Homélie de la Pentecôte

21 mai 2018

« Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur.
Et vous aussi, vous allez rendre témoignage, car vous êtes avec moi depuis le commencement. »

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Texte de l’homélie :

Frères et sœurs bien-aimés, vous savez que durant la messe, il est un moment privilégié où on l’on invoque le Saint Esprit : c’est quand le prêtre étend les mains sur les offrandes, le pain et le vin – ce moment savant que l’on appelle épiclèse – et demande au Saint-Esprit de sanctifier ces offrandes.

Quel est le travail du Saint-Esprit ? c’est de faire de nous des saints, de sanctifier toute chose.
Le pape François a publié une exhortation apostolique sur la sainteté, pour inviter l’Église à méditer sur cet appel universel à la sainteté. Dans ce document, il est bien entendu question du Saint-Esprit, puisque la mission du Saint Esprit est de sanctifier.
Écartons donc toute fausse image de la sainteté que nous pouvons avoir : d’une sainteté inaccessible, d’une impeccabilité - et le Saint Père le rappelle très bien dans ce texte : la sainteté, c’est aussi – et surtout – de vivre ce quotidien avec Dieu.

Il rappelle aussi plusieurs choses intéressantes sur le rôle Saint-Esprit dans la sainteté, et qui peuvent nous servir en ce jour de Pentecôte, pour voir où nous en sommes à la suite du Christ, ce qu’il en est de notre réponse à cet appel. Il dit :

« L’Esprit-Saint nous fait contempler l’histoire sous l’angle de Jésus ressuscité. »

Être saint, c’est vivre du Saint-Esprit, et vivre du Saint-Esprit, c’est contempler l’histoire à la lumière de la résurrection. Cela signifie qu’il faut remettre tout sous le regarde de la victoire de l’amour.
Car, c’est précisément le sens de la Résurrection qui est le cœur de notre foi, que nous avons célébrée durant ce temps pascal : nous pensons, nous croyons que par l’offrande de Jésus la mort a été vaincue et que l’Amour garde tout dans sa main.

Et c’est là que nous avons besoin d’une vraie aide, c’est pour cela que nous avons invoqué le Saint-Esprit au début de cette célébration, car cela n’a rien de spontané de voir tout sous l’angle de la Résurrection, au contraire. Il nous semble que le mal progresse partout, et que les mauvaises nouvelles s’accumulent, que notre monde semble prêt à exploser de violence…
Le Saint Père appelait encore à la paix au Moyen-Orient, cette terre de Jésus si bouleversée.

Il nous faut donc une grâce particulière, et c’est la grâce qui nous vient du Saint-Esprit, pour voir les choses sous un autre angle, l’angle de la Résurrection. Quoique nous puissions voir, les mauvaises nouvelles et les tristes images qui s’affichent sur nos écrans : ce n’est pas ça qui a le dernier mot : c’est Jésus ressuscité qui a le dernier mot. Et être saint, c’est voir les choses avec ce regard-là, c’est demander au Seigneur Esprit-Saint, Dieu Esprit-Saint, qu’Il transforme notre regard, tout comme la conversion est la transformation du regard.

Dans ce document sur la sainteté, le Saint-Père ajoute une question : comment savoir si une chose vient du Saint-Esprit ? nous le savons bien, le démon agit dans notre vie. C’est pour cela qu’il faut discerner qui n’est pas seulement une bonne capacité de raisonner, au sens commun, mais la grâce du Saint-Esprit. Discerner dans notre vie quelle est l’œuvre de Dieu, c’est quelque chose que nous demandons. Plus qu’une liste de critères établis qui nous aideraient à discerner, c’est nous mettre à l’écoute du Saint-Esprit qui parle à notre esprit ? Et c’est la particularité du Saint-Esprit - en dehors du fait de sanctifier - c’est qu’Il nous parle à la manière dont nous pouvons recevoir.
Par exemple, avez-vous été amenés à réconforter des personnes dans l’épreuve ? pourquoi est-ce si difficile de consoler quelqu’un qui est dans une grande tristesse ? c’est tout simplement parce que nos parole restent extérieures. Avec notre bonne volonté, nous assénons peut-être des paroles un peu toutes faites. Seul le Saint-Esprit est consolateur. Pourquoi l’est-il ? c’est parce qu’Il est le seul a accéder à la manière dont nous avons besoin d’être consolé. Et l’autre, lui, n’en a aucune idée. Et c’est ce qui faisait dire à Job lorsqu’il était face à ses consolateurs, ces 3 personnes qui venaient lui remonter le moral : « Vous êtes des piètres consolateurs. » C’est vrai, nous sommes de piètres consolateurs, car seul le Saint-Esprit peut toucher le cœur et apaiser la tristesse et y mettre l’Espérance.

Ainsi, ce discernement est important. Et être saint c’est laisser cette vie intérieure grandir en nous, qu’elle puisse avancer, se dilater en nous. Quel est le service que l’on puisse rendre à nos contemporains si ce n’est les inviter à cette vie intérieure.
Et le plus grand ennemi de la vie intérieure est la modernité et tout ce qu’elle propose, et le Saint Père en parle plus loin : il y a un combat spirituel à mener contre la faiblesse, il faut lutter contre la puissance du confort, de l’égoïsme et de l’orgueil.

Vivre du Saint-Esprit nous demande de nous libérer d’un certain nombre de peurs. Mais, le Saint Père nous dit qu’il faut demander à l’Esprit-Saint de nous libérer, d’expulser cette peur qui nous porte à Lui interdire d’entrer dans certains domaines de nos vies.
Comment peut-on discerner si nous signifions au Saint-Esprit qu’Il n’a pas accès à tel ou tel domaine ? c’est un lieu même qui ne sera pas rendu saint. Et si nous lui refusons l’accès, c’est bien souvent par peur de perdre le contrôle, de perdre de l’autonomie, de la puissance…
Or, comme le Saint Père le rappelle dans sa méditation, c’est là même qu’agit le Saint-Esprit. Et le saint est celui qui, loin d‘être éloigné de lui-même, prend possession de lui-même. Et, à la manière de Dieu, se reçoit lui-même de la part du Seigneur.

Oui, on peut être libéré de ses peurs, et demander au Seigneur – comme nous l’avons fait dans la séquence, ce chant qui a précédé l’Evangile – que le Saint-Esprit vienne nous consoler, qu’Il corrige en nous ce qui a besoin d’être corrigé.

Il est intéressant de voir que la sainteté est un vrai travail intérieur, qui se fait en Dieu.
Ainsi, nous allons demander au Seigneur de façon particulière de rentrer dans cette démarche. Comme le dit le Pape François :

« Le saint éclaire les autres avec un esprit positif, rempli d’Espérance. »

Être Chrétien est joie dans l’Esprit-Saint. Voici un critère de discernement : comment sait-on que l’on est dans le sens du Saint-Esprit et dans le sens de la sainteté si ce n’est la joie ? la joie que nous tirons lorsque nous posons des actes ou lorsque nous ouvrons notre cœur au Seigneur. Et vous, laïcs, que faites-vous lorsqu’au cours de la messe, le prêtre étend les mains sur les offrandes, en priant l’épiclèse ? vous faites votre travail qui consiste en déposer vos vies sur la patène pour qu’avec les offrandes, vos vies soient sanctifiées.
Le prêtre, quand à lui, exerce son ministère en invoquant le Saint-Esprit : son ministère le sanctifie.
Ainsi, c’est une respiration entre l’assemblée qui dépose sa vie, qui est active spirituellement et offre sur la patène son travail, sa vie familiale, sa vie d’étude - là où vous êtes et où nous en sommes pas – et le prêtre qui remet tout à Dieu, et invoque le Saint-Esprit, par la grâce de son ordination, pour sanctifier les offrandes et vous sanctifier aussi.
Dans chaque eucharistie, il y a un progrès dans l’assemblée, si nous le vivons intérieurement.

Alors, nous allons demander cette grâce particulière au Seigneur. C’est ce que l’on dit pour terminer :

« Demandons à l’Esprit-Saint d’infuser en nous un intense désir d’être saint. »

Car, il s’agit bien de cela : a-t-on envie de vivre sous la motion de Dieu, de livrer un combat à ce qui s’oppose au Seigneur. C’est à ce moment-là que nous pouvons le redemander à Jésus, Lui qui nous a promis son Saint-Esprit et livré du haut de la Croix, lorsqu’Il remit l’Esprit – c’est la première Pentecôte – ainsi qu’au moment de la Pentecôte, là où s’est formé l’Église naissante.
Demandons au Christ que nous soyons les témoins d’un Dieu qui nous appelle des ténèbres à Son admirable lumière,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre des Actes des Apôtres 2,1-11.
  • Psaume 104(103),1-2a.24.35c.27-28.29bc.30.
  • Lettre de saint Paul Apôtre aux Galates 5,16-25.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 15,26-27.16,12-15 :

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples :
« Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur. Et vous aussi, vous allez rendre témoignage, car vous êtes avec moi depuis le commencement.
J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter.
Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître.
Lui me glorifiera, car il recevra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître.
Tout ce que possède le Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »