du jugement particulier ; on prend en compte tout le bien fait, y compris à notre insu. Il y a trois issues : le paradis, le purgatoire et l’enfer.

  • Le paradis : on voit Dieu face à face dans un élan d’amour. C’est une réalité dynamique. Par exemple, lors de randonnée en montagne plus on monte, plus le paysage est beau. Nous serons semblables à Dieu car nous lui ferons face (St-Jean). On sera rayonnant de sa gloire et de sa beauté.
  • Le purgatoire : c’est l’école de l’amour et du repentir. C’est le temps de la communion des saints. Tout ce que les âmes n’ont pas voulu faire, on peut le faire pour elles ici-bas.
    L’absolution pénitentielle nous réconcilie avec Dieu, mais ne répare pas.
    L’indulgence plénière nous demande de renoncer à tout attachement au péché, même véniel et nous pouvons en faire bénéficier les âmes du purgatoire. La vocation catholique est d’être sauveur dans le Sauveur : on contribue ainsi au salut des autres.
  • L’enfer : être fixé dans le refus de Dieu, dans le désespoir. C’est une notion encore aujourd’hui mystérieuse.

L’Eglise peut se prononcer sur le salut de telle personne (=canonisation), mais pas sur sa damnation car jusqu’au dernier moment, Dieu fait entrer en ligne de compte les prières à l’intention de cette personne. Tant que l’on peut prier, on peut faire beaucoup. Il n’y a qu’un seul péché qui n’est pas pardonnable, c’est celui contre l’Esprit-Saint

Entre notre monde et tout ce monde invisible, c’est le Christ le plus court chemin. Le mois de novembre est le mois de l’espérance. Nous avons le devoir d’espérer pour tous. Il ne suffit pas de savoir, mais de mettre en pratique. Il convient de faire entrer la conversion dans notre vie. Il faut prier pour les agonisants, les âmes du purgatoire, les défunts : offrir nos contrariétés…
Dans notre situation personnelle actuelle, il y a un chemin pour nous : il faut avoir une attitude de foi dans son existence. Ce qui m’arrive, je le choisis par amour et ne le subis pas. Une manière de faire son purgatoire sur la terre est de vivre dans l’ABANDON.


Pour aller plus loin, lire l’article : La prière pour les morts.