Homélie de la solennité du Christ Roi

25 novembre 2019

« Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume »

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Texte de l’homélie :

Nous sommes au terme. Vous le savez bien, c’est la fin, le terme qui donne le sens des choses. Si vous avez un outil, prenons l’exemple du couteau, on peut se demander ce que cela représente. Mais, quand on le voit couper, vous comprenez à quoi cet objet peut servir.
De même, cette fête du Christ Roi vient éclairer le sens de notre humanité, le sens du Royaume auquel Jésus nous invite. Et c’est comme une figure eschatologique dont on a un résumé dans la deuxième lecture : Le Christ qui attire tout à Lui. Mais comment fait-il ? Il y a une méprise

Nous imaginons, nous nous représentons le Christ comme un souverain de ce monde, avec une couronne sur la tête. Nous Le voyons et nous transposons quand il s’agit du juge devant les brebis, mais dans ce dimanche de l’année C, on nous le rappelle : « N’oubliez pas ! Il a toujours refusé d’être roi. » Et parce qu’Il a refusé d’être roi, et qu’Il n’a pas accédé au désir du peuple qui voulait en faire un chef qui allait mettre de l’ordre et du bien être après la multiplication des pains, les gens se sont retournés contre Lui, et c’est précisément pour cette raison qu’ils l’ont mis à mort.
Et Jésus S’est toujours défaussé.

L’évangile d’aujourd’hui nous explique ce qu’est être roi. Tout ce que vit Jésus, Il le vit pour nous et pour notre salut, pour nous entraîner, pour que nous profitions de Sa grâce. Et c’est tout le sens de la fête : nous sommes appelés à être rois.

Vous souvenez-vous, à cette même époque l’année dernière, Monseigneur Aupetit avait commencé son homélie à Notre-Dame en disant : « Majestés ! », au lieu de dire « Mes biens chers frères. »
C’est parce que, par le baptême, nous sommes appelés « Majestés », mais de cette royauté là.
Mais quelle est cette royauté là ?

On s’en moque aussi parfois, à l’image de Pilate qui a mis cet écriteau sur la Croix pour se moquer des Juifs : il s’était fait jouer mais il voulait avoir le dernier mot en se jouant d’eux à son tour…

Mais comment ? Si vous vous souvenez comment Jésus est entré dans Son ministère ? Il a été conduit par l’Esprit Saint au désert, et Il a affronté les trois tentations qui sont communes de notre humanité, transposées ici pour savoir comment Il allait être le Sauveur.

  • « Vas-tu être sauveur en multipliant les pains, en apportant le bien-être social ? » Et Jésus ne tombe pas dans ce piège.
  • « Vas-tu être messie en conquérant les villes ? », comme d’autres l’ont fait quelques siècles plus tard et sont tombés dans cette tentation ? Cette parole n’a pas de prise sur Jésus.
  • « Est-ce que tu vas céder au culte de la personnalité et te jeter du haut du Temple pour que les anges te servent ? » Jésus n’entre pas non plus dans ce jeu.

Et le texte de Saint Luc finit en disant :

« Satan se retira en attendant l’occasion favorable… »

Et nous voici ici d’une manière discrète mais évidente face à trois type de personnes, trois tentations encore à ce moment-là : *- Les chefs de prêtres : « Sauve-toi toi-même si tu dis que tu es le sauveur ! »

  • Les soldats
  • Le pécheur pour lequel Jésus offre Sa vie, mais qui reste dans sa colère.

Et Si Jésus est roi, c’est parce qu’Il a réussi à vaincre le mal, et à ne pas Se laisser emporter par lui, mais qu’Il reste dans cette attitude de Miséricorde, dans la mission que le Seigneur Lui a donnée en faisant entrer le Larron dans le Paradis – on l’appelle Bon parce que Jésus l’a rendu bon en le faisant entrer dans le Paradis, mais c’était un vrai brigand, un meurtrier. Mais Il le fait rentrer dans le Paradis car Il peut étendre jusqu’à lui Sa miséricorde, puisqu’il s’ouvre et qu’il répond à cette innocence de Jésus qui est patente, évidente, et qu’il voit : ses yeux sont capables de s’ouvrir.

C’est aussi l’allusion que nous donne la première lecture. Pour accueillir Jésus comme roi, il faut apprendre à le reconnaître. Ici, le peuple d’Israël qui était à la suite du Roi Saül – il avait été oint mais avait été déchu car il s’était montré cruel, injuste et déséquilibré entre colère, fureur et repentance. David avait du fuir et avait fondé un petit royaume à Hébron, dans la tribu de Judas et au bout d’un moment, le peuple reconnaît en lui celui qui a reçu l’onction.
C’est important car il avait aussi reçu l’onction au début de sa vie par le prophète Samuel. Ici, le peuple d’Israël la lui redonne.
Vous le savez, c’est l’onction qui fait le Christ, qui fait le Messie. De même, être Chrétien, c’est recevoir l’onction.

C’est donc ce travail que nous avons à faire pour reconnaître Jésus : c’est par le sang de Sa Croix, c’est par le sacrifice de Sa vie, c’est parce qu’Il va plus loin que le mal, et Il ne se laisse pas manger par lui. Voici Sa prière :

« Délivre-nous du mal ! »

Il a été libre du mal même si celui-ci s’est attaqué à Lui, Il est resté souverainement libre. Souvenez-vous des paroles de la prière eucharistique :– librement -

« La veille de Sa passion, alors qu’Il livre Sa vie… »

Il la livre librement. Nous sommes appelés à rentrer nous-même dans notre vie - dans ce qui fait notre quotidien, entre les joies et les peines de notre vie – sans nous laisser emporter par cette tentation, celle de tout dominer par nous-mêmes, de tout arranger et de tout mettre dans notre sécurités. Nous appelés à vivre de cette espérance, et de l’Eucharistie qui nous force et la grâce de Dieu qui nous oblige à vivre dans l’instant présent, dans la relation et la dépendance avec le Seigneur, et non pas dans toutes nos sécurités.
Ce n’est que si nous acceptons cette pauvreté que nous serons rois. C’est la seule soumission à laquelle nous devons consentir.
Nous sommes invités à laisser notre cœur être transformé à l’image du Sien.

Demandons la grâce de reconnaître en Jésus crucifié, aimant, et vainqueur. Les théologiens et les exégètes nous disent souvent à propos de la Passion, à commencer par Saint Jean, et on ne comprend pas toujours très bien :

« C’est sur la Croix que Jésus est dans la gloire, qu’Il triomphe, c’est là qu’Il est roi ! »

Demandons la grâce de comprendre en profondeur cette mécanique du Christianisme qu’est la Pâque : c’est en offrant Sa vie que le Christ est Roi.
C’est ce qui déclenche la résurrection, car c’est cette vie qui ne périt pas qui nous est donnée.

Amen !

Références des lectures du jour :

  • Deuxième livre de Samuel 5,1-3.
  • Psaume 122(121),1-2.3-4.5-6.
  • Lettre de saint Paul Apôtre aux Colossiens 1,12-20.
  • Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 23,35-43 :

En ce temps-là, on venait de crucifier Jésus, et le peuple restait là à observer.
Les chefs tournaient Jésus en dérision et disaient : « Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! »
Les soldats aussi se moquaient de lui ; s’approchant, ils lui présentaient de la boisson vinaigrée, en disant : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »
Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : « Celui-ci est le roi des Juifs. »

L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! »
Mais l’autre lui fit de vifs reproches : « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi !
Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. »
Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. »
Jésus lui déclara : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »