Homélie du 11e dimanche du Temps Ordinaire

21 juin 2012

« Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette le grain dans son champ : nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment.
D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi.
Et dès que le grain le permet, on y met la faucille, car c’est le temps de la moisson. »

Écouter l’homélie

Texte de l’homélie :

Frères et sœurs, bien-aimés, comme ces paroles sont réconfortantes !

A l’heure où nous doutons parfois de la Parole du Seigneur, ou nous doutons que la Foi chrétienne soit encore d’actualité – ne correspondait-elle pas à la culture pour un moment désormais passé – et qu’il faille passer à autre chose, le Seigneur nous dit : « Faites attention ! le Royaume de Dieu agit, que vous soyez éveillés ou que vous soyez endormis. »
Il agit. Le règne de Dieu est à l’œuvre, l’Esprit de Dieu est à l’œuvre. C’est ce que l’on appelle en théologie le primat de la grâce.
Il est important de se rappeler cela, alors que nos communautés sont fragiles, que les vocations sacerdotales et religieuses sont peu nombreuses. Nous sommes tentés de nous demander ce que fait le Seigneur, s’il va nous laisser sans personne, allons-nous nous étioler pour finalement disparaître ? Le Seigneur rappelle à travers cette parabole qu’Il agit.

Nous n’avons donc pas tant à faire des projets pastoraux, comme si nous installions le Royaume de Dieu au bout de notre travail. Non : l’Esprit-Saint travaille lui même. Qu’avons-nous donc à faire ? Le laisser travailler et en même le découvrir agissant dans notre monde, parce qu’Il agit !
Il agit dans le cœur de chrétiens, des baptisés, bien sûr, mais l’Esprit du Seigneur est à l’œuvre bien au-delà.

Vivre dans la confiance dès ici-bas

Dans la deuxième lecture, Saint Paul nous invite à avoir confiance plus que jamais. Nous voudrions habiter avec le Seigneur, mais nous sommes appelés à vivre ici-bas, ici et maintenant. Et dans cet ici et maintenant, reconnaître le Seigneur à l’ouvre.
Alors, demandons cette Foi. Cheminons dans la Foi, comme dit Saint Paul. Que serions-nous sans la Foi ? Si nous avions un regard humain, à mesurer les statistiques, on pourrait en effet se décourager. Mais Jésus nous dit aujourd’hui dans cette parabole :

« Prenez courage ! que vous soyez éveillés ou endormis, que vos propositions trouvent un écho ou pas, l’œuvre de Dieu ses réalise, et l’Esprit est à l’œuvre. »

Vivre selon la disproportion.

La deuxième parabole est très belle aussi : elle nous apprend une pédagogie particulière du règne de Dieu. Il s’agit de la disproportion : il n’y a pas de commune mesure entre ce que nous pouvons faire , réaliser, et ce qui se produit effectivement. De même qu’il n’y a pas de commune mesure entre cette graine de moutarde – qui est la plus petite de toutes les semences du potager, et ce grand arbre, dans lequel les oiseaux du ciel viennent s’abriter.

La grâce nous entraîne dans un au-delà, dans quelque chose de bien plus grand que ce que nous osons demander et rêver. Au fond, chaque sacrement est une pédagogie de la disproportion. Nous en prenons conscience en particulier au cours de l’Eucharistie : ce peu de pain et de vin transformés par la consécration rendent le Seigneur présent lui-même sur l’autel, comme Il est aussi dans le Royaume.
Lorsque l’on est amené à baptiser avec ces quelques gouttes d’eau, ces quelques paroles, c’est la présence du Saigneur dans ce cœur d’enfant, dans ce cœur d’adulte, c’est la présence de l’Esprit-Saint, c’est l’entrée dans cette Église… c’est énorme ! Vivre de la disproportion, c’est demander au Seigneur d’avoir une Foi qui nous permette d’aller bien au-delà du visible.
La Foi, c’est cela : reconnaître déjà dans le visible, la présence de l’invisible.

Vivre un cheminement dans la Foi

Oui, frères et sœurs, nous avons à cheminer dans la Foi. Nous avons à demander les uns pour les autres cette grâce de la Foi, bien au-delà de ce que nous pouvons voir avec nos yeux de chair, et de demander que le Seigneur nous aide dans ce cheminement. Parce qu’au fond, nous sommes fragiles : « Seigneur, je crois, mais viens au secours de mon manque de Foi. »
En effet, nous sommes fragiles dans notre Foi, parque nous sommes de plus en plus minoritaires et nous nous demandons si nous avons raison de croire ce que nous croyons, de faire ce que nous faisons…

Encourageons-nous dans le Seigneur, soutenons-nous. Croyons et soulignons l’œuvre de Dieu autour de nous et en nous. N’avons-nous pas parfois un regard trop négatif, nous soulignons ce qui ne va pas, nous voyons ce qui est défaillant, que ce soit dans nos communautés, en nous même ou autour de nous.
Oui, demandons un regard plein d’émerveillement, parce que l’œuvre de Dieu est là, et Son Esprit travaille à l’intérieur même de nous même.

Saint Paul nous donne l’unique condition pour cette œuvre de Dieu, ce Royaume se répande :

« Notre ambition, c’est de plaire au Seigneur ! »

Ce n’est pas une ambition à mesure humaine, ni une ambition matérielle, de carrière… notre ambition, c’est que le Royaume de Dieu puisse s’accomplir et que le Seigneur trouve en nos cœurs un délice, à la fois une terre pour répandre Sa Parole, et une terre qui pourra être un témoignage de son Royaume qui vient.

Demandons au Seigneur de façons particulière qu’Il vienne réveiller notre Foi. Demandons cela pour les jeunes (pour le MEJ qui anime cette célébration). L’Eucharistie est la grande pédagogie de l’Amour. Mettons-nous à son école pour découvrir la présence d’un Dieu qui nous appelle des ténèbres à son admirable lumière,

Amen.


Références des lectures du jour :

  • Livre d’Ézéchiel 17,22-24.
  • Psaume 92(91),2-3.13-14.15-16.
  • Deuxième lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 5,6-10.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 4,26-34 :

Parlant à la foule en paraboles, Jésus disait :
« Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette le grain dans son champ : nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment.
D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi. Et dès que le grain le permet, on y met la faucille, car c’est le temps de la moisson. »

Il disait encore : « À quoi pouvons-nous comparer le règne de Dieu ? Par quelle parabole allons-nous le représenter ?
Il est comme une graine de moutarde : quand on la sème en terre, elle est la plus petite de toutes les semences du monde. Mais quand on l’a semée, elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères ; et elle étend de longues branches, si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre. »

Par de nombreuses paraboles semblables, Jésus leur annonçait la Parole, dans la mesure où ils étaient capables de la comprendre. Il ne leur disait rien sans employer de paraboles, mais en particulier, il expliquait tout à ses disciples.