Et à l’heure de notre mort

Il est difficile de parler de la mort dans notre société actuelle, car elle est soit cachée, soit donnée en spectacle dans les films.
La mort vient briser nos tentations de toute puissance, elle nous met face à nos limites.
Il y a deux façons d’envisager la mort : soit de l’extérieur, soit comme quelque chose qui nous concerne.


 Conférence à écouter sur le même thème : Comment vivre la mort ? par Père Pierre-Marie

L’ au-delà de la mort

Dieu nous l’a révélé, il a levé un coin du voile. Comme nous dit saint Paul :

« Si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est notre foi ».


On revient toujours à la résurrection de Jésus.

Dans l’Ancien Testament, la résurrection n’a pas été annoncée au départ, c’est petit à petit que Dieu forme son peuple. La résurrection est très liée à la personne de Jésus Christ :

« Je suis la résurrection, la vie ». Jean 11

La résurrection n’est pas une idée abstraite : c’est une rencontre avec Dieu dans la prière, dans l’oraison, la vie éternelle déjà commencée ici-bas dans l’union au Christ ressuscité.
Ce qui est dans notre foi, c’est la résurrection de la chair : cf. St Paul, 1er Épître Corinthiens, ch15 et Catéchisme de l’Église Catholique, n° 983 à 1060.

Qu’est ce que ressusciter ?
À la mort, le corps de l’homme tombe dans la corruption, séparé de l’âme. La résurrection c’est la réunion de l’âme et du corps.

Qui va ressusciter ?
Tous les hommes ; ceux qui ont fait le bien : pour la vie, ceux qui ont fait le mal : pour la mort.

Comment ?
Le Christ est ressuscité avec son propre corps, à la fois le même et à la fois différent : c’est un corps glorieux. Nous ressusciterons, nous aussi, avec un corps transfiguré, un corps spirituel (car c’est l’âme qui donne la forme au corps). C’est pourquoi le corps est important ; dans la liturgie des funérailles, on respecte et rend hommage au corps du défunt en l’honorant avec de l’encens. Le corps fait partie de notre personne, nous ne serons pas comme des anges. C’est aussi la raison pour laquelle l’Eglise n’est pas très favorable à l’incinération des corps des défunts, même si elle la permet maintenant ; la trace matérielle du mort est importante pour que les proches puissent effectuer le travail de deuil.

Après la mort

Dieu veut sauver tous les hommes .

Le jugement particulier

C’est le moment situé juste après la mort clinique où nous sommes en mesure de dire notre « oui » à Dieu, le moment où l’âme se détermine en face de Dieu, où s’effectue un premier jugement. Marthe Robin disait qu’il fallait prier particulièrement dès ces premiers instants, surtout pour ceux qui mouraient brutalement. L’âme du défunt peut aller en deux directions : le ciel ou l’enfer ou un état intermédiaire, le purgatoire.

Dieu propose son pardon : par les sacrements notamment. Même à ceux qui ne sont pas baptisés, Jésus, à la mort, propose son amour pour les sauver. Le seul péché qui n’est pas remis est celui que l’on ne veut pas reconnaître.

Le Ciel, les saints

Le ciel est moins un lieu spatial qu’un état de relation avec Dieu que l’on peut voir en une vision béatifique : cette vision comble notre cœur et notre intelligence ; voir Dieu, le connaître dans une communion d’amour. Sur terre, on peut déjà avoir un avant-goût de cette communion bienheureuse que nous goûterons en plénitude au Ciel. Les saints y intercèdent pour nous.

Le Purgatoire

Le purgatoire est comme « une couveuse » (d’après Père Jean) où nous achevons de mûrir à la vie divine afin de nous épanouir mieux. Dans le purgatoire, nous sommes en direction du ciel. Le purgatoire est le lieu d’unification du cœur qui doit se purifier ; c’est une sorte de « salle d’attente », de « sas » qui nous permet de pouvoir habituer nos yeux, trop éblouis, face à la lumière de Dieu.

Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu."

C’est le lieu où le cœur va se dilater afin de pouvoir accueillir tout l’amour que Dieu va lui donner.
Le purgatoire peut aussi se faire sur terre : « Tout ce que vous ferez de bien sur terre contribue à ce que votre cœur batte au même rythme que les cœurs de ceux qui sont au ciel ». Sainte Catherine de Gênes parle d’un purgatoire heureux. Il y a une vraie joie quand notre cœur se dilate et une vraie souffrance à cause de la rouille des péchés qui doit brûler. On peut prier pour les âmes du purgatoire et alors elles peuvent prier pour nous.

L’Enfer

Si Dieu est bon, alors pourquoi l’enfer ?
Dieu respecte notre liberté : si on ne veut pas, on n’entre pas au ciel. L’enfer, c’est la séparation éternelle d’avec Dieu et en même temps la preuve de l’amour de Dieu. Nous ne sommes pas des marionnettes, Dieu ne nous force pas, même si son désir est que toutes les âmes soient sauvées ; sa miséricorde est sans limites cependant son amour respecte profondément notre liberté, ne nous contraint pas. Jamais l’Eglise ne se prononcera sur les personnes pour dire si elles sont destinées ou non à l’enfer ; elle prie pour que personne ne se perde.
Il est fait mention de l’enfer soixante fois dans l’Evangile.

Le jugement dernier

C’est le moment où se réalisera le retour glorieux du Christ : « … Des cieux nouveaux, une terre nouvelle » Matthieu, 25.

Comment vivre ma mort et celle des autres ?

Nos limites

C’est difficile de voir que ce n’est pas nous qui décidons !! L’acharnement thérapeutique et l’euthanasie sont les fruits du même arbre : c’est moi qui ai la maîtrise des choses !
D’un côté, on essaie de prolonger la vie ( la mort est un échec ! ), de l’autre, on décide la mort : euthanasie.
Dans les deux cas, on ne reçoit pas la mort, on ne l’accueille pas.

Pour nous préparer, il nous faut accepter d’être limités, d’être des créatures. Nous ne pouvons pas tout prévoir, tout maîtriser : tout ne nous appartient pas. Satan avec Eve : « vous serez comme des dieux ! »
Il faut se remettre entre les mains de Dieu. Jeanne d’Arc disait :

Le chemin, on ne le comprendra que quand on sera arrivé au terme

Il y a deux manières de considérer la mort :
  • Le mode sapientiel

Il faut bien gérer son temps car les jours sont comptés. La mort est alors pédagogue, éducatrice : elle nous amène à revoir notre vie. Mais ce n’est pas spécifiquement chrétien .

  • Le mode mystagogique : la mort comme un mystère

C’est normal d’appréhender notre mort ! Devant la souffrance, on ne sait pas comment on va réagir, mais on peut s’y préparer. Jésus lui-même a frémi devant la mort.

La mort est comme une Pâque : ce n’est pas un mur, mais une porte qui ouvre sur un autre monde déjà en germe.
La liturgie, avec Vatican II, manifeste cet aspect de la pâque : « La vie n’est pas détruite mais transformée » ( Préface des défunts ).
C’est la fin du pèlerinage terrestre de l’homme : le but de notre vie. Chaque pèlerinage est un chemin vers Dieu.

Je ne meurs pas, j’entre dans la vie." Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus

Devant la mort, Elizabeth Kubler Ross définit 5 étapes psychologiques :

  1. Le déni : on refuse !
  2. La révolte : pourquoi ?
  3. Le marchandage : promesses à Dieu (2h d’oraison au lieu d’1h !)
  4. La tristesse : découragement (Jésus à Gethsémani) ; Il faut accepter de pleurer lorsqu’on prend conscience de la réalité de l’épreuve.
  5. L’acceptation : on prend la réalité comme elle est, en lui donnant une autre dimension, celle de l’Espérance.

La Communion des Saints

Les liens d’amour ne meurent pas : l’âme se sépare du corps, mais l’amour ne meurt pas.

Le Ciel, c’est la maison de famille en son étage supérieur et, du haut en bas, les appels se répondent." Père Timothy

C’est la communion entre ceux de la terre, du purgatoire, et du ciel. Le moment le plus fort , c’est la communion eucharistique : nous prions pour eux et eux prient pour nous.