« Qui s’abaisse sera élevé » Lc 18,9-14

Méditation du 21 mars - Bienheureuse Clémence o.s.b.

Impossible ! impossible de rentrer dans le Royaume des Cieux. Le Seigneur nous veut saints comme lui-même est saint… Mais voilà, dès que dans l’Évangile on trouve un individu qui réunit en gros les critères de sainteté, il est recalé ! Le jeune homme riche : il a appliqué tous les commandements et ce, dès sa jeunesse. Aujourd’hui, le Pharisien : il n’est ni voleur, ni injuste, ni adultère… Il jeûne deux fois par semaine… ce n’est vraiment pas si mal !

Qu’est qui leur manque alors ? La vraie vie chrétienne, ne s’écrit jamais en je, à la première personne du singulier… « tout cela je l’ai appliqué » dit le jeune homme riche, « Je ne suis pas comme le reste des hommes… » dit le Pharisien.


La vie chrétienne s’écrit en nous. Je reconnais que je ne me suffis pas pour vivre en juste devant Dieu. Notre vie doit être tissée avec ces deux fils : la grâce de Dieu, et notre initiative personnelle…
Saint Paul nous le dit :

« Ce que je suis, je le suis par la grâce de Dieu, et sa grâce en moi, n’a pas été stérile. Je me suis donné de la peine… ; à vrai dire, ce n’est pas moi, c’est la grâce de Dieu avec moi. »

Et les Apôtres dans les Actes : « l’Esprit et nous-mêmes avons décidé… »

Homélie du samedi 21 mars 2020 - 3e semaine de Carême Année A - Père Maximilien-Marie

C’est cela qui fait la vraie grandeur. Quand Jésus dit : « qui s’abaisse sera élevé », cela ne veut pas dire qu’on va monter sur le podium parce qu’on se serait trainé dans la boue. Non, s’abaisser, c’est permettre cette intromission de la grâce au plus intime de nous-même, comme un diamant qui brille au cœur de sa gangue de charbon. Jusque dans nos faiblesses. Alors qu’est-ce que cela implique ? une familiarité paisible avec ses limites.
« Si je suis limité, c’est pour que tu me complètes, si je suis pécheur, c’est pour que tu me sauves et qu’avec toi je ne le sois plus. »

Parabole : Un don qui a si longtemps attendu

Devant la crèche, défilent les bergers, remettant un à un leur agneau, leur fromage, leur flûte, en joyeux hommage à l’enfant Dieu.
Dans la file qu’ils forment, une vieille femme. Courbée, ridée, d’une autre génération, d’un autre monde peut-être… et voilà que vient son tour de présenter à l’Emmanuel le présent qu’elle a préparé. Un instant, elle reste interdite, puis elle cherche, dans les plis de sa robe, dans ses poches. Jésus lui sourit, elle poursuit sa recherche, va prendre dans son corsage, enfoui bien loin en elle, un objet qu’enfin elle parvient à saisir.
Elle le sort avec gravité, avec un immense soupir et des larmes, elle se courbe, le place auprès du berceau, Puis elle se redresse, mais nul ne le voit encore, son dos masque la scène.
Quand elle se retire, apparaît, déposé auprès de l’enfant Dieu, ce fruit mangé.
Eve enfin avait donné à Dieu son propre péché.


Références des lectures du jour :

  • Livre d’Osée 6,1-6.
  • Psaume 51(50),3-4.18-19.20-21ab.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 18,9-14 :

En ce temps-là, à l’adresse de certains qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient les autres, Jésus dit la parabole que voici :
« Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, et l’autre, publicain (c’est-à-dire un collecteur d’impôts).
Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même : ‘Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.’
Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : ‘Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !’
Je vous le déclare : quand ce dernier redescendit dans sa maison, c’est lui qui était devenu un homme juste, plutôt que l’autre. Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. »