Cultiver ses talents

Conférence donnée aux jeunes pros (18-35 ans)

Dans notre société, cultiver ses talents a une grande importance en particulier chez les jeunes professionnels. Cependant, ce n’est pas simple dans un monde où tout est sans cesse évalué, critiqué et mesuré. Comment s’accomplir et se réaliser dans un élan naturel de vie alors qu’il y a cette image du résultat attendu sans cesse en miroir ?

La question des talents est développée par le Christ dans son enseignement. La Foi chrétienne a donc un message à apporter sur ce sujet. C’est ce que Père Pierre-Marie propose de mettre en lumière dans cette conférence.

Père Pierre-Marie

Résumé de la conférence

Qu’est-ce qu’un charisme ?

Revenons tout d’abord à la notion de talent (ou charisme) : en Grec, Karisma signifie « don ». Cela implique donc que quelqu’un aie donné quelque chose et entraîne donc une dimension transcendantale.
Ainsi, une personne qui n’a pas la Foi et qui est dans une dimension non transcendantale utilisera plus facilement la notion de talent pour décrire quelqu’un de charismatique comme nous l’employons habituellement. Le talent suggère une dimension plus horizontale, humaine et psychologique.

Il est bon de s’interroger sur son propre charisme. Chaque vie étant une vocation, elle implique une mission et il est certain que chacun de nous en a au moins un pour répondre à cet appel.

Quel est le don que vous avez reçu et par lequel vous allez porter du fruit, transmettre l’amour que vous avez reçu ?

Une autre façon de détecter un charisme : il nous permet de faire facilement ce que les autres font difficilement. Par exemple : il y a les capacités d’organisation, celles de mettre les personnes en contact, d’autres pour gérer un groupe, pour relever des défis ou prendre des décisions…

Ainsi, les charismes qui nous sont donnés sont en concordance avec notre tempérament.

Quel est mon type de tempérament ?

Le tempérament vient à la fois de notre nature et des stratégies que nous avons développées au cours du début de notre vie. Il est important de connaître les différents types de tempérament qui existent.

  • le perfectionniste : il va rechercher à être aimé par son respect des règles et son niveau d’exigence personnel
  • l’altruiste (aidant, sauveur, indispensable). Il rend service pour être aimé
  • le battant : il se veut utile dans sa capacité d’organisation
  • l’émotif : il recherche la connexion avec l’autre par l’émotion et par l’art
  • l’observateur : il se met à l’écart pour mieux analyser les situations et les personnes
  • le légaliste : gardien de la loi, il est fiable et loyal.
  • l’épicurien : il sait apporter la détente dans une situation tendue par son attention aux autres
  • le meneur : il est sensible et doué d’intuition et défend les plus fragiles
  • le médiateur : doué d’une sérénité intérieure et il sait percevoir les besoins des autres.

Ainsi, il est utile de savoir se reconnaître dans tel ou tel tempérament pour savoir discerner nos charismes. Ils sont souvent nés d’une blessure que nous avons reçue et qui a été transformée en don, par la grâce de Dieu.

Quelles sont les blessures qui ont pu avoir un impact sur ma personnalité ?

On distingue couramment cinq blessures : le rejet, la trahison, l’humiliation, l’abandon et l’injustice.

Le temps du célibat peut-être utilisé pour faire la lumière sur ces éventuelles blessures qui, survenues dans l’enfance, ont pu avoir avoir une influence sur la formation de ma personnalité.
En simplifiant, on pourrait dire que ces événements peuvent conditionner les réactions présentes. Mais ce n’est pas parce que je suis blessé que je n’ai pas de charismes et que je ne peux pas construire une vie riche et stable.

Parvenir à recevoir mon humanité comme une grâce

Il faut commencer par prendre conscience de ces chemins habituels induits par notre histoire, si douloureuse soit-elle, puis travailler avec cette réalité pour affiner notre caractère. Avoir la Foi dans le Seigneur, c’est aussi voir ces événements comme une aide à notre croissance personnelle.

On ne peut pas échapper à effectuer ce travail sur soi-même, c’est une manière d’affirmer que l’on est maître à bord. C’est l’œuvre d’une vie, telle l’argile dans les mains du potier : nous sommes les premiers artisans de nous-même.

Comme un charisme doit être reconnu par les autres, il est parfois nécessaire de vérifier ce que l’on a remarqué auprès d’autres personnes et les encouragements que nous recevons en sont un signe. Nous pouvons nous aussi aider les autres à se sentir plus grands et plus beaux…

Imparfaits, nous sommes poussés au don de nous-mêmes

Un charisme n’est pas fait pour soi-même, il nous pousse au don de soi-mêmes.
Comment puis-je construire le Royaume, la communauté humaine, avec mon caractère tel qu’il est et sur lequel je travaille ?

Attention : ne pas discerner son charisme ne procède pas de l’humilité ! Il faut en prendre conscience et les faire fructifier, comme l’a fait la très Sainte Vierge Marie quand elle rend grâce dans le Magnificat. Il en va de la fécondité de nos vies.

Selon la grâce que Dieu nous a accordé, nous avons reçu des dons qui sont différents. Si c’est le don de prophétie, que ce soit proportion du message confié. Si c’est le don de servir, que l’on serve. Si l’on est fait pour enseigner, que l’on enseigne, pour réconforter, que l’on réconforte. Celui qui donne qu’il soit généreux, celui qui dirige qu’il soit empressé, celui qui pratique la miséricorde, qu’il ait le sourire (Rom 12)

Dans ce travail sur nous-mêmes, demandons aux anges de venir nous soutenir pour mener à bien cette réforme intérieure.