Homélie de la solennité de Sainte Marie Mère de Dieu

6 janvier 2017

Ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né.
Quand fut arrivé le huitième jour, l’enfant reçut le nom de Jésus.

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Texte de l’homélie :

En posant une question aux jeunes retraitants qui sont là avec nous depuis presque 5 jours, j’étais étonné qu’ils ne réagissent pas en voyant inscrit « Vigile de la Mère de Dieu » sur leur programme.
J’ai l’impression que si nous avions mis « Vigile de la mère du cosmos » il n’y aurait pas eu plus de réactions que cela …

Dieu aurait-il une mère ? C’est quand même étonnant, par définition Dieu n’a pas de mère, il est source de tout, principe de tout.

Pour répondre à cette angoisse qui vous habite chers retraitants, on peut répondre par l’exemple de notre propre vie : notre mère nous a donné un corps, mais l’âme spirituelle et immortelle est créée par Dieu, c’est Dieu qui la donne à chacun.
C’est pour cela que l’on parle de pro-création. Mais quand on présente notre mère, on ne dit pas « je vous présente la mère de mon corps ».

En ce qui concerne Jésus, la personne qui lui a donné son corps, qui soutint pour ainsi dire ce corps, c’est la personne du Verbe, on peut dire de ce point de vue-là qu’elle est mère de Dieu.

Au-delà de l’aspect théologique qui est important, je trouve cela beau que cette fête soit placée au tout début de l’année civile, comme pour mettre toute notre année sous le signe de la fécondité, parce qu’il s’agit bien de cela.

La maternité divine de Marie explique toutes les autres réalités spirituelles.
Toutes les grâces dont elle a bénéficié, que ce soit l’Immaculée-Conception, que ce soit l’Assomption, viennent de cette maternité divine de la Vierge Marie, elles sont ordonnées, ou la conséquence de cette maternité. Comme si le mystère de la fécondité était au cœur même de ce mystère de la Vierge Marie, comme aussi il est au cœur même de ce mystère de notre vie et de cette année, puisque nous commençons par célébrer Marie comme Mère de Dieu.

A travers les lectures d’aujourd’hui nous sont données quelques clés sur la fécondité, qui n’est pas simplement une fécondité charnelle, nous le savons, la fécondité ne s’arrête pas aux enfants, mais une fécondité spirituelle.

La fécondité spirituelle de Marie dans la vie intérieure

Nous avons un exemple avec la Vierge Marie:le fait d’avoir cette dimension intérieure.
Cela vous a été rappelé au cours de la retraite, de mettre Dieu au cœur même de nos vies, de mettre la dimension de la vie de prière de façon active dans nos vies.

« Marie retenait tous ces éléments et les méditait dans son cœur. »

Au fond cette dimension contemplative de nos vies, cette dimension de recueillement, Dieu agit par attraction et en Marie il agit par recueillement.
Beaucoup de la fécondité de nos vies passe par là : habiter son propre cœur, s’habiter intérieurement, être en contact avec ce courant de vie qui nous habite, reçu au baptême.
C’est de là que viendra la fécondité de nos vies. C’est quelque chose qui est toujours à remettre sur le métier, parce qu’on est vite distrait, vite dans l’activisme, parce que c’est aussi un des fruits du péché originel. Ce contact avec Dieu ne nous est pas connaturel, ni évident.
La vie de prière n’est pas évidente.
La difficulté dans la vie de prière c’est que nous ne sommes pas à l’origine de la rencontre, c’est une grâce, donc il y a une dimension « pascale » dans la vie de prière, une dimension d’offrande.

La rencontre est le fruit d’une gratuité, le fruit de Dieu lui-même. C’est cela qui nous coûte dans la vie de prière, nous ne sommes pas « à la manœuvre » pour ce cœur à cœur avec Dieu, c’est lui-même qui en prend l’initiative.
C’est intéressant de nous interroger sur la dimension de l’intériorité, que nous puissions mettre cette année sous le signe de l’intériorité.

La fécondité des bergers par la louange

L’attitude des bergers et intéressante par rapport à cette fécondité :

« Ils glorifiaient et louaient Dieu. »

Que la louange et la glorification de Dieu habitent notre cœur, c’est de cette manière-là aussi que nous allons pouvoir porter du fruit.
On porte du fruit parce qu’on reconnaît l’œuvre de Dieu en nous, comme Marie a reconnu l’œuvre de Dieu en elle, comme les bergers ont reconnu l’œuvre de Dieu dans la mère et l’enfant, puissions-nous nous aussi reconnaître l’œuvre de Dieu en nous et autour de nous. Cela contribue beaucoup à la fécondité et au rayonnement de nos vies.

Certes des choses ne vont pas et on le voit bien 2016 a été une année difficile pour tant de gens, avec des guerres, des attentats, on se demande quand cela s’arrêtera. On peut être tenté de désespérer, de se demander où est le Seigneur dans tout cela, où il agit, pourquoi son règne ne vient pas plus vite, pourquoi notre cœur est le cœur des hommes ne se tourne pas plus vite vers Lui et s’apaise.

Nous avons à faire un acte de foi. La louange de Dieu n’est pas spontanée, n’est pas évidente. Dans les circonstances particulières dans lesquelles nous sommes, nous sommes invités à ce service de la louange, de l’action de grâce, de remercier Dieu pour ce qu’il est lui-même, pour ce qu’il a accompli dans Marie, dans ce qu’il souhaite accomplir dans chacun de nous.
Que cela ne nous quitte pas. Luttons intérieurement face à cette négativité qui peut nous habiter, voire à ce désespoir par rapport à la nature humaine et aux circonstances de nos vies ou du monde, en disant que cela n’aura pas le dernier mot. Ce qui aura le dernier mot sur notre vie et sur toute l’histoire humaine, c’est cet amour miséricordieux du Seigneur, c’est pour cela qu’on veut d’abord louer le Seigneur.

La foi en la maternité divine de la Vierge Marie c’est quelque chose que l’on reçoit de l’Église et que nous faisons nôtre parce que nous sommes des hommes et des femmes de foi. Marie aussi a vécu dans la foi.
Un acte de foi demande toujours la fécondité, ce n’est pas une évidence, c’est une certitude parce que Dieu nous l’a dit et nous croyons que sa parole est sûre, mais cette louange de Dieu n’est pas facile tous les jours.

Demandons à la Vierge Marie, aux bergers, à ces pauvres qui étaient là, d’avoir cette attitude intérieure de recueillement - la nature en ce début d’année est recueillie à sa manière - et puis cette dimension d’action de grâce, de louange, pour être vraiment des témoins de Jésus et porter du fruit en abondance,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre des Nombres 6,22-27.
  • Psaume 67(66),2b.3.5abd.7.8b.
  • Lettre de saint Paul Apôtre aux Galates 4,4-7.
  • Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 2,16-21 :

En ce temps-là, les bergers se hâtèrent d’aller à Bethléem, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire.

Après avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant.
Et tous ceux qui entendirent s’étonnaient de ce que leur racontaient les bergers.

Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur.
Les bergers repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, selon ce qui leur avait été annoncé.

Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l’enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l’ange lui avait donné avant sa conception.